Aquaman
2018
James Wan
Apparu de façon très peu convaincante dans l’immense échec Justice League, Aquaman semblait sceller l’univers étendu de DC tant il n’avait aucunement le potentiel pour redresser la barre, et le naufrage était annoncé. Un démarrage en demi-teinte et des critiques très mitigées ont alors confirmé la tendance, mais faisant fi de toute vraisemblance et profitant comme nulle autre des fêtes de fin d’année et d’une Chine s’étant ruée dessus, le film a pulvérisé tous les records pour un film de super-héros DC, terminant sa course au delà des 1,1 milliards de dollars dans le monde, battant même le précédent recordman The Dark Knight Rises. Folie collective ou réelle bonne surprise ? Eh bien pour moi ça sera plutôt la première option.
Héritier de l’Atlantide, Arthur Curry (Jason Momoa) est né de l’union de la reine des atlantes (Nicole Kidman) et d’un humain lambda, faisant de lui un paria vivant loin du royaume censé être le sien. Néanmoins entraîné depuis des années par Vulko (Willem Dafoe) pour potentiellement reprendre un jour le trône à son petit frère (Patrick Wilson), l’idée va devenir une urgence à concrétiser pour le bien de tous puisque ce dernier prévoit de déclencher une guerre pour que le peuple atlante prenne le pouvoir. Fuyant de surcroît un mariage arrangé, Mera (Amber Heard) va tout faire pour pousser Arthur à réclamer ses droits et prendre le trône de l’Atlantide.
Mélange de drame shakespearien et de La Petite Sirène, l’histoire du film est cousue de fils blancs, peinant à susciter un quelconque frémissement quant aux enjeux et destins de chacun. Ne restait alors que peu d’arguments possibles pour nous convaincre : l’ambiance, les personnages ou les qualités visuelles. Le film joue la carte de l’humour gros bof, et c’est à peu près ce qu’il y a de plus réussi dans le film. Alors qu’il était tout sauf sympathique dans le grand rassemblement, Aquaman est ici bien plus charismatique et cool et l’acteur fait très bien le taf, mais difficile de ne pas se dire qu’on a là une pâle copie de Thor. C’est d’ailleurs le seul : que ce soit les méchants ou les rôles secondaires, c’est une avalanche de personnages stéréotypés, et les acteurs peinent à leur donner de la consistance. Reste le visuel alors ? Un peu, mais globalement pas du tout. Quelques scènes sont épiques et les créatures marines ne sont pas trop mauvaises, mais on a rarement vu des fonds verts aussi criards : c’est bien simple, on n’arrive jamais à croire à ce qu’il se passe à l’écran. Pire, surtout pour un tel film, on ne croit pas une seconde aux effets aquatiques. Alors certes, le mouvement des cheveux passe plutôt bien, mais on en ressent ni la texture ni la pression de l’eau, et côté éclairage c’est une catastrophe absolue, la gestion du noir des abysses est absent, comme si les eaux du monde étaient devenues d’une limpidité incroyable. En résulte un blockbuster sans âme, vite oublié malgré un héros attachant, quelques bonnes scènes et un effort de réalisation louable, massacré par des effets spéciaux pas au niveau. On ne peut pas non plus dire que le film est passablement raté, ça reste du divertissement honnête, mais difficile d’y trouver plus d’intérêt.