After Earth

After Earth
2013
M. Night Shyamalan

Dans cette année riche en SF, le nouveau film de M. Night Shyamalan avait de quoi enthousiasmer. Bon, ça fait un bail qu’il a pas fait un bon film, mais il y avait des raisons légitimes de se réjouir : du gros casting, du gros budget et un scénario à priori excellent puisque Nausicaä en a fait un chef d’œuvre. Mais le résultat en salles fut catastrophique : les retours furent mauvais (4,9 sur IMDb et un ridicule 11% sur Rottentomatoes) et le film fut un bide colossal aux US avec tout juste 60 M$ pour un budget de 130 M$ (heureusement, avec des résultats en Asie très bons – surtout en Chine – le total fut poussé à un correct 244 M$). L’incident est-il à la hauteur du Maître de l’air ?

Dans un futur lointain, la planète Terre a atteint un tel niveau de pollution que l’habiter est devenu impossible. Les Ranger de l’espace (si si) ont alors été créés pour évacuer les hommes vers une nouvelle planète plus viable : Nova Prime. Malheureusement, ils n’étaient pas les seuls sur cette planète et les aliens ont envoyé les Ursas (sorte de monstres à quatre bras attirés par les phéromones de la peur) pour tuer les humains. Une nouvelle menace d’extinction qui eu pour réponse Cypher Raige (Will Smith), un ranger dépourvu de peur et donc invisible pour ses ennemis : un phénomène appelé « l’effacement ». Une légende à laquelle il est dure de succéder. Pour Kitai (Jaden Smith), son fils, qu’importe les prouesses qu’il réalise, il restera toujours dans son ombre, et n’arrive même pas à devenir ranger à son tour. Malgré tout, Cypher emmena avec lui son fils pour une mission de terrain, mais le vaisseau n’a jamais atteint sa destination. Une augmentation de masse (???) changea la trajectoire d’un nuage de météorites sur eux, les obligeant à se poser en catastrophe sur une planète de danger maximum : la Terre. Seuls survivants confirmés : Cypher et son fils. Etant lourdement touché à la jambe, il ne peut que s’en remettre à son fils pour aller chercher la balise de détresse restée dans la partie arrière du vaisseau, détachée en plein vol et reposant à 100 km de là. La mission est quasi suicidaire vu les monstres mortels qui y sommeillent, d’autant qu’un Ursa s’est potentiellement échappé de leur soute, mais elle est leur seule chance de salut.

Expliquer un scénario c’est important, le rendre cohérent est primordial. Le film échoue dans les deux cas. Comment peut on avoir une technologie à la fois suffisamment avancée pour entreprendre des voyages à échelle planétaire et ne pas être capable de la dépolluer ? De plus, les conditions de la colonisation sont atrocement floues : on ne sait ni qui sont ces extraterrestres, ni si ils sont originaires de Nova Prime, et encore moins si ils y sont toujours. Et comment une planète mortellement polluée peut être redevenue une terre luxuriante où animaux et végétaux foisonnent ? Pourquoi diable est-elle désormais soumis à des baisses de température drastiques ? Comment est-ce possible que des points chauds existent avec des écarts avoisinant les 100°C ? Comment le père fait-il pour survivre sans respirateurs et avec une artère fémorale sectionnée ? Alors c’est sûr, pour les fans de SF bien travaillées et cohérentes, ce tel manque de finitions est quasi rédhibitoire, mais ça reste moins invraisemblable qu’un Oblivion. Au moins le côté écolo n’a pas été assumé – et ne nous assomme donc pas – et n’est que prétexte à une escapade en terrain hostile dans une version épique du rite initiatique. En effet, nombreuses sont les épreuves périlleuses qui attendent l’aspirant ranger dans ce tourbillon d’effets spéciaux. Certaines scènes sont excellentes comme la partie aérienne, mais globalement le film est loin d’être énorme graphiquement, les créatures n’étant pas très bien modélisées. D’ailleurs, en plus d’une scène d’entraînement à l’escalade, on notera que contrairement à la bande-annonce, le film n’a pas retenu une séquence – pourtant forte symboliquement et qui aurait été utile pour faire le passage vers l’effacement plus progressif – de disparition psychologique au sein d’un troupeau de ce qui semblait être une évolution des antilopes. Sans doute le parallèle avec la scène du Roi Lion en aura déterminé les choses ainsi. Le film n’est donc pas à proprement parlé mauvais, il est juste complètement bâclé du point de vu scientifique, et pas aussi perfectionné visuellement qu’on l’espérait. Mais de toute évidence, le réalisateur est définitivement mort et ses rares bons films semblent être le fruit du hasard.

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