Daddy Cool

Daddy Cool
2015
Maya Forbes

Parce que « l’ours polaire infini » (Infinitely Polar Bear) ça sonnait mal, voilà comment on se retrouve à critiquer un film portant le même nom qu’une comédie française qui s’apprête à débarquer dans nos salles. Pourtant financé à hauteur de 6 M$, soit bien moins que la moyenne même des films français, c’est-dire combien c’est peu aux Etats-Unis, le film n’en a pas amorti la moitié, alors même qu’il était présent à Sundance et Deauville et que les distributeurs ont été assez généreux en terme de diffusion. La raison est simple et est clairement dite dans Tropical Thunder : quand on joue les handicapés, on ne joue pas les handicapés.

Au début de leur relation, en pleine période hippie, Cameron (Mark Ruffalo) et Maggie (Zoe Saldana) étaient heureux, loin des tracas de la vie. Bipolaire à tendance dépressif, Cameron va devenir peu à peu ingérable, au point qu’il se fasse interner et éloigner de ses deux filles pour qui il était devenu dangereux. Mais face aux réalités des années 70, étant une femme noire Maggie n’arrive pas à les gérer toute seule économiquement, et pour se redonner une vraie chance elle va entreprendre des études supérieures pour pouvoir prétendre à de meilleurs revenus, seulement la garde de ses filles va poser problème. Alcoolique, dépressif et irresponsable, Cameron va t-il pouvoir assumer ses filles ?

Dans un film qui se base à ce point sur la personnalité des protagonistes, l’évolution psychologique est d’autant plus primordiale, et c’est là que le film échoue : de la première à la dernière minute le fameux ours polaire ne changera pas d’un iota. Certes, sa maladie psychiatrique est irrévocable, mais en dehors de très rares et brèves tentatives, il n’y aura aucun réel effort de sa part, continuant à être le plus gros connard possible, se foutant ouvertement des sentiments des autres, des codes moraux, buvant largement plus que de raison et enchaînant les cigarettes comme s’il voulait à tout prix mourir du cancer dans l’année. Un personnage antipathique à outrance qui n’aura de cesse que de pourrir la vie de son prochain, avec à la clé une performance bien dégueulasse, comme si Hulk campait un autiste profond. Or qui dit bipolaire dit normalité la moitié du temps, ou à peu près. Dommage car la fille aînée est tout simplement exceptionnelle de justesse et d’émotion, mais il est vrai que cela aide d’être la fille de la réalisatrice, qui a elle-même porté à l’écran sa propre histoire. Si en prenant le même sujet on avait pu constater une quelconque reprise en main ou franche tentative d’y parvenir, cela aurait pu donner une belle histoire émouvante, mais ça n’est pas le cas quand le personnage principal retire toute empathie. Un cas d’école de fausse bonne idée au développement très décevant.

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