Insensibles

Insensibles
2012
Juan Carlos Medina

Le cinéma espagnol regorge de perles de tous genres, et nous livre occasionnellement des films uniques et pour le moins étranges. Certains présentaient ce film comme le nouveau messie, et leur enthousiasme peut se comprendre, mais le film sera très loin de faire l’unanimité.

Axé sur une maladie génétique rendant insensible à toute forme de douleur physique, le film retrace deux histoires à deux époques, toutes deux liées à cette maladie. La première prend place en 1931, alors qu’une étude médicale est lancée sur ce fléau rendant certains enfants incapables de vivre normalement sans se blesser grièvement. Une dizaine d’entre eux seront donc placés et enfermé dans un hôpital afin d’étudier et peut-être contrer les effets de cet handicap. L’autre histoire racontée en parallèle est contemporaine, et met en avant un insensible d’aujourd’hui, « rescapé » d’un accident de voiture. Si son bébé fut sauvé, sa femme en revanche décéda, et l’incident permit de détecter chez lui une tumeur lymphocyte. Enfant adopté, il enquête sur ses vrais parents, en quête de donneur de moelle osseuse pour survivre à son traitement.

Déroutant est sans doute l’adjectif qui lui convient le mieux. Dans sa première partie, le film nous entraîne dans son hôpital d’infortune où coexistent des enfants aussi énigmatiques que terrifiant. Les interludes du présent, supposées sans véritable lien autre que la maladie, sont particulièrement inintéressantes comparées aux évènements passés. Si ce phénomène génétique pouvait paraître être un mauvais sujet, le film dissipe instantanément nos doutes, prouvant le potentiel sombre et palpitant du cas. Un film assurément haletant et passionnant. Puis vient la seconde moitié. Certains y adhéreront totalement, mais c’est un tort. Basculant d’un coup dans la seconde guerre mondiale, le film prendra un virage de mouvais goût, n’assumant plus son caractère psychologique voir fantastique. Un contexte lourd qui nous embourbe maladroitement dans le rappel civique. Et c’est alors que le film vire carrément cinéma horrifique, tombant dans l’aliénation et le grand n’importe quoi. Les erreurs s’enchaînent alors, que ce soit des anachronismes (par rapport à la guerre) ou de pure logique (gros problèmes d’âges et autres notions de temps qui passe). Une certaine cohérence globale persiste, mais ce scénario délirant est loin d’être béton. On notera aussi un manque de consistance niveau acteurs, majoritairement limites. Heureusement, le film peut compter sur la force de son ambiance, appuyée par une réalisation magnifique et une image très stylisée et réussie. Une chose est sûre, on y restera pas insensible.

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