Deux jours, une nuit

Deux jours, une nuit
2014
Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne

Ah, un film des frères Dardenne ! Cinéastes belges, ils sont considérés comme des génies par la presse, leur attribuant des notes toujours très proches du maximum, alors que le public n’a jamais répondu présent, montrant largement plus de réserves et ne leur ayant pas offert un seul succès commercial. Et comment pourrait-il en être autrement quand ils rappellent la misère dans laquelle on vit avec un principe de base à ce point contre-productif ?

Va savoir pourquoi, Sandra (Marion Cotillard) a un jour sombré dans la dépression, et elle a passé un an d’arrêt maladie, mais se dit aujourd’hui prête à reprendre le travail. L’entreprise de panneaux photo-voltaïque dans laquelle elle travaillait devant continuer de tourner, son travail a été réparti entre les 16 autres employés de l’usine, touchant pour le boulot supplémentaire une prime de 1000 €, une somme conséquente pour un milieu aussi pauvre. D’ailleurs, presque personne n’est prêt à s’en séparer, car le retour de Sandra mettrait fin à cette prime, et seuls deux personnes ont voté pour elle. Pourtant, elle va obtenir le droit à un second vote, le temps pour elle d’essayer de rallier une majorité à sa cause.

Quelle bande de cons… D’un côté ça se racle la gorge sur Bienvenu Parmi Nous, de l’autre ça acclame ce film, même si finalement il est ressorti bredouille de Cannes, des Césars et des Oscars. Fondamentalement pourtant, l’originalité de cette histoire de misère humaine est d’une banalité confondante, presque pire que l’autre film, avec là aussi un bilan atténué par le talent de l’actrice qui n’a elle aussi plus rien à prouver, mais qui est loin d’impressionner. Néanmoins, la grosse différence c’est qu’ici l’intérêt est bien moindre tant le principe est mauvais. On nous présente une grosse dépressive aux capacités de travail sans nul doute amoindris, et elle vient faire chier ses anciens collègues de boulot pour mendier alors qu’eux-même sont dans une grande précarité. L’entreprise n’a nullement besoin d’elle, et si jamais elle revenait bon nombre de ses collègues la détesterait pour les mettre financièrement en danger. Donc si sa démarche abouti, le préjudice serait immense pour l’entreprise et ses employés, avec une ambiance de travail bien dégueulasse. Donc quel intérêt de raconter une histoire aux enjeux répréhensibles ? Pire encore, le rythme déjà pas bon de base se paye en plus l’incroyable redondance de la démarche, qui consiste à rendre visite à 16 personnes individuellement. Certes, chaque personne est différente et la conversation change, de même que les enjeux de l’interlocuteur (quoique ?), mais la lassitude s’installe irrévocablement, surtout à cause de l’héroïne ô combien insupportable de par son auto-apitoiement et son absence de prise en main. Le film n’est pas mal fait, il est juste inutile et ennuyeux, et je n’ai personnellement pas vu l’intérêt de rager sur les miséricordieux.

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