Insaisissables

Insaisissables
2013
Louis Leterrier

Capable du meilleur comme du pire, le frenchy Louis Leterrier est un habitué des super-productions américaines, mais les spectacles de magie ne sont normalement pas des blockbusters, et afficher un budget de 75 M$ en pleine confrontation entre la seconde semaine de Fast & Furious 6 et la première de After Earth et bien d’autres, les analystes prédisaient un cuisant échec, d’autant qu’accueilli de façon mitigée par la presse. Et pourtant, le film a connu un excellent démarrage et s’est maintenu de façon spectaculaire, arrivant à un score inespéré de 352 M$ à l’international, avec notamment trois millions d’entrées en France, en faisant de lui le phénomène de l’été.

Aux Etats-Unis, quatre magiciens excellent dans leur domaine. Henley (Isla Fisher) détourne l’attention comme personne avec sa beauté étincelante. J. Daniel (Jesse Eisenberg) maîtrise quant à lui des tours de passe-passe impressionnants. Jack (Dave Franco) est pour sa part un pickpocket hors pair, dépouillant les gens avec une habileté remarquable. Et enfin Merritt (Woody Harrelson), un mentaliste de génie doté d’un véritable don pour l’hypnose. Tous opèrent à la sauvette, mais une invitation va les rassembler : « l’œil », organisation magique de renom qui tient de la légende. Pour obtenir leur entrée, ils vont devoir effectuer trois tours qui devront rester à jamais dans l’esprit des spectateurs.

Les premiers instants avec le film sont très rassurants : on y découvre plusieurs magiciens très bons, notamment Mister Facebook et le Mentaliste, l’un très charismatique et l’autre aux dons tellement bluffants qu’on les croirait divins. Les deux autres sont plus dispensable, mais on veut y croire. Puis vient le premier show, le cambriolage d’une banque française, l’occasion d’un caméo sympathique avec notre José Garcia national. C’est tellement gros et tapageur que ça ne peut qu’être de la magie surnaturelle, mais le film nous épatera en en démontrant la supercherie avec l’équipe chargée de les démasquer : Mélanie Laurent et Mark Ruffalo, épaulés aussi par le chasseur de faussaires de la télévision, incarné par Morgan Freeman. Puis c’est déjà l’heure de la seconde prestation avec Michael Caine, toujours sous le signe de l’argent – donc redondant -, et à l’ingéniosité moins poussée. Et à nouveau on s’enlise avec le dernier tour, ridicule de médiatisation pour un résultat médiocre. Heureusement, même si on s’y attendait à moitié, la pirouette final sauve la mise avec un twist maîtrisé et plutôt bien fait. Mais d’un autre côté, on a tendance à se dire « tout ça pour ça », et l’un des aspects du twist a du mal à passer tant c’est abusif et pas très crédible. On s’attendait même à encore plus gros, et la vérité sera en dessous de nos espérances. Bien sûr, le film est assez bon et le spectacle est réussi, notamment grâce à la puissance du casting, mais clairement la réputation du film est très surfaite. La réalisation est des plus mauvaises : les show des quatre cavaliers sont non seulement redondants, mais la surenchère d’effets de lumières et de mise en scène semble être un cache misère pour la facilité et la banalité des tours, dont la prestation sur scène est minime comparée à la préparation qu’elle nécessite. Et de manière générale, la magie n’est pas vraiment là (trois fois le même tour, ça lasse) et le scénario n’est pas au niveau, n’allant pas assez loin et ratant en grande partie sa fin, d’autant que le schéma du développement est très linéaire. Donc oui, le film est divertissant et a de très bonnes bases, mais la déception est de mise face au tapage qu’il a suscité. L’idée d’une suite a en plus de quoi laisser froid tant il n’y a pas grand chose à espérer, mais en tous cas il y a une marge de progression énorme quant au rapport avec la magie.

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