Thor : Ragnarok
2017
Taika Waititi
Les années passent et les films se multiplient : depuis le projet du Marvel Cinematic Universe lancé en 2008 avec Iron Man, c’est déjà 17 films qui ont vu le jour, avec toujours à la clé un résultat très satisfaisant, voir excellent à quelques moments. Dans ce paysage super-héroïque, Thor occupe une place de premier choix en revisitant la mythologie nordique, mélangée à du space-opera comme on les aime. Pourtant, Disney semblait se désintéresser du personnage entre une intrigue décevante dans Thor 2 et une présence extrêmement réduite dans le second Avengers, sans compter son absence dans Civil War. Et voilà que le studio abat sa carte maîtresse, l’arc narratif le plus important du comics : la fin du monde des asgardiens.
Dans la mythologie nordique, le Ragnarok est tout simplement la destruction totale d’Asgard, royaume des dieux. Une prophétie que Thor (Chris Hemsworth) essaye à tous prix d’empêcher, sans se rendre compte qu’une autre menace pesait sur le palais. Ayant simulé sa mort, Loki (Tom Hiddleston) se faisait passait pour Odin (Anthony Hopkins), sans se rendre compte que ce dernier, exilé sur Terre, était entrain d’agoniser et que sa mort libérerait un fléau qu’il maintenait sous scellé tant bien que mal : Hela (Cate Blanchett), la déesse de la mort, bien décidée à prendre le contrôle d’Asgard.
Ce film est un deux en un pas très bien équilibré. D’un côté on a le Ragnarok, menace colossale de fin du monde, mais à force c’est presque banal. On y retrouve une opposition classique avec une antagoniste pas très passionnante, aux motivations arbitraires et ennuyeuses, pour au final des combats assez lambda et peu marquants. D’un autre côté, on a l’un des films les plus inventifs du MCU avec un film dans le film, nous offrant une interlude dans la grande histoire classique comptant pour plus de la moitié du long-métrage, nous plongeant dans un tout nouvel univers aux propriétés temporelles uniques. Monde poubelle où les rebuts des quatre coins de la galaxie se retrouvent les esclaves du Grand Maître (Jeff Goldblum), cette étrange planète est une mine d’or créative. Non seulement le design des personnages et des lieux sont haut en couleurs, mais ce qu’on retiendra surtout c’est le principe même de société parallèle aux règles totalement arbitraires, capable d’asservir des personnages comme Hulk (Mark Ruffalo) pour simplement divertir le public de leur Colisée. Certes, peu de Marvel se passaient sur une autre planète que la Terre, mais c’est bien la première fois qu’on découvre une vraie planète intéressante, architecturalement et culturellement.
Comme un Marvel n’en serait pas vraiment un sans une bonne dose d’humour, le paquet est encore une fois largement mis dessus, une coutume qui ne surprendra personne. Néanmoins, il faut bien avouer que la cuvée est toujours très bonne, même mieux que la plupart des autres films de la saga. Forcément, le côté bourrin naïf de Thor fait toujours des merveilles et Loki est toujours un fourbe impayable, mais l’efficacité est plus que jamais de mise avec de sacrément bons moments, le théâtre et l’arène en tête. En revanche, aussi excellente que soit la scène, l’apparition de Docteur Strange (Benedict Cumberbatch) n’a rien de très utile, de même que la présence de Hulk est largement décevante, n’étant à la fois pas drôle et dispensable. Côté casting les acteurs sont globalement bons, comptant dans leurs rangs un vétéran (Idris Elba) et deux nouveaux (Karl Urban et Tessa Thompson). Visuellement le spectacle reste au rendez-vous, offrant quelques séquences magnifiques, trouvant de belles idées sur l’évolution du personnage de Thor. Avec une saga ne faisant que peu de fausses notes et fonctionnant toujours selon le même principe, il devient de plus en plus difficile de sortir du lot, mais ce nouveau Thor le réussi avec brio. Toujours plus fort, toujours plus grand, mais quand la créativité suit on dit oui.
PS : Ayant eu l’occasion de voir le film en 4DX, je vous invite à voir mon avis sur cette nouvelle technologie : https://www.youtube.com/watch?v=KtHMJEAQfeo&t=7s