L’Emprise

L’Emprise
2015
Claude-Michel Rome

Il est rare que les téléfilms fassent parler d’eux, surtout sur TF1, une chaîne qui n’a pas pour habitude d’en proposer, du moins que très rarement. Assurant eux même la promotion de leur propre film au travers d’un battage médiatique intense, le film, pourtant diffusé sur la case horaire difficile du lundi soir, avait fait l’exploit de réunir 8,55 millions de spectateurs, et les retours furent de surcroît excellents.

Quand on aime on ne compte pas, en l’occurrence les coups. Encore lycéenne quand elle s’est éprise de Marcelo (Fred Testot), le truand du coin, d’une quinzaine d’années son aîné qui plus est, Alexandra (Odile Vuillemin) a tout d’abord fermé les yeux sur quelques excès de violence les premiers temps, mais plus le temps passait, plus les choses se sont aggravé, surtout avec l’arrivée des enfants, qui n’allaient pas tarder à subir le même sort qu’elle. 14 ans après leur rencontre, c’est le drame, le coup de trop, et Alexandra tue son mari d’un coup de couteau en pleine carotide, plaidant la légitime défense. Le procureur Frémiot (Marc Lavoine), chargé du procès, tentera d’élucider les circonstances qui ont conduit à ce geste, et s’il est excusable voir légitime.

On ne va pas se mentir, les procès américains ont forcément plus la classe. Entre leurs témoignages en coup de théâtre, leurs discours quasi historiques (quoique on y est droit ici aussi) et leurs avocats déterministes et charismatiques, on ne fait pas le poids, mais ça n’est pas si grave. En effet, le film ne s’en sert que comme d’une forme de mise en scène, de narration, permettant de raconter la vie de cette femme battue sous un angle intéressant, tout en y rajoutant quelques ressorts dramatiques à l’occasion. Une vie cauchemardesque, des situation terribles, des actes ignobles : le portrait dressé est saisissant, et cet homme fait froid dans le dos. Une histoire forte et des acteurs talentueux, mais certaines questions demeurent. La plus problématique est celle de l’âge, tentant de nous faire passer une actrice de 39 ans pour une adolescente de 18 ans, et les efforts de maquillage n’y changent rien : il aurait fallut jongler avec une double distribution pour plus de réalisme. Autre problème lié à la cohérence, celui de l’acceptation. Que l’amour l’empêche de partir, ça va dans un premier temps, mais son choix de rester devient de plus en plus invraisemblable au fil des ans. Mais ne faisons pas les fines bouches, car le film est vraiment captivant, et c’est d’autant plus remarquable que les téléfilms ne sont pas réputés pour leurs ambitions.

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