La Stratégie Ender

La Stratégie Ender
2013
Gavin Hood

Passé de main en main depuis plus d’une décennie, l’ambitieux projet d’adapter la saga SF de l’écrivain Orson Scott Card débarquait enfin sur nos écrans il y a quelques mois. Considéré comme un classique de la littérature de science-fiction, le film se devait d’être un événement, et sa campagne publicitaire fut effectivement à la hauteur en terme de diffusion, mais pas de qualité. Vendu comme une nouvelle franchise pour ados, le film n’a clairement pas trouvé son public : malgré de bonnes critiques, les résultats n’ont pas suivit. Seulement 125 M$ pour un budget conséquent de 110 M$, clairement pas de quoi financer la suite des aventures. Il faut dire que le film ne s’adresse pas tellement au jeune public, pointant du doigt un marketing de ciblage douteux.

Adapté du premier volume du cycle Ender, le film nous place dans un contexte de crise dans un futur assez éloigné. La Terre se remet tout juste de la pire guerre de son histoire. En quête d’une planète compatible pour une colonisation, une race extraterrestre supérieure s’était montrée hostile lors du premier contact et une guerre éclata entre les deux espèces, gagnée miraculeusement grâce au courage d’un homme : Mazer Rackham (Ben Kingsley). Depuis, la situation est critique et la menace d’une nouvelle attaque de grande envergure plane sur l’humanité. Pour prendre les devants, les meilleurs enfants à travers le monde ont été recrutés et formés pour éventuellement prendre un jour le commandement et mener la contre-offensive. En charge du recrutement de l’élite de l’élite, le colonel Graff (Harrison Ford) a jeté son dévolu sur Ender Wiggin (Asa Butterfield), recrue au fort potentiel qui pourrait bien être le fin stratège capable de défier et vaincre les extraterrestres.

Après avoir bien établi le contexte oppressant qu’est celui de cette menace intergalactique, le film nous plonge au cœur d’un entraînement de haut niveau à la structure très proche de l’armée. Il est loin de temps des internats conviviaux à la Harry Potter : ici on fait de l’intensif. Peu de suspens en ce qui concerne le devenir de Ender : le potentiel est là et tout sera fait pour le pousser au maximum. Bien interprété, ce personnage qui aurait pu avoir l’arrogance des enfants rois est finalement quelqu’un de très humble et amical malgré sa rage de vaincre et son besoin d’autorité. Le film ne perd pas de temps lui non plus : doté d’un rythme à toutes épreuves, il enchaîne les étapes de formation avec une efficacité et une netteté quasi incomparable. On y découvre plein de personnages atypiques et intéressant, que ce soit dans au sein des élèves (Moises Arias, Hailee Steinfeld) ou en dehors (Abigail Breslin). La dernière ligne droite sera en revanche un peu moins précise bien que tout aussi passionnante, et nous réservera même quelques pirouettes scénaristiques. Si de base l’histoire est déjà très prenante, on ne peut que féliciter son développement, imparable et logique. Un petit manque de surprises donc, mais ça reste tout de même très solide. Autre très grand point fort du film : son visuel. Doté d’effets spéciaux magnifiques, il peut aussi compter sur des plans renversants et une direction artistique soignée, nous bluffant presque au travers de son jeu vidéo. Une petite perle du genre donc, qui allie profondeur scénaristique, univers visuel réussi et personnages attachants. Dommage que cette belle aventure s’arrête si prématurément…

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