Sonic le film


Sonic le film
2020
Jeff Fowler

Dans cette pauvre année amputée de nombreux blockbusters, certains décalés à 2021, d’autres purement sacrifiés et tristement distribués en streaming, Sonic fut le dernier à jouir d’une sortie à peu près normale avant la catastrophe planétaire économique du Covid19. Bien sûr, le film pouvait prétendre à bien plus que les 306 M$ glanés, car le film était encore largement distribué au moment des fermetures, et on aurait pu tabler entre 350 et 400 millions de dollars dans le monde en fin de carrière, mais il reste encore troisième plus gros succès de l’année et une suite est déjà programmée.

Adaptation de la saga vidéoludique éponyme culte, le film partait assez mal. Il est l’égérie d’une gamme de consoles éteinte, et les ventes de jeux ne sont plus ce qu’elles étaient il y a 20 ans. De plus, la première version du design du héros fut tellement décriée que le film fut repoussé de plusieurs mois pour refaire sa modélisation. Logiquement un tel couac aurait dû en refroidir plus d’un, mais le service marketing a frappé très fort en faisant passer le changement de design pour un acte fort, une amande honorable à l’écoute des fans. Ou comment faire passer un rattrapage catastrophique pour un merveilleux cadeau.

Y a t-il vraiment un scénario dans les jeux Sonic ? N’ayant joué qu’aux premiers sur Megadrive, mise à part le style du personnage, sa capacité à courir vite et son antagoniste emblématique, pas vraiment, donc le film avait le champ libre. On y découvre donc notre Sonic comme une créature extraterrestre aux pouvoirs démesurés, attirant la convoitise d’un mystérieux groupe, obligeant sa mère à l’abandonner très jeune sur une bien étrange planète : la Terre. Après des années à se tapir dans l’ombre, il finira par attirer l’attention sur lui, amenant le terrible Docteur Robotnik (Jim Carrey) à le traquer. Il trouvera refuge auprès d’un policier du coin, Tom (James Marsden).

Ayant délaissé les jeux de la franchise depuis près de deux décennies, je n’avais aucune attache particulière au personnage, et que ce soit la VF ou l’idée d’en faire un body movie à destination du jeune public, je n’avais aucun grief contre le film. Sans parler de déception puisque je n’avais aucune attente, il est néanmoins difficile de se montrer convaincu. L’histoire est assez pauvre, on évoque d’autres planètes, d’autres espèces, mais rien n’est développé. On ne sait rien non plus des pouvoirs de Sonic, que ce soit leur nature, leur fonctionnement. Les ficèles scénaristiques sont aussi sacrément énormes, à grand coup de « comme par hasard » faisant avancer l’histoire sur des rails. Pour autant, ça n’empêche pas le film de rater complètement la gestion du personnage principal, Sonic, qui ne suscite à aucun moment les réactions attendues. Comment les gens peuvent-ils rester aussi calmes ? Pourquoi n’ont-ils pas plus de curiosité vis-à-vis de cet extraterrestre ? La scène du bar est à se taper la tête contre les murs, et nombre de passages censés être drôles sont justes malaisants. Le film est donc une abomination ? N’allons pas jusque là, les effets spéciaux sont correctes, certains passages sont amusants, la relation Tom / Sonic marche assez bien, et même s’il en fait des caisses, Jim Carrey est très bon dans son rôle. Les scènes d’actions sont efficaces, et même si on soupir plus d’une fois, le film se laisse voir. Un divertissement parfois bancal, parfois correct, mais souvent banal.

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