Comment j’ai rencontré mon père

Comment j’ai rencontré mon père
2017
Maxime Motte

Quand un couple blanc adopte un enfant noir, le suspense ne dure pas longtemps. Cela marcherait avec n’importe quelle ethnie très marquée d’ailleurs, mais dans les esprits bobo gauchistes parisiens, quand on adopte c’est forcément un noir, à qui on a au passage vraisemblablement sauvé la vie puisque son pays d’origine, quel qu’il soit, était forcément un de ces pays du tiers monde insalubre où tout le monde meurt de faim et vit au milieu de ses excréments. Si si, demandez à n’importe quel résident d’hôtel particulier dans le 16°, c’est sûr ! Enfin bref, on suit donc la cohabitation difficile entre Ava (Isabelle Carré), avocate qui ramène seule l’argent à la maison et qui ne supporte plus son incapable de mari, Eliott (François-Xavier Demaison), qui de son côté se contente d’observer impassible l’échec de son commerce et le rejet de son enfant adoptif, obnubilé par son potentiel père biologique. Une situation tendue qui va exploser le jour où leur faux fils va se mettre dans la tête qu’un clandestin débarqué sur la plage n’est nulle autre que son vrai père.

Dès le début le film ne va pas. Comment pourrait-on à un seul instant s’attacher à une famille dont le couple est inexistant et dont l’amour paternel est vide dans les deux sens. Certes, l’enfant ne peut pas très longtemps croire en la légitimité conceptrice de ses hébergeurs, mais il y a une différence énorme entre cacher et renier ! On sent qu’à aucun moment le couple n’a cherché à s’imposer comme de vrais parents, laissant l’éducation de leur réfugié en roue libre. Le principe même de cette recherche identitaire est donc totalement justifié, mais les personnages n’ont aucun affecte entre eux, et par empathie ils n’en développent pas non plus avec le public. Ne reste que le grand-père, seul être censé et amusant de ce portrait de famille dégueulasse, baignant dans une espèce de sentimentalisme vide et bien-pensant, tentant vainement de faire dans du social gauchiasse en se moquant pourtant de la détresse des migrants. Que eux souffrent est secondaire, l’important c’est qu’on voit bien que nos habitants du Nord ont le cœur gros et qu’ils font de bonnes actions. On dirait des bénévoles qui exhibent leur CV, dénaturant la noblesse de leur geste par une démonstration de supériorité déplacée. Le film, en plus de ne pas être drôle ou intéressant en quoi que ce soit, en devient indigne, honteux, malaisant. Le bide fut écrasant lors de sa sortie et c’est tant mieux.

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