Crazy Rich Asians

Crazy Rich Asians
2018
Jon M. Chu

Plus de 174 M$ sur le seul sol américain et sixième plus gros succès de tous les temps pour une comédie-romantique : les chiffres parlent d’eux-mêmes. Et avec un maintient plus de deux fois supérieur à la normal, on peut effectivement parler de « film phénomène ». Par contre, en dehors le bilan est tout de suite plus mitigé : « seulement » 64 M$, et le public cible, l’Asie, a largement rejeté le film. Une disparité qui laisse perplexe, surtout pour ce qui est du succès massif aux Etats-Unis.

Ah les riches, quel monde improbable ! Mais en fait, quel est ce monde exactement ? Professeur d’économie à l’université de New-York, Rachel (Constance Wu) pensait passer un petit séjour tranquille à Singapour avec son chéri Nick (Henry Golding), mais elle était loin de se douter de qui il était vraiment. Sa famille n’est autre que la famille Young, la plus puissante famille du pays, possédant un empire immobilier de plusieurs dizaines de milliards, et difficile de ne pas passer pour une arriviste cupide quand on met le grappin sur l’héritier de l’une des plus grosses fortunes au monde. Entre jalousies et méfiances pour elle, pression sociale et mésalliance pour lui, leur romance sera soumise à rude épreuve.

Ah c’est sûr, si on compare à des bouses comme Cinquante nuances de Grey, question comédie-romantique on est sur un autre niveau. Mais de là à un succès si retentissant, c’est un peu abusif. C’est un problème inhérent au genre, mais comme toujours le film est d’une prévisibilité ahurissante, les situations semblent déjà avoir été vues des milliers de fois, mais d’un autre côté toute incartade à la formule de base aurait tendance à être une mauvaise chose : si tout se passait bien, on se ferait chier, et si absolument tout se passait mal, on perdrait l’intérêt de base, le feel-good movie. On a beau se débattre avec ses chaînes, elles n’en restent pas moins là. Ne pouvant donc que redistribuer des cartes déjà connues, le film ne s’en sort pas si mal, ses sous-intrigues sont intéressantes, les personnages hauts en couleurs attachants grâce au casting épatant (l’occasion de sortir un peu le panel américain des stars asiatiques avec Michelle Yeoh et Ken Jeong), mais c’est surtout en termes d’intention de réalisation que le film s’en sort admirablement. Dès la première scène le film nous montre que tout n’est jamais tout blanc ou tout noir, opposant le mépris culturel (hôtelier) au mépris social (la famille riche). Lors de la rencontre avec la famille, les dialogues face caméra traduisent parfaitement le malaise de la situation, et dans l’ensemble la réalisation est excellente, montrant à la fois la grandeur et la décadence d’un tel faste, nous glorifiant des lieux les plus extravagants et tapageurs. Le genre trouve donc là un digne représentant, qui à défaut de bouleverser les codes les applique au mieux.

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