L’Homme de Rio

L’Homme de Rio
1964
Philippe de Broca

Alors que la coupe du monde de football est sur le point de commencer au Brésil, il est naturel de voir ce grand classique du cinéma populaire français rediffusé, lui qui avait totalisé il y a cinquante ans tout juste 4,8 millions de spectateurs. Mais bien sûr, le cinéma a beaucoup évolué en un demi siècle, et le spectateur d’aujourd’hui est bien plus critique quant à certains points devenus désuets. Et effectivement, le film souffre de grosses lacunes, certaines dues à l’âges, d’autres à un niveau de base déjà défectueux.

Tout le film repose sur une suite de malentendus et de coïncidences. Ami de feu son père, Agnès se devait de témoigner à la police sur la disparition d’un professeur resté proche d’elle ce jour là, mais partie déplacer sa voiture qui gênait, elle va elle aussi se retrouver prisonnière des griffes des probables mêmes ravisseurs. Heureusement, son petit copain Adrien (Jean-Paul Belmondo) rentrait tout juste d’une longue période de service – étant militaire de carrière -, et son entraînement lui permis de poursuivre les kidnappeurs jusqu’à l’aéroport et, sans arriver à les stopper, se faufila dans le même avion, direction Rio de Janeiro. Le début d’une longue traque qui le dépasse, dans un pays inconnu, mais qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour une belle demoiselle en détresse ?

Et nous voilà parti pour un sauvetage doublé d’une chasse à l’homme sans réel but ni enjeux autres que personnels, et les motivations de chacun resteront longtemps mystérieuses, pour finalement s’avérer insipides. On passe notre temps à attendre une quelconque révélation, mais tout ne sera que déception et futilité. Pire encore, le film entier gravite autour de la chance insolente du héros, tombant sans cesse à l’endroit exact où il trouvera son prochain indice de poids. Très vite lassant, d’autant que les ficelles sont énormes et que l’exagération atteint des propensions ahurissantes, comme la poursuite en avion aberrante suivie d’un sauvetage invraisemblable, aboutissant à un éternel « là au bon endroit au bon moment ». Un scénario fatiguant, facile et débile. La fibre aventureuse ne se fait que trop rarement sentir, la faute à des scènes d’action mal faites, plombées par des incrustations bancales. Les décors laissent la plupart du temps de marbre, sauf pour la dernière partie avec le temple, non sans faire écho à Assassin’s Creed IV et son unique bon passage, quoique sous-exploité. Alors bien sûr, on s’attendait presque à basculer dans une pirouette de science-fiction, mais il n’en sera rien, achevant un spectateur qui ne pourra compter que sur Bébel, la valeur sûre du film, quoique franchement arrogant. Un film qui n’a donc pas franchement vieilli à quelques effets d’accélération désuets près, mais qui est simplement mauvais de base, reposant sur une histoire fainéante qui nous perd peu à peu.

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