47 Ronin
2014
Carl Erik Rinsch
Reprenant la légende la plus populaire et importante du Japon, le film se voulait comme celui qui la ferait découvrir au monde entier, après des dizaines d’adaptations locales. Plus ambitieux film de samouraï de toute l’histoire, le projet a néanmoins connu un développement compliqué voir chaotique. Un début de tournage en japonais puis recommencé en anglais, une 3D qui s’est rajoutée en cours de route avec une post-prod horrible pour les premières scènes, un montage décevant pour au final retourner toute la seconde moitié du film. Bilan : deux ans pour finir le film, une sortie repoussée à deux reprises et un budget initial presque triplé pour atteindre 175 M$ à l’arrivée.
Reprenant la plus célèbre histoire japonaise de tous les temps, le film nous conte une version fantastique de l’épopée des 47 Ronin. L’histoire se déroula du temps du Japon féodal en 1701 alors qu’un grand maître Shogun ordonna la mise à mort d’un seigneur qui tenta de tuer un autre seigneur. Mort selon le rituel sacrifice du suicide samouraï, son honneur aura été sauf, mais pas celui de ses sbires, condamnés au pire sort possible : devenir des Ronin (des samouraï déchus promis à l’exil). Une situation d’autant plus insupportable que tout cela n’est qu’une odieuse machination, fruit d’une sorcière. Même si cela veut dire être condamné à mort, les 47 Ronin vont choisir la voie de la vengeance.
Les japonais sont des fous… Voici une histoire qui fait l’apologie du meurtre, de la vengeance, et surtout du suicide. La fin nous laisse sur le cul tant on a du mal à y croire. Et c’est là leur légende suprême ? Le pire, c’est que ce que le film a de mieux à proposer, à savoir les créatures fantastiques et Keanu Reeves, sont des inventions propres au film. Et même en l’état l’histoire ne vaut pas mieux qu’un Mulan. Au moins, les difficultés de tournage ne se ressentent pas du tout, sauf peut-être au niveau du budget. 175 M$ pour deux créatures fantastiques et quelques effets pyrotechniques, c’est malheureux, même si la réalisation est propre et les décors réalistes. Une addition d’autant plus salée que les recettes furent médiocres : 150 M$ dans le monde, notamment à cause d’un rejet massif au Japon, sans doute peu enclin à voir son histoire fétiche dénaturée par un côté fantastique, même si l’exclusivité nationale pour les acteurs (à l’exception de Keanu) aurait dû peser dans la balance. Il est vrai que le film n’est pas à la hauteur de l’événement : les combats ne sont pas si impressionnants, le caractère fantastique pas assez exploité, et le milieu connaît une période de flottement un peu longuette, sans parler de sa fin très discutable. Bon après, on ne se plante jamais vraiment avec Néo tâtant des démons avec son épée, mais la débauche de moyens ne paye pas tellement.