Amis publics

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2016
Edouard Pluvieux

Entre Les Profs, sa suite et Aladin, Kev Adams s’est gavé dans les grandes largeurs en cumulant près de douze millions d’entrées en trois films, pas terribles qui plus est. Alors forcément, un tel succès immérité, ça en agace plus d’un, donnant l’envie de boycotter ses prochaines apparitions (800 000 entrées cette fois). Pas de bol, c’était justement la fois où le film en valait la peine.

Une usine chimique qui explose et c’est le drame. Dans la banlieue lyonnaise, un bâtiment industriel avait implosé, faisant de nombreuses victimes, mais plus les années passent et plus le bilan s’alourdi du fait des gaz nocifs qui s’étaient alors échappés. Léo (Kev Adams) avait perdu ses parents lors de l’explosion, aujourd’hui c’est son petit frère qui s’apprête à quitter ce monde, ayant contracté comme tant d’autres un cancer des suites de l’exposition. Pour réaliser son rêve de gangster avant la fin, Léo va organiser un faux braquage, mais le jour J la bande va se tromper de banque et effectuer un véritable casse. Ils vont être alors complètement dépassés par les événements.

On aurait précautionneusement tendance à dire qu’un braquage ça ne s’improvise pas comme ça et qu’on ne peut pas se planter de banque, mais en fait si. Le but étant de faire réellement croire au frère mourant de Léo que le casse était véridique, il va tout mettre en œuvre pour faire un coup crédible, contactant une connaissance directeur de banque qui sait exactement comment ça se passe à l’intérieur et quelle serait la démarche pour dévaliser le coffre en minimisant au maximum les risques (détruire les bandes vidéos, etc). Du coup, avec une toute petite erreur sur l’adresse et la coïncidence de trouver une banque pile au mauvais endroit, le plan est juste génial, et quand la police (Vincent Elbaz) arrive sur les lieux et parle de professionnels, difficile de ne pas à la fois être impressionné et mort de rire. Et c’est là que le film fait très fort puisqu’il prend un postulat de départ improbable et réussi à le rendre crédible. La bande est pas mal, pleine de personnalités fortes et bien interprétées (le cancéreux est peut-être un peu en deçà), l’histoire tient grosso modo la route malgré de grosses ficelles, et on rit pas mal, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que le réalisateur, spécialisé dans l’écriture de spectacles humoristiques, a écrit les dialogues du film. C’est frais, original dans sa façon d’être, léger malgré le spectre de la mort, on rentre dans le délire du groupe et on s’amuse franchement. Plus réfléchi et mature qu’il n’y paraît, le film est une très bonne comédie jeune et efficace.

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