On l’appelle Jeeg Robot

On l’appelle Jeeg Robot
2017
Gabriele Mainetti

Dire que le cinéma italien est confidentiel serait un euphémisme tant leurs productions n’arrivent presque jamais jusqu’à chez nous, mais grâce à un prix du jury reçu à Gérardmer, le film multi-récompensé aux Césars italiens (les David di Donatello) avait eu droit en mai dernier à plus de cent salles sur notre territoire. Malgré ça et les critiques positives, la barre des cent mille entrées n’a largement pas été atteinte. Pourtant, à l’heure où les comics Marvel et DC font encore le plein et trustent le haut des charts, un film de super-héros italien avait de quoi intriguer un peu plus que ça.

Une cavale qui tourne mal, un saut dans l’eau pour se cacher, une cuve de pétrole et paf, Enzo Ceccotti était devenu un surhomme. En ingérant une substance noire, sa force et ses capacités régénératives avaient décuplé, faisant de lui aux yeux de la fille de son voisin un Jeeg Robot, héros d’un anime japonais qui l’obsède. Seulement Enzo n’a rien d’un héros, trouvant son bonheur dans la solitude et les larcins et exécrant son prochain. Surnommé « Le Gitan », un chef mafieux va tout faire pour mettre la main sur lui, persuadé qu’il pourrait devenir son atout phare suite au visionnage d’une vidéo où un homme masqué arrache un distributeur de billets à mains nues.

Des vrais antihéros aux supers-pouvoirs, on en a rarement vu au cinéma, et la plupart du temps le concept est tué dans l’œuf à l’image de Hancock. Ici, hormis pour les beaux yeux d’une demoiselle, le bougre ne pense pas une seule seconde à faire quelque chose pour son prochain, profitant même de ses pouvoirs pour gagner en ambition criminelle. Et comme les autres personnages du film sont une folle, un psychopathe, des mafieux et des hommes de main, on échappera aux sermons habituels pour s’immerger dans un milieu pas jojo. L’histoire n’est pas forcément très originale mais le ton est atypique, quasi surréaliste par moments comme lors d’une discussion avec du porno en toile de fond ou lorsque le Gitan fait un arrêt brutal pour lancer un discours important à ses sous-fifres, tout en se faisant engueuler et insulter par les automobilistes en même temps. L’humour varie entre l’absurde et le trash sans complexe, et l’un comme l’autre le résultat est très bon. Il est dommage que la dernière partie prenne un tournant classique, mais même à ce moment là le film trouve des pistes originale comme avec le tournage au téléphone (par contre, évitez de confier de la pseudo incrustation Youtube à un stagiaire, ça se voit que le type n’y connaît rien). Un film singulier et drôle, pas révolutionnaire mais qui nous assure un bon divertissement.

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