Spectre

Spectre
2015
Sam Mendes

Il aura fallut cinquante ans pour que James Bond passe du statut de franchise populaire à événementielle : Skyfall a pulvérisé tous les records en atteignant la somme astronomique de 1,1 milliards de dollars de recettes dans le monde, avec près de sept millions d’entrées en France. Et pourtant, rien ne justifiait un tel engouement : certes moins bourru que Quantum of Solace, le film n’en était pas pour autant meilleur, se montrant très décevant sur son scénario, extrêmement classique et incapable d’iconiser un méchant trop tardivement introduit, sans compter ses énormes problèmes de rythme. Pas étonnant avec son gigantesque mais non moins incompréhensible succès critique et commercial que le réalisateur ait rempilé, malheureusement on retrouve bien évidemment tous les problèmes de son prédécesseur, multipliés.

Lui aussi décevant sur bien des points, Mission Impossible 5 est suivit de près, Spectre reprenant la même thématique : l’organisation mondiale qui a atteint toutes les sphères et qui va obliger l’agent à opérer seul de son côté. Dans l’ombre depuis toujours, dans les pattes de l’agent 007 (Daniel Craig) sans même qu’il le sache, Franz Oberhauser (Christoph Waltz) a créé un organisme secret qui a infiltré chaque pays, chaque état à travers le monde. Et alors que le MI6 est en pleine reconfiguration avec un sort scellé pour les agents double zéro, Bond est sur ses traces.

On en a entendu parler, le tournage du film a connu quelques déboires, notamment avec la séquence d’introduction qui a dû être totalement réécrite à cause d’un lieu de tournage qui fut déprogrammé, et ça se sent. Le réalisateur parlait d’une séquence d’anthologie, grandiose, et par la suite on en parle dans le film comme d’un événement sans précédent, mais dans les faits l’introduction de Mexico est mauvaise, clairement en deçà de toutes celles des opus avec Daniel Craig. Il y a quelques grosses explosions, un hélicoptère en roue libre et de jolis masques, mais c’est plutôt mou et pas spécialement accrocheur. Et c’est là le principal problème du film, en dehors de son absence de scénario original : c’est atrocement mou, et le montage est médiocre. Skyfall était déjà bien mou du genou, mais celui ci bat des records. Affichant 2h30 au compteur, on aurait facilement pu en retirer trois quart d’heure rien qu’en faisant des scènes normales. Quasiment systématiquement, on a l’impression que la caméra tourne pour rien, comme si on avait oublié de la couper et qu’au montage on ait laissé tel quel. Les exemples les plus parlants sont ceux avec le père de Léa Seydoux, dont la discussion autour de la table semble figée, puis quand cette dernière se met au lit par la suite, nous la montrant se retourner pendant de longues minutes sans but derrière. En parlant de casting, cette dernière est d’une nullité affolante, au même titre que M (Ralph Fiennes) et Q (Ben Whishaw), inutiles à souhait (mais bordel, c’est quoi ce Q qui donne que des trucs minables ?), mais pas autant que Monica Bellucci, là juste pour se faire sauter, et Dave Bautista, homme de main choisit pour sa carrure. Plus grave encore, immense acteur et méchant vedette du film, Christoph Waltz est tout simplement ennuyeux, jouant classiquement les psychopathes maître de l’univers, n’arrivant à aucun moment à insuffler son charisme à son personnage, et c’est peut-être même le plus bâclé des récents épisodes. En dehors d’un course dans Rome, les 90 premières minutes sont tout simplement bonnes à jeter, et la suite n’en vaut pas tellement la peine. Incontestablement le moins intéressant de la nouvelle saga de l’agent secret, et s’il s’agit réellement là du tout dernier de cet interprète, alors cet au revoir est bien triste car à aucun moment Casino Royale n’a pu être de près ou de loin égalé.

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Une réponse à Spectre

  1. Julien dit :

    Casino Royale qui, comme par hasard, est un remake.
    De toute manière, James Bond, franchement… ça commence à sentir le renfermé. Au bout d’un moment, il faut savoir s’arrêter. C’est pas parce qu’une franchise marche qu’il faut exploiter le filon jusqu’à l’écœurement.
    Si c’est pour nous pondre des Terminator III, Le monde perdu, Indiana Jones et le crâne de cristal, etc., c’est pas la peine.
    En plus, Daniel Craig est aussi laid que mauvais acteur. C’était de tout évidence un très mauvais choix – en remplacement d’un choix déjà tout à fait discutable.

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