Barbaque


Barbaque
2021
Fabrice Eboué

Après avoir démarré sur les chapeaux de roue, la carrière de réalisateur de Fabrice Eboué n’a fait que décliner, passant de 1,8 millions d’entées pour le très sympathique Case Départ (mon appréciation s’est un peu modérée depuis), à 1,2 millions pour le tout juste correct Crocodile du Botswanga, puis moitié moins pour Coexister que j’avais carrément oublié, et enfin un cuisant échec ici avec à peine plus de deux cent mille entrées. Et pourtant, c’est peut-être là son film le plus efficace et irrévérencieux.

Vieux couple amer, Vincent (Fabrice Eboué) et Sophie (Marina Foïs) tenaient jusqu’alors une petite boucherie de quartier, peinant à survivre. Pire encore, leur boutique s’est récemment faite saccager par des militants végans dénonçant la consommation de viande. Trop c’est trop, un beau jour Vincent va recroiser un des voyous végan et lui rouler dessus en voiture, cachant son cadavre en le découpant dans son magasin. Sans le savoir, confondant l’homme avec du porc, Sophie va en vendre aux clients, y trouvant là une viande extraordinaire. Et si c’était ça la solution à tous leurs problèmes ?

Si pour ce qui est du scénario on est sur du Sweeney Todd peu inspiré, l’originalité et la force du film se trouvent du côté de son humour. C’est bien simple, le film ne se refuse rien. On est tout de même dans une ère étouffante du politiquement si correct où le genre d’une personne, défini biologiquement par des chromosomes, devient sujet à débat, que plus rien n’est acté ou sacré, et là le film arrive avec ses sabots de douze tonnes et défonce tout sur son passage. Blagues homophobes, sexistes, sur la binarité, sur les végans, tout y passe avec une malice jouissive. Le débat sur la meilleure viande humaine, cherchant le profil de la victime parfaite, bien persillée (grasse), détendue (gentille) et pourquoi pas castrée (trans ou non binaire) et jeune comme un bouvillon (petit du bœuf), est – n’ayons pas peur des mots – d’anthologie. Alors oui, l’histoire est lente, le Vincent peine à embrasser la cause et recule en permanence (saleté de conscience…), et la fin manque de panache, mais dans l’ensemble le film est un pur moment de franche rigolade, donnant un grand coup de pied dans toutes les conneries de conventions modernes ou de lubie écolo qui se fait au détriment d’honnêtes travailleurs. Pas un grand film, mais une belle tranche de rire, de porc d’Iran bien sûr.

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