Shazam!
2019
David F. Sandberg
En roue libre totale sur ses adaptations des DC Comics, Warner a voulu stopper tous les projets en cours suite à « l’échec » de Justice League, mais il en restait encore quelques-uns en cours, et depuis le studio a fait semi-marche-arrière en relançant des projets annexes qui n’ont plus vocation à créer un univers étendu. Un bordel sans-nom dans lequel ce film a accouché dans la douleur, subissant de lourdes baisses de budget, et il n’y avait plus rien à espérer. Heureusement, grâce à son budget de 100 M$ qui n’avait plus rien de super-héroïque, le faible score de 364 M$ au box-office mondial apparu comme un succès, alors même que le très moyen Aquaman triplait aisément ce score. Étron ? Film déjà oublié ? Divertissement honnête ? Régal d’action ? Excellente comédie ? Bof…
Revisitant la mythologie, le film introduit la magie dans l’univers des héros DC. Sentant son heure arriver et ayant vu le pouvoir des péchés capitaux prendre racine en la personne de Thaddeus (Mark Strong), le grand sorcier (Djimon Hounsou) va choisir par dépit un jeune adolescent, Billy (Asher Angel), pour recevoir ses pouvoirs de Shazam (Zachary Levi), être rendu surpuissant par la magie.
Les sept péchés capitaux, de la magie, des ados qui se transforment en adultes, des démons et des dieux grecques : on dirait un délire de mec bourré, et c’est au spectateur de décuver devant ce scénario navrant. La mise en scène de l’intro passe à peu près, permettant d’un tant soit peu faire passer la pilule, et la connerie avec les flics est presque excusée quand on voit la raison du pourquoi. En vérité, le début marche à peu près : l’histoire de la famille d’accueil a du potentiel, même si pratiquement aucun personnage n’est développé, surtout le gros ; et la découverte des pouvoirs a ses bons moments. Mais très vite, dès qu’il s’agit de filmer de l’action ou de faire une démonstration de force des supers-pouvoirs, les coupes budgétaires font mal. Les démons sont immondes, une bouillie de pixels informe, et de manière générale les FX font très cheap, avec des fonds verts assez immondes. On se croirait devant un épisode de Smallville. Et comme d’habite, le dernier acte est juste un énorme combat interminable, démontrant en plus la lourdeur des transformations, l’absence de charisme du héros et la fausse bonne idée de la famille héroïque si les suites (car oui, deux suites sont déjà prévues) se concentrent sur Shazam, d’autant que le décalage ado/adultes ne marchera alors plus, à moins de sortir la suite très vite, la moitié du casting sera déjà adulte dans trois ans. Parfois amusant, l’humour est plus mal dosé que dans n’importe quel Marvel, et on se lasse assez vite. Bref, visuellement raté et passablement vide, le film n’a que peu de qualités. Warner tient là encore une saga morte-née.