Final Fantasy XV

Final Fantasy XV
2016 – 2018
XBoxOne/PS4 – PC

Présenté sous le nom de Final Fanatsy XIII Versus lors de l’E3 2006, le jeu avait l’air particulièrement prometteur à l’époque, se targuant de propulser la licence iconique des J-RPG dans le vaste monde des open-world, promesse particulièrement alléchante pour qui a souffert du dirigisme atroce de FF X et FF XIII. Seulement aujourd’hui les joueurs ont conscience qu’un trop grand terrain se rempli mal, et un compromis entre les deux est plus souhaitable tant la pléthore d’open-world pousse à devenir clostrophile. Le temps a passé, et face à une trop grande ambition le jeu est mort en 2012, après avoir englouti 150 millions de dollars de budget, renaissant sous la forme d’un nouvel opus qui aboutira quatre ans plus tard. À sa sortie, certains critiques furent dithyrambiques, d’autres assassines, mais avec le très bon film d’animation Kingsglave je voulais y croire, loin de me douter qu’il s’agissait là du plus mauvais Final Fantasy de toute l’histoire.

Graphismes : 12/20

Voilà une note qui pourrait sembler très dure, mais même poussé au maximum le jeu peine à faire mieux que FF XIII sorti six ans avant. Si en terme de technique le moteur est légèrement au dessus, le reste pêche malheureusement beaucoup. En terme de mise en scène, le grandiose n’est que rarement présent, concentré sur les combats divins et la phase finale, mais même là le spectacle est gâché par une caméra à la ramasse, le jeu ne possédant pratiquement aucune cinématiques, pourtant spécialité de Square-Enix, tout étant géré en direct par le moteur du jeu, nous obligeant à cadrer nous-même avec le joystick. Le focus étant lamentable, certains passages comme le combat contre Léviathan sont complètent gâchés. Là où le jeu déçoit beaucoup, c’est aussi au niveau de l’inspiration. Le bestiaire est classique au possible, peu voir aucune surprise, et pour les chimères, devenu archéens bidule, on préférera largement le style baroque de FF XIII, autrement plus ambitieux côté mise en scène et direction artistique. Reste les décors, d’un banal confondant : du désert, quelques forêts, et à l’occasion quelques lieux plus originaux, mais trop rares. On pensera notamment à Tenebrae, sans doute le lieu le plus inspiré du jeu, aperçu brièvement dans le film et dont on ne passera pas la frontière dans le jeu, une amer déception. Même la ville de l’eau, magnifique de l’extérieur, est tellement atroce à visiter qu’on ne s’y attardera pas.

Jouabilité : 06/20

Si les FF n’ont jamais brillé par leur fun, au moins il y avait toujours un aspect stratégique plus ou moins poussé, et puis surtout c’était jouable. Voulant s’ancrer dans l’air du temps, le jeu passe du tour-par-tour (certes évolutif dans les précédents, surtout le XII qui était en temps réel avec auto-configuration des actions et gestion des esquives et impulsions en direct) au action-RPG plus dynamique, mais le studio a oublié tous ses fondamentaux. En l’état le jeu est d’une lourdeur et imprécision rendant la progression poussive et énervante. Il n’y a aucun auto-focus de la caméra, on tape au hasard ou en forçant le focus en restant à appuyer sur une touche, mais au moindre mouvement ennemi le focus est perdu et la caméra part en vrille, soit toutes les deux secondes, voir moins. La gestion des armes multiples est dans la pratique inutile, et les esquives et parades marchent de façon très aléatoire en fonction des priorité, soit pour ainsi dire jamais. La progression en expérience étant lente, on arrive très vite à des ennemis qui réduisent à zéro votre barre de vie en un coup, et dès le début jusqu’à la fin ça sera le cas d’absolument tous les boss du jeu. Vient alors le système de recovery, hérité directement des FPS et jeux en ligne : un de vos acolytes peut vous guérir, à condition de l’appeler, d’être à côté, et de prier pour qu’il fasse ce que vous lui demandez. Là encore, le taux de réussite frôle le zéro, faisant que votre ahuri/carbuncle miniature vous ranimera très très souvent, jusqu’à une bonne centaine de fois par boss dans la dernière ligne droite. Il faut dire que quand le système de parade / esquive ne marche pratiquement jamais, que la caméra vous empêche en permanence de comprendre ce qui se passe à l’écran et quand de surcroît le jeu est dénué de magie curative, vous passerez plus de temps mort qu’à vous battre, rendant les combats fatigants. Le gain d’expérience après une nuit de sommeil est une idée stupide, le sphérier de compétence est moins bon que celui de FF XIII, déjà en retrait par rapport à celui de FF X. Pour ce qui est des expériences annexes, la cuisine, les photos et la pêche nous rappellent les idées les plus foireuses des Zelda. Ah oui, mention aux trajet en voiture, une sombre merde incapable de dépasser les 30km/h, rendant les déplacement si insupportables qu’on préférera zapper les décors plutôt que de perdre un temps pas possible à traverser de vastes étendues la plupart du temps désertiques.

Durée de vie : 05/20

Le jeu peut se finir en 20 heures en ligne droite, et avec toutes ses quêtes annexes ceux qui en auront envie pourront atteindre les 100 heures (bravo le repompage des missions de chasse de FF XII… ), sans compter le jeu en ligne. Youpie ?! Eh bien non, loin s’en faut. Si dans l’absolu ces chiffres sont parfait, que ce soit pour ceux qui ont envie de prolonger l’aventure ou ceux qui veulent juste se concentrer sur l’histoire, dans la pratique tout ceci n’est qu’une immense supercherie. Quand dans les 15 heures de missions « principales » on se tape des balades en ville avec Tartempion et des infiltrations de bases à la recherche d’une voiture, c’est pauvre. En prenant en plus en compte que la plupart des missions consistent à aller récupérer des armes de rois dans des tombeaux et trois pouvoirs de chimère, dont deux en grottes et déserts (redondance des décors), et qu’en plus le chapitre le plus long consiste à évoluer dans un complexe où il faut récupérer des accès pour débloquer des zones, comme dans les pires jeux des années 90, marre c’est marre. D’où le 5/20 : sur 20 heures de jeu, il y en a grand maximum 5 d’à peu près intéressantes.

Bande son : 14/20

Honnêtement rien de marquant, l’habituel travail de qualité de la firme, en pas spécialement inspiré. Le mixage sonore est souvent à la ramasse, certains passages sont à la limite de l’audible tant la musique prend le pas sur les dialogues. Seul point véritablement probant : le doublage, de bonne qualité à quelques exceptions près, et puis cette bonne surprise d’un doublage intégralement en français, alors même que tout le monde s’en fichait mais l’attendait de pied ferme sur Kingdom Hearts 3, qui en est dépourvu. Voilà de l’argent rudement bien investi…

Scénario : 05/20

Il y aurait tellement à dire ! Quatre gars aux tronches de chanteurs j-pop qui poussent une voiture puis font une mission random pour pouvoir repartir, voilà qui est une sacrée introduction… De tout le jeu on ne reverra aucuns des personnages de Kingsglave, les incohérences entre deux sont énormes (genre la perte des pouvoirs), et on apprendra pas ce que Noctis faisait en fauteuil roulant, alors même qu’on revoit un flashback où il était dedans. Bravo la communication entre les équipes ! La quasi intégralité du jeu sera un pèlerinage en quête de pouvoir, un copié-collé de FF X qui n’en aura ni la substance ni l’aura, la magie laissant place à du post-apo pauvre, et le combat spirituel pour redonner espoir à l’humanité, ravagée par Sin, n’est ici qu’une simple querelle entre deux lignées de la famille royale avec un mégalomane fou qui veut plonger le monde dans les ténèbres. La bande de pote qu’on suit est un condensé de stéréotypes, et on n’explorera jamais le passé d’aucun d’eux. Pire, la romance de Noctis et Lunafreya est inexistante, ce sont simplement deux amis d’enfance qui ne se reverrons que dix ans plus tard quand cette dernière va mourir au début-milieu du jeu, échouant à créer une quelconque empathie pour un personnage qui – en dehors du film – n’aura été présente qu’une poignée de minutes. Le monde est vide et la confrontation avec les dieux dénuée de toute substance, loin du complot effrayant de FF XII et à des années lumières de la quête du libre-arbitre de la trilogie FF XIII. Même les missions annexes les plus insipides de Mass Effect Andromeda avaient plus de saveur.

Note Globale : 08/20

Je ne voulais y croire et pourtant, ma licence vidéo-ludique préférée n’est plus que l’ombre d’elle-même. Sacrifiant son originalité pour se vautrer dans le moderne, le jeu dévoile un open-world monstrueusement vide, et le système de combat est tout simplement atroce, tout sauf intuitif, à la précision perfectible et massacré par une caméra en permanence à la ramasse. Le jeu enchaîne les missions ennuyeuses en piochant allègrement dans son historique, reprenant tel quel les concepts de pèlerinage ou de chasse des opus PS2. La mise en scène est ratée, mais de toutes façons l’histoire qui nous est contée est de loin la moins intéressante depuis trois décennies. Une histoire minable, étirée par des mécaniques redondantes et des déplacements d’une effroyable lourdeur. Alors que le film Kingsglave était une prouesse technique avec quelques bons personnages et une histoire qui tenait à peu près la route, le grand jeu, plus gros budget de l’histoire et ayant nécessité près de douze ans de développement, n’en vaut clairement pas la peine. Un jeu qui ne fait pas honneur à sa saga, qui suscite désormais plus d’engouement quant à la ressortie de remakes et remasters de leurs anciens jeux tant la qualité ne cesse de décroître, surtout en terme de narration. Un triste déclin…

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