Django Unchained

Django Unchained
2013
Quentin Tarantino

Chacun des films de Quentin Tarantino a toujours été un grand évènement, et voici son petit dernier en date. Qui ne se souvient pas de « et je veux mes scalpes » de son Inglourious Basterds ? Ici, il se lance dans un genre qui lui tenait à cœur, le « western spaghetti », dont il reprend les codes en s’inspirant de l’un d’eux, justement intitulé Django, datant de 1965.

L’histoire se déroule au XIX° siècle, en plein contexte de traite des noirs, alors appelés nègres. Django (Jamie Foxx) était l’un d’entre eux, du moins jusqu’à sa rencontre avec le docteur King Schultz (Christoph Waltz). Ancien dentiste allemand, il s’est reconverti en chasseur de prime américain, écumant les terres à la recherche de hors-la-loi à abattre pour en soutirer une prime. Et c’est là qu’intervient Django : étant à la recherche de trois hommes dont les visages ne sont pas connus, il a besoin de quelqu’un qui les connait. Ayant justement été esclave pour eux, Django accepte de le suivre pour l’aider, en échange de sa liberté, l’ayant reprise aux cadavres fumants de ses anciens propriétaires. Une mission qui permet aux deux hommes de se rapprocher, et former Django au métier de chasseur de prime. Commence alors pour eux leur vraie aventure : retrouver et sauver la femme de Django (Kerry Washington). Pour la récupérer, ils devront fricoter avec l’une des pires raclure du pays, Calvin Candie (Leonardo DiCaprio).

Alors que l’air du numérique bat son plein et que la surenchère d’effet spéciaux se propage, Tarantino fait marche arrière et nous propose un Western clinquant et tape à l’œil à l’ancienne. Le générique donne le ton : des lettres qui prennent la taille de l’écran, dans un style rouge pétant. Puis c’est la claque, l’arrivée du prodigue. La scène d’introduction des deux héros est tout simplement énorme, alliant l’ambiance pesante d’un duel de pistolet à de l’humour complètement décalé. Une fois n’est pas coutume, le sauveur des opprimés et gardien de la justice est un allemand. Et quel allemand ! Déjà oscarisé pour sa prestation dans le dernier film du réalisateur, Christoph Waltz livre encore une fois une prestation incroyable, éclipsant presque tout les autres. Il s’en retrouve encore nominé aux Oscars, et a déjà reçu un Golden Globes pour son rôle. Néanmoins, il ne faudrait pas oublier le jouissif Jamie Foxx, qui peine à croire qu’on puisse prendre la défense d’un noir, et jubile de ses privilèges uniques, et aussi Leonardo DiCaprio, un immense talent au service d’un diable qui se joue de l’esclavagisme et se délecte de son empire. Un trio mémorable œuvrant pour une histoire qui ne l’est pas moins. Couvrant tout de même 2h45, le film ne souffre d’aucun temps mort, et se révèle être d’une richesse rare et appréciable. Une réalisation léchée, des musiques dynamiques et sublimes, des dialogues intelligents et puissants : une très très grande aventure. Un chef d’œuvre incomparable, qui nous fait pourtant craindre le pire quand le moment fatidique de la fin se fait sentir, partant sur une fausse première piste terriblement mauvaise, avant de ricocher avec classe et force. Les Oscars ont là un challenger incontestable.

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