Don Camillo en Russie
1965
Luigi Comencini
Et voilà, malgré des tentatives de poursuivre l’aventure avec d’autres, voici le dernier volet des aventures d’un certain curé d’un petit village d’Italie où sévissaient d’horribles communistes aux idées dangereuses. Cinq films, cinq fois la même histoire avec à chaque fois les mêmes personnages, les mêmes querelles, le même village. Vraiment ? Eh bien pour la localité, si les épisodes 2 et 4 ont tenté de nous faire croire le temps d’une poignée de minutes que l’action se déroulerait ailleurs, pour ce dernier tour de piste la promesse de varier un peu était écrite dans le titre. Pour au final ressortir encore et toujours le même film avec à chaque fois moins d’inspiration…
Cette fois Peppone (Gino Cervi) et Don Camillo (Fernandel) l’ont bien compris : le bonheur est chez eux et pas ailleurs. Fini les ambitions carriéristes pour flatter l’ego, les voilà tous les deux revenus simples maires et curé de leur bon vieux village. Leur histoire aurait pu s’arrêter là, mais ce serait bien mal connaître leurs opinions politiques qui virent systématiquement au règlement de compte. Pour trancher définitivement la question du bien fondé du système communiste, rien de telle qu’une plongée dans la mère patrie, porte-étendard des valeurs de Peppone. Déguisé en anonyme, Don Camillo va donc l’accompagner en Russie.
Si la saga fait clairement l’éloge du communisme et que nos deux compères s’entendent comme larrons en foire quand la politique est écartée, il est dommage de constater que l’évolution psychologique des personnages est inexistante. Peppone restera du début à la fin un gros bourru ayant du mal à admettre son attachement religieux, tandis que Don Camillo continuera inlassablement de mettre des bâtons dans les roues de son soi-disant « ami » par opposition politique, alors que foncièrement leurs valeurs sont identiques, tout juste peut-il lui reprocher un manque d’assiduité à la messe. Ce dernier film, en dehors de sa dernière scène qui tient plus du gag que de la réelle évolution, ne fera rien avancer, se contentant de confronter encore une fois nos protagonistes à leurs contradictions. Le changement de décor apporte un léger plus avec l’illusion de nouveaux enjeux, mais rares sont les moments intéressants et le rythme est bien trop passif. Le film joue sur les clichés russes entre l’espionnage omniprésent, l’alcool qui tabasse, les femmes superbes et l’apparente liberté quasi dictatoriale, et le résultat oscille entre un léger sourire et une gène totale. C’est bien simple, les seuls bons moments sont ceux au début, avant le grand voyage, notamment le coup de la bouffe, mais ça reste une bien faible éclaircie au milieu d’une grisaille ennuyeuse. Malgré des personnages attachants campés des acteurs d’une rare justesse dégageant une sympathie totale, le concept tourne en rond depuis le début, plongeant le spectateur dans une lassitude grandissante à chaque volet.