Un Monde entre nous

Un Monde entre nous
2017
Peter Chelsom

Sixième pire démarrage de l’histoire pour une sortie de cette ampleur sur le sol américain, et au final moins de 20 M$ de recettes dans le monde. Il est vrai qu’après une bande-annonce géniale qui laissait présager une romance SF passionnante, la communication s’est faite rare et le film a subit plusieurs reports, au point d’être carrément annulé en France où il a atterri directement en DVD. Un sujet qui semblait excellent, un casting génial mais un ratage complet ? Eh bien non, le film est même encore mieux que ce qu’on pouvait espérer et le public a clairement fait n’importe quoi.

Les scientifiques en parlaient depuis des décennies, et un homme a rendu le rêve de toute l’humanité possible : Nathaniel Shepherd (Gary Oldman) a envoyé une expédition sur Mars pour y fonder une colonie. Seulement il ignorait que l’une des astronautes était enceinte, refusant de laisser sa place à bord ou d’avorter et ayant caché son état à tous. Le trajet étant trop avancé pour ne pas accoucher en chemin et le scandale étant trop grand, toute l’équipe va choisir de taire l’existence de l’enfant, le condamnant à passer sa vie sur Mars. En effet, obligé de grandir sur une planète plus faible en gravité, sa densité osseuse sera moindre, ses muscles atrophiés et ses organes plus gros par conséquence. Mais après 17 ans à errer dans une station de recherche, ne côtoyant que des astronautes (incluant Carla Gugino) et ayant tissé des liens avec une lycéenne américaine (Britt Robertson) avec qui il correspond, Gardner (Asa Butterfield) va tout de même vouloir tenter l’expérience d’aller pour la première fois sur Terre.

En terme de relation longue-distance, on peut difficilement faire mieux en dehors de la SF pure puisqu’on affiche tout de même 76 millions de kilomètres d’écart. Mais bien plus qu’une romance, le film est surtout un double concept. L’un est assez classique et a connu plusieurs versions cinématographiques comme avec Première sortie, à savoir traiter le sujet d’un jeune homme resté pendant très longtemps à l’écart du monde en dehors d’un petit comité. Le second est plus original et change pas mal la donne, celui de se pencher scientifiquement sur les conséquences réelles de grandir sur Mars. Dans un cas comme dans l’autre, le film pousse la réflexion assez loin, nous ouvrant les yeux sur les effets de la gravité sur l’organisme et sur les comportements humains naturels quand l’influence extérieure est purement théorique. En résulte un film scientifiquement solide qui nous offre une vision pure et nouvelle de notre Terre, incroyablement touchante et pleine de poésie. Une force émotionnelle qu’on retrouve bien évidemment dans la romance, magnifique à bien des égards, notamment grâce au talent des acteurs dont la justesse est époustouflante. De la SF réussie et une romance très belle pour un road trip revigorant, nous offrant un rare moment d’extase cinématographique.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *