Le Pont de la rivière Kwaï

Le Pont de la rivière Kwaï
1957
David Lean

Parmi les plus grands classiques de l’histoire du cinéma, celui-ci occupe une place de choix. En plus d’être l’un des cent plus gros succès de tous les temps en terme de nombre d’entrées (près d’un demi milliard de dollars sur le seul sol américain après inflation), le film obtint pratiquement toutes les récompenses majeures de toutes les plus grandes cérémonies, glorifiant quasi à chaque fois son casting, son réalisateur, le scénario signé par le grand Pierre Boulle (La Planète des Singes) et avec à la clé le prix du meilleur film. Mieux encore, en 2013 le film a bénéficié d’une restauration de grande qualité, nous permettant à tous de le découvrir ou de le revoir dans les meilleures conditions possibles.

Prenant place en 1943 en pleine jungle de Birmanie, le film nous conte les mésaventures de soldats britanniques et américains, captifs de l’armée japonaise et esclaves d’un chantier visant à créer un pont pour traverser la rivière Kwaï. On suivra tout particulièrement le major Sheer (William Holden), soldat américain là depuis quelques temps et qui a bien conscience que l’évasion est sa seule chance, et le colonel Nicholson (Alec Guinness) qui a accepté la reddition avec tout son régiment, ordre de ses supérieurs. Mais il ne compte pas se laisser faire pour autant, prêt à tous les sacrifices pour que les conventions de Genève soient respectées et que ceux dont il est responsable soient traités le mieux possible.

Quitte à avoir des prisonnier, autant les faire travailler. Dans une version moins hardcore que les goulags russes où l’espérance de vie avoisinait les deux mois – bien qu’apparemment le film soit un peu trop édulcoré – on découvre les camps de travail japonais, nous montrant les temps impitoyables de la guerre, mais le film aura l’intelligence de nuancer son propos. Il n’y a pas de mauvaises actions, que de mauvaises intentions. La construction du pont, en plus d’être un enjeu stratégique et militaire, sera surtout l’occasion à chacun de montrer quelles sont ses motivations. Pour les japonais, c’est le sens du devoir, des obligations, de l’honneur. Côté soldats, on retrouve cette même motivation à défendre ses valeurs morales, avec en prime une fierté nationale et militaire, s’apparentant à de la vanité qui fait écho à l’acharnement nippon. L’américain en fuite est le plus bel exemple de ce paradoxe humain où l’instinct de survie et le confort personnel entre en contradiction avec nos valeurs et l’envie de briller. Le film alterne avec une grande justesse entre la lourdeur de la guerre et les petits moments privilégiés, comme la découverte aguicheuse de l’exotisme des femmes asiatiques, ou encore les petits moments de vie pour décompresser, comme le passage sur la plage ou la pièce de théâtre. La vie elle-même y est exacerbée : on y vit plus grand, plus fort, plus vite. Un idéal pour certains, un témoin du passé pour d’autres, un grand film pour tous dont on ressort grandi entre le talent des acteurs, la vivacité de la réalisation et les valeurs morales qui y sont véhiculées. La fin pourra un peu surprendre (décevoir ?) mais ça reste une belle expérience, une grande et ambitieuse fresque comme on en voit plus.

Aussi disponible en vidéo complémentaire : https://youtu.be/9SQ5laGH2iQ

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