Épisode III
« They say we’re young and we don’t know
Won’t find out till we grow
Well I don’t babay that’s true
– Gnié ?
Cause you got me and baby I got you
Babe, I got you babe, I got you, babe.
Debout les campeurs …
– Arf !
et hauts les cœurs ! Oubliez pas vos bottes parce que ça caille aujourd’hui. On n’est pas à Miami.
– Rgnefouif eurf. (tentant maladroitement d’attraper mon téléphone)
On en est même très – Arrêter
Piouf, c’est dur ce matin… Qu’est-ce qui se passe ? Je me sens super lourd… Aller hop, je sors du lit.
Bam (tremblement)…
Oh la vache ! Mais qu’est-ce qui m’arrive ? On dirait que je pèse genre 150 kilos et pourtant j’ai le physique d’un homme de 70… C’est dingue comment ça me fait mal aux muscles. Mais d’un autre côté, à peine j’y pense que les flammes sortent alors que ça me demandait un gros effort hier encore. Soit… Qu’avons nous au programme ? Ah quand même ! Il est loin le soleil… Bah du coup je vais tenter d’aller à la fac par les airs. En voilà une belle occasion. Par contre, ça souffle. Faudra faire gaffe à ne pas trop dévier… Mais j’y pense, vu l’épaisseur des nuages je vais être trempé la dedans… Du coup le mieux serait de mettre mes vêtements dans un sac imperméable, de même que mes affaires, et de faire le vol nu. A moins que je ne mette une tenue imperméable par dessus la mienne ? Ouais, c’est déjà moins exhibitionniste et j’aurai plus chaud. Eh bien pendant que je pensais à tout ça j’ai eu le temps de me préparer. On dit donc kaouet et … Et non ! Ah ah, j’ai trouvé ! J’y vais torse nu avec le kaouet sur les jambes pour protéger le pantalon et je prend ma chemise dans mon sac puis j’y rangerai cet infâme truc noir apparenté à un blouson. Je tiens le bon bout !
Mesdames et messieurs, le vol Castelnau – Fac s’apprête à décoller. Ah moins que… Bah mince alors, mes ailes se déploient pas ! Quoique…
– Aaaahhhh ! Eeeuuucchhhhhh !!! (Super gros effort)
C’est alors qu’au lieu de flammes bleues opaques en forme d’ailes de dragon, se furent de réelles ailes qui sortirent de mon dos, m’épuisant énormément. Je n’avais d’ailleurs plus la force de conserver mon aura bleue… Drôle de sensation que d’être si puissant et si affaibli à la fois. Et c’est avec une douleur certaine que je battais des ailes, tentant d’arriver vers ce bloc nuageux qui recouvrait l’intégralité du ciel. On était très loin de mes habituelles pointes de vitesse. La gravité se faisait oppressante et rarement l’expression « faire un temps lourd » n’avait eu autant d’ampleur. Je n’arrivais d’ailleurs pas à prendre de l’altitude mais la luminosité n’étant pas au rendez-vous, de même que mon aura d’ordinaire éblouissante, me faire repérer n’était pas aussi facile. Encore, s’il n’y avait eu que ça… Mais il y avait le vent aussi !
Scrich (déchirement)
Une sueur froide se fit immédiatement sentir. Je n’avais pas encore tourné la tête que déjà je penchais sur la gauche. Mes yeux confirmèrent cette effroyable hypothèse : mon aile gauche s’est déchirée. Je me mit à perdre rapidement de l’altitude et plus je chutais plus mon aile partait en cendres… Le sol se rapproche, dans quelques secondes je percuterai violemment le bitume. Merde réagi ! Pense à des trucs joyeux ! Alina, Julien, Éloïse, Anaïs, les amis…
BRAM
Dans un vacarme terrible, mon corps se fracassai contre le sol, broyant tout le côté gauche de mon corps. Et dans un dernier souffle de vie, je prononçais mes derniers mots :
– Ci git Antoine Lepage…
The End (ou pas)
Pin pon Pin pon
– Qu’est-ce qu’on a là ?
– Un homme d’une vingtaine d’année, tentative de suicide en se jetant du haut.
– Du haut de quoi ?
– Bah c’est là le hic, y’a aucun immeubles ni rien à côté.
– Et pourquoi suicide ?
– Il a clairement fait une chute vu qu’il s’est brisé presque tout les os du côté gauche.
– Holà oui ! Je vois ses radios, tout y passe : fémur, tibia, péroné, hanches, côtes, radius, cubitus, humérus, clavicule et omoplate.
– Merci, je connais mon anatomie. Ah mais attendez, ses yeux bougent !
– Effectivement mais il est encore dans les vapes. Il ne faut surtout pas qu’il essaye de parler, ça pourrai causer des hémorragies. J’augmente sa morphine.
– C’est bizarre, c’est comme s’il en avais reçu récemment vu les doses. Mais bon, il ne devrait pas tarder à se r’endor…
Trois heures plus tard…
– Bonjours monsieur. Vous vous réveillez ?
– Et ta mère elle se réveille ! Euh… Excusez-moi…
– Je comprend votre réaction, après tout, un bras et une jambe plâtrés, une minerve et une armature pour votre cage thoracique, ça doit faire mal.
– Elles sont où mes affaires ?
– Hein ? Mais que…
– Répondez à ma question.
– Dans cette armoire.
– Bien. Quelqu’un y a touché ?
– Non, conformément au règlement toute personne hospitalisée ne sera fouillée que si son hospitalisation est d’ordre criminelle ou fait l’objet d’une enquête policière. Le procureur se verra remettre le dossier demain, vos affaires n’ont pas encore étaient saisies.
– Du coup, vous ignorez qui je suis et comment je me suis fait ça ?
– Oui mais je ne vois pas pourq…
– On est toujours le vendredi 4 novembre ?
– De 2011 oui. Il est 14h32 même.
– Mais c’est parfait ! Je ne suis pas encore recherché par quiconque, vous ignorez qui je suis et plus important, …
– Oh mon dieu ! Votre bras ! La… la… Flamme !
– Et c’est bleu. Cool non ?
Crack, crack. Contractant mes muscles, j’explosais mes différents plâtres et autre pseudo gadget médical. Puis d’un simple geste de la main, j’ôtais ma minerve puis mes trois perfusions. Trois ?
– Euh, c’est quoi ce sang ?
– Du O+, donneur universel comme on n’a pas eu le temps de tester le votre.
– Ouf, j’ai eu peur… Tenez, prenez ma morphine. Vu votre tête, ça ne pourra que vous faire du bien.
Je prit alors mon sac, me rhabilla, impressionnant au passage l’infirmière par ma très grande virilité, puis sauta par la fenêtre et…
BAM
Aie les graviers dans la face. Gauche, droite, devant, derrière. C’est bon, personne ne m’a repéré, ouf… Décollage loupé, tant pis. L’instant d’après j’avais déjà sorti tout l’appareillage et mes ailes habituelles étaient revenues. Mais d’un autre côté, je sentais encore dans ma chair mes autres ailes plus sombres, lourdes et puissantes. Bon, je me suis laissé dépasser par mon pouvoir, ça arrive. Mais il faudra être prudent à l’avenir, il ne s’agirait pas de devenir un phénomène de foire ou un monstre de laboratoire.
En plus en ce moment c’est comme si je perdais toute forme de motivation… La dépression plane t-elle au dessus de ma tête ? Un pseudo héros bien vite enterré. Je devrai probablement faire la réunion avec mes amis le plus vite possible ou ce genre d’accident va se multiplier. Même le plus grands des pouvoirs n’est que peu de choses face aux blessures les plus profondes…