The Birth of a Nation

The Birth of a Nation
2016
Nate Parker

Deux ans après 12 Years a slave, un autre film très similaire semblait promis à un destin tout aussi exceptionnel. Portant lui aussi sur la traite des noirs durant le XIX° aux Etats-Unis, le film avait fait sensation à Sundance où il fut acheté à 17 M$, un record historique, repartant aussi avec le prix du jury et celui du public. Son succès s’annonçait flamboyant, son chemin vers les Oscars était tout tracé, mais finalement le film fut un bide et les différentes cérémonies l’ont boycotté pour cause de scandale. En effet, même si le réalisateur, acteur principal et scénariste fut acquitté malgré sa présence lors des faits et de lourdes suspicions, son co-scénariste fut reconnu responsable de viol sur une jeune femme dont le traumatisme la poussa au suicide. Le genre de mauvaise presse qui fait mal, mais même en dehors de ça le film n’est pas à la hauteur de ses prétentions.

On le sait tous, à l’époque de la traite des noirs les exploitants sudistes des champs de coton n’étaient pas tendres avec leur main d’œuvre, et étrangement la dureté de leurs conditions de vie entraînait régulièrement des émeutes. Pour autant, avoir des récolteurs bon marché ne suffisait pas toujours à rentrer dans ses frais, et un jour Samuel Turner (Armie Hammer) eu l’idée d’utiliser son nègre Nat comme prêcheur, étant le seul à savoir lire et pouvoir dispenser la sagesse de Dieu. Seulement en lui faisant faire le tour des exploitations, il va constater que les sévisses sont aussi terribles que généralisés pour les siens, faisant germer en lui les prémices d’une révolte.

Etant donné que les crimes raciaux continuent et que la discrimination perdure, rappeler de temps à autre les dérives d’antan qui ont conduit notre civilisation à certains climats de tension est nécessaire, et le film le fait très bien. Si certains traitements subis au domaine Turner ne sont pas tolérables (bien qu’il faille toujours replacer les choses dans leur contexte, et culturellement c’était largement admis), le fait de découvrir des situations bien pires à mesure que le film avance donne une évolution logique à la quête du héros et justifie ainsi pleinement la rébellion. En revanche, et c’est probablement là où le film divise et perd de sa cohérence, on ne trouvera aucun jugement individuel par rapport aux oppresseurs, alors même que le film hiérarchisait en amont leurs atrocités. Dans ce cas là, pourquoi montrer certains élans de noblesse et autres liens d’amitié si on en tient pas compte ? De même, on a du mal à comprendre la démarche finale puisque choisir de ne pas le faire n’aurait rien changé. Le jeu des acteurs (incluant Jackie Earle Haley) est irréprochable, la réalisation est esthétique et plus généralement l’aspect artistique du film est très réussi, l’écriture des personnages est très bonne aussi, mais le scénario est plutôt vide, il manque de cohérence et cela trouble son message. Pas de quoi s’offusquer de son boycott donc, il ne méritait pas de faire date.

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