Merci Patron !

Merci Patron !
2016
François Ruffin

Célèbre chanson des Charlots sur la lutte des classes, le journaliste de Fakir François Ruffin va en reprendre le titre et la thématique pour un documentaire qu’il va orchestrer de A et Z. Sur fond de rapprochement entre les ouvriers et le patronat, en mode caméra cachée, il va faire le tour des anciens employés de LVMH dont les usines ont fermé pour savoir ce qu’ils pensent de Bernard Arnaud, leur ancien patron, le tout en portant un t-shirt « I <3 Bernard » en marque de soutien à un homme qu’il « juge extraordinaire » et que trop peu de gens estiment à sa juste valeur. Bien sûr, il s’agit d’un procédé démagogique visant à montrer tout le mal que l’homme a fait, trouvant avec la famille Klur un superbe exemple de vie brisée : le mari et la femme y travaillaient, et sans diplôme ni autre expérience ils n’ont plus rien retrouvé depuis la fermeture de leur usine, au point qu’aujourd’hui les huissiers menacent de saisir leur maison. Mais tout doux canasson, il ne faut pas mal le prendre, il a fait de son mieux pour l’entreprise et il les a aidé pendant de longues années. Alors, on dit pas merci patron ? Non ? Bah ça alors !

Voir un gauchiste provocateur faire semblant d’aimer follement l’un des plus grands patrons français peut-il avoir vraiment un réel intérêt ? Au bout de vingt minutes à faire le tour des vies brisées, on commence à trouver le sketch un peu long, mais ce qui nous attend vaut sacrément le détour. On fait alors la connaissance de la famille Klur, une famille bien amochée de la France profonde, et au début on trouve le rapprochement entre elle et le journaliste assez malsaine tant il remue le couteau dans la plaie, mais ce qu’il va faire est exceptionnel. Pour ne pas gâcher le plaisir à ceux n’ont pas encore vu le film (les fous !) sachez néanmoins que ce qui nous attend est mené d’une main de maître et une fois qu’on prend conscience de où va le film on est abasourdi par tant d’ingéniosité. Sachant que tout ce qui est dans le film n’est qu’un reportage véridique, c’est du génie pur et dur que l’on ne doit qu’à un seul homme, monsieur Ruffin. Un film social brillant qui redonne fois en l’humanité.

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