Gravity

Gravity
2013
Alfonso Cuarón

Projeté dans quelques festivals, le film avait suscité beaucoup d’engouement et avait notamment enthousiasmé James Cameron, déclarant que le film était le meilleur du genre, et qu’il n’avait jamais vu de pareilles images (donc meilleures, même pour lui, que Avatar). Et maintenant que le film est sorti, il devient un véritable phénomène et bat des records tant auprès des critiques (97% Rotentomatoes, 8.6 sur IMDb et élu meilleur film de l’année -voir plus encore – par la presse française) qu’au box office, où un résultat final avoisinant les 700 M$ serait possible. Et pourtant, deux astronautes en perdition dans l’espace, ça ne payait pas de mine à première vue.

Une panne a été détectée sur le satellite Hubble, et une équipe est chargée de la réparer. Accompagnée par Matthew Kowalski (George Clooney), le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock) travaillait dessus quand un syndrome de Kessler fut détecté. Ce phénomène d’accumulation des déchets spatiaux qui créé des nuages de débris était censé passer loin d’eux, mais sa collision avec un satellite russe redirigea la trajectoire sur eux. Les conséquences furent terribles : des dégâts irréparables sur la navette et un équipage décimé. Seuls ont survécu Ryan et Matthew, chacun livré à lui même dans cet immensité qu’on appelle l’espace. Pour regagner la Terre, leur seul espoir est d’atteindre la station internationale, mais rien n’indique qu’ils pourront réussir à manœuvrer la navette de secours, ni même si le nuage de débris n’a rien endommagé. Un autre problème risque de se poser : les réserves d’oxygène, d’autant plus rapidement consommées en cas de stress intense. Une survie qui s’annonce des plus incertaines…

Il est difficile d’appréhender directement le film. Les plans de la Terre n’ont rien de renversant, la 3D n’est pas révolutionnaire (juste de beaux effets de profondeurs renforçant les perspectives) et le tout fait un peu reportage dans l’espace avec des caméras IMAX d’embarquées. De même, le silence morbide de l’espace ne laisse que peu de place à la musique. Mais c’est en fait la somme de tout ça qui rend le film quasi indescriptible tant il tient du génie : on s’y croirait. Le film n’est pas un blockbuster classique qui cherche à nous éblouir, l’objectif est clairement de nous faire sentir le frisson d’une vie qui semble condamnée. D’un réalisme absolu, le film nous happe dans une ambiance d’une rare perfection qui donne le vertige par ses perspectives inédites qui frôlent la qualité d’un Star Trek Into Darkness. C’est dire le niveau hallucinant auquel on assiste. Le film porte donc admirablement son titre puisque la gravité va s’avérer être ici plus violente que la mort elle même, nous provoquant une angoisse réjouissante.

Salué par les scientifiques, il semblerait en effet que le film soit scientifiquement inattaquable : chaque détail est millimétré. Mais le film ne se réduit pas à son ambiance saisissante et à son irréprochable développement, l’histoire se paye même le luxe d’un rebondissement surprenant, et l’enchevêtrement d’incidents permet une continuité dynamique. Il faut aussi souligner le talent des acteurs, surtout Sandra Bullock dont la performance pourrait lui valoir un nouvel Oscar. Reste maintenant à savoir pour quels autres prix le film pourrait concourir (meilleur film, réalisateur, image, montage, son, effets spéciaux), mais une chose est sûre, le film aura une présence de choix aux prochaines cérémonies. Ce ne serait que justice, le film étant ni plus ni moins qu’une référence en matière de voyage spatial, sa retranscription atteignant un réalisme effrayant. Voir toute l’impuissance de l’homme face à aux lois de la gravitation est vraiment une expérience unique.

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