Edge Of Tomorrow

Edge Of Tomorrow
2014
Doug Liman

De loin le film que j’attendais le plus de toute l’année tant le synopsis semblait destiner le film aux stratosphères des chef-d’œuvre. Il est vrai que que c’est dans les meilleurs moules qu’on fait les meilleures plats, et le film étant à la fois de science-fiction et tiré d’un manga (All you need is to kill, de Ryousuke Takeuchi, auteur de l’excellent Death Note, qui puise ici son inspiration d’un roman d’un de ses compatriotes, Hiroshi Shakurazaka), le mélange pouvait nous amener très haut. En plus de choisir un titre hautement révélateur et pertinent, le film s’est donné les moyens de ses ambitions : un casting d’exception et un budget écrasant (178 M$, sans compter la campagne de mastodonte). En résulte tout simplement un maître incontestable du genre.

Comme le titre l’indique, l’aube ne se lèvera peut-être plus jamais pour l’humanité. À l’augure du XXII° siècle, la Terre fut frappée par une attaque massive, ciblée et imparable de la part d’une force extraterrestre inconnue. En quelques semaines l’Europe entière est tombée sous leur joug, et l’avenir semble bien sombre. À ce jour, une seule bataille fut gagnée, celle de Verdun, remportée grâce à une seule personne, véritable légende de guerre : Rita Vrataski (Emily Blunt). Dans un ultime espoir de repousser l’assaut ennemi, une dernière bataille sera menée, rassemblant tout ce qui reste d’armement au monde pour un débarquement sur les plages françaises. Lieutenant de l’armée n’ayant jamais combattu de sa vie, le major Bill Cage (Tom Cruise) va se retrouver enrôlé de force dans cette guerre finale, le général Brigham (Brendan Gleeson) ne supportant plus de voir ce lâche parader fièrement dans son uniforme à la télévision au lieu de prendre les armes. La boucherie était annoncée, mais le bilan fut pire que tout : les forces extraterrestres attendaient de pied ferme, et tous furent balayé par la contre-offensive. Tué au bout de quelques minutes, l’inexpérimenté Bill se réveilla pourtant la veille du combat, incrédule. Aspergé par le sang d’un alien Alpha, il obtint son pouvoir, la clef de toutes les victoires ennemies : chaque Alpha, grâce à un Oméga, peut revivre éternellement la même journée jusqu’à l’obtention de la victoire. Mais un homme seul peut-il faire la différence ?

Live, Die, Repeat (vie, meurt, recommence), telle est la tag-line du film. Quelle opportunité magnifique que de pouvoir revivre indéfiniment une bataille, pouvant ainsi en connaître chaque moment, chaque attaque ennemie, permettant d’établir une stratégie plus fine à chaque renaissance. Mais un homme seul ne serait que peu de chose face à une armée possédant plusieurs soldats avec la même habilité, et le principe sonnerait redondant à force. Un fait que le film négocie avec talent, amenant continuellement de nouveaux objectifs, de nouveaux rebondissements, des découvertes d’envergure, développant en parallèle de cette lutte un amour à la Machine à explorer le temps mêlé à du Amour et Amnésie. Un combo brillant, enrichissant une histoire qui compte déjà parmi les plus abouties de tout les temps. Tout se tient, tout est imparable, cohérent et reposant sur un montage parfait qui donne un impact énorme à chaque remise à zéro. Constamment entourée d’une incertitude chronique liée à beaucoup de désespoir, l’histoire ouvre continuellement de nouvelles portes, de telle sorte que l’histoire ne stagne jamais et nous bluff à chaque nouvel étage. Une pirouette scénaristique de tout instant qui laissera une marque dans l’histoire.

Mais qui dit invasion alien et gros budget implique un visuel hors normes. Si le spectacle est au rendez-vous avec des effets-spéciaux irréprochables, un climat lourd et oppresseur, et que la réalisation est au top avec un impact prodigieux à chaque scène, la direction artistique est peut-être le seul point qui empêche le film de prétendre à la perfection. En effet, si certains passages ont une personnalité forte et un visuel unique, le design global est plutôt classique, et ni les machines ni les extraterrestres n’impressionnent de par leur originalité, laissant même plutôt de marbre et donnant aux envahisseurs une gratuité dans la violence éternellement injustifiée malgré de gros efforts scénaristiques pour les rendre uniques. Mais bon, le film est tout de même visuellement à la hauteur de ses ambitions, et c’est bien là le principal. Côté casting on retrouve un Tom Cruise au sommet de son art, particulièrement bien aidé par la ravissante Emily Blunt dont le personnage révolutionne le film. Musicalement le film est assez discret mais efficace, et le travail pour le son en général est une fois de plus remarquable. Magistral scénaristiquement, énorme visuellement et quasi indiscutable artistiquement, le film est tout simplement l’une des meilleures productions SF de l’histoire du cinéma, et se pose surtout comme référence absolue en matière d’invasion extraterrestre.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *