Mon Inconnue


Mon Inconnue
2019
Hugo Gélin

Il y a les bons et les mauvais remakes. On parle souvent des films français adaptés aux Etats-Unis, mais l’inverse est aussi vrai. Comme pour Camille Redouble, remake minable du très bon Peggy Sue s’est mariée, on va là aussi voyager dans une réalité alternative « et si ? », en reprenant le principe mais sans être complètement un remake de Family Man, mais pour cette fois proposer quelque chose de plus abouti, et pas une simple repompée plan pour plan. Je ne dirais jamais assez de mal de Camille Redouble, remake le plus fainéant et honteux qu’il m’ait été donné de voir, et c’est d’autant plus agréable de voir un film réussir avec panache dans le périlleux exercice du remake.

Raphaël (François Civil) et Olivia (Joséphine Japy) ont eu le coup de foudre au lycée, puis sont restés ensemble dix ans durant. Elle était promise à une belle carrière de pianiste, lui rêvait de percer comme écrivain, et en une décennie les choses se sont inversées : Olivia a vu sa carrière décliner, n’étant plus qu’une simple professeur de piano vivant surtout sur l’immense succès de son mari, dont le dernier roman est un carton phénoménal. Il enchaîne les plateaux, les interviews et rendez-vous mondains, et elle reste à la maison à l’attendre, sombrant en dépression. Un soir le couple va se déchirer entre jalousie et manque d’attention, au point de remettre en question leur amour. Le lendemain au réveil, Raphaël va basculer dans une réalité alternative où il n’a jamais fini son roman, étant simple professeur comme son ami Félix (Benjamin Lavernhe), mais où surtout il n’a jamais rencontré Olivia, désormais célèbre pianiste.

Pour 90% du scénario, on a là vraiment un remake de Family Man : un homme ayant fait fortune bascule dans une réalité où il n’a jamais percé, mais pour mieux y apprendre les priorités de la vie, comprendre l’importance de ce qu’il a perdu, mais surtout ce à côté de quoi il est passé, sauf que là il est fautif d’avoir laissé les choses se détériorer, et il sera plutôt question de raviver sa propre flamme que de découvrir l’amour, déjà présent à la base. Et il faut bien dire que le film fait tout mieux que Family Man : les relations sont mieux développées, le personnage principal est beaucoup moins obnubilé par une richesse illusoire usante, la romance est plus belle, moins facile, et surtout le film ose. Le concept est plus maîtrisé et se permet d’aller plus loin. Drôle, touchant, émouvant, le film nous emporte. Une grande réussite, tout simplement.

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