Lou ! Journal infime

Lou ! Journal infime
2014
Julien Neel

Sacré meilleur film de l’année, rien que ça. D’après l’éminent Durendal, il s’agirait tout simplement de l’œuvre cinématographique la plus aboutie de 2014, celle qui lui a le plus parlé, qui l’a le plus fasciné. Très étonnant vu le caractère enfantin du film, d’autant que les adaptations de BD sont souvent peu inspirées et très décevantes. Néanmoins, chose inédite, celui en charge de l’adaptation n’est nul autre que l’auteur lui-même, potentiellement gage de qualité, du moins pour les amateurs de la bande-dessinée. De plus, même si les critiques n’ont pas été mirobolantes, le maintient du film a été plutôt très bon, bien qu’à quatre-cent mille entrées le mot succès ne convient pas tellement.

Tel un journal intime, le film nous place au cœur de la vie de Lou (Lola Lasseron), jeune fille de 12 ans qui s’éveille à la vie, un peu cloîtrée dans sa bulle avec sa mère (Ludivine Sagnier). Elle traîne avec sa copine Mina, fantasme sur le voisin d’en face, et se prend à rêver d’une romance entre sa mère, seule depuis trop longtemps, et le nouveau voisin de pallier, Richard (Kyan Khojandi). Le problème, c’est que faire sortir sa mère de son cocon va l’obliger à faire de même, et cette idée est terrifiante.

À priori il s’agissait d’une petite comédie sur une adolescente comme on a pu en voir des tas, mais le film est original à plus d’un titre. Déjà en terme d’identité visuel, le film fait assez fort, s’inscrivant comme un des plus originales de ces dernières années. Une exaltation de couleurs, chaleureuses et flashy, mélange savoureux des années 70-80 avec une espèce de vision futuriste, aboutissant à quelque chose de vraiment unique. Les phases d’animation sont en revanche un peu moins inspirées, certes encore une fois magnifiques au niveau des couleurs, mais perfectibles en terme de design et technique, bien que loin d’être ridicules. Une ambiance soignée qu’on retrouve dans la façon d’être des personnages, surréaliste, presque déconnectée. Mais avec un casting si efficace, mention spéciale à la jeune Lou (sans compter des stars méconnaissables comme Nathalie Baye), la sauce prend très bien, et on tolère ainsi les facilités d’écriture du scénario, somme toute assez basique. Une histoire simple mais pas simpliste, équilibrant habilement entre les clichés du genre et la folie onirique instaurée. Pas bouleversant ni transcendant, le film est une belle petite fable agréable, déjantée comme il faut, et dont l’héroïne sait nous attendrir et nous emporter dans son monde, ce qui représente déjà un petit exploit.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *