Thor Love And Thunder


Thor Love And Thunder
2022
Taika Waititi

Dire que le film était attendu serait un doux euphémisme. Après la douche froide qu’a été la suite de Doctor Strange qui promettait beaucoup trop et ne faisait quasi rien, Marvel n’avait pas le droit à l’erreur, et c’est pour ça que suite à l’excellent succès commercial de Thor Ragnarok, il a été confié à son réalisateur un quatrième opus pour le dieu nordique, une première dans le MCU alors que la liste des postulants pour avoir droit à son film ne cesse de s’allonger. Vu le nombre de protagonistes grossissant toujours plus avec de nouvelles franchises adaptées et des séries sur Disney+ qui espèrent passer un jour par la case cinéma, avant que le film ne sorte, les chances de voir le dieu de la foudre prospérer ad vitam aeternam et avoir encore et toujours d’autres films solo étaient quasi nulles, donc il fallait un bouquet final magistral, et entre l’un des meilleurs comics adapté et un budget pharaonique de 250 M$, sans compter des bande-annonce clairement prometteuses, malgré une phase IV très certainement la pire de toutes jusqu’à présent, l’espoir de voir l’un des tous meilleurs films du MCU était bien là. Trop comme toujours.

Mesdames et messieurs, tremblez car voici l’une des plus grandes menaces de toute l’histoire des comics : le surpuissant et déterminé Gorr (Christian Bale), le boucher des dieux. Après avoir imploré ses dieux de sauver sa fille (pas de femme ici), à la mort de cette dernière, le simple et inoffensif Gorr va être choisi par la Nécrolame, la lame tueuse de dieux. Une épée qui s’est forgée elle-même dans la haine des dieux, et qui se nourrit de créatures mortelles partageant sa haine des dieux pour les posséder et que leurs mains deviennent celles qui abattront son courroux. Après avoir sillonné l’espace avec les Gardiens de la Galaxie (Peter Quill (Chris Pratt), Rocket-Raccoon (Bradley Cooper), Groot (Vin Diesel), Drax (Dave Bautista), Nebula (Karen Gillan) et Mantis (Pom Klementieff)) pour trouver un sens à sa vie, Thor (Chris Hemsworth) va apprendre que Gorr sillonne lui aussi l’espace en quête de dieux à tuer, et qu’il s’apprête à frapper New Asgard sur Terre, désormais protégée par Valkyrie (Tessa Thompson) et Jane Foster (Natalie Portman), devenue Mighty Thor.

Comme toujours, trop d’attente mène à une grande déception, et elle fut rude pour de nombreux fans du MCU, au point que le film a tout simplement les pires critiques en 29 films. Il faut dire que les sujets de mécontentement sont légions, et le ressenti est d’autant plus fort que le sujet risque de ne plus jamais être adapté du vivant de tous, car entre la hype autour des prochains projets et des annonces incroyables promettant un nouvel âge d’or en 2025, laissant encore une bonne décennie de profit avant peut-être un déclin hypothétique dans 20 ans, et il faudrait alors au moins 30 ou 40 ans pour voir le MCU être rebooté puisque les nouvelles têtes d’affiches sont très jeunes, voir des enfants, et que le comics sur Gorr le boucher des dieux est trop colossal pour être adapté dès l’épisode 1 ou 2, donc non, sauf grande surprise, personne ne verra une autre adaptation de son vivant.

Alors tout d’abord, en quoi est-ce un ratage ? Commençons avec Gorr : la menace est tout sauf palpable. Mise à part la scène d’ouverture dont on reparlera après, il ne tue tout simplement aucun dieu de tout le film, et ne fera qu’une seule attaque sur Terre, assez faiblarde, et ne ripostera que mollement deux fois suite à des assauts de Thor. C’est risible, il aurait fallu au minimum une ou deux attaques massives pour montrer toute sa violence, et pourquoi pas une scène de meurtre de masse avec la mort d’un personnage important, voir Thor lui-même (j’y étais préparé personnellement vu que la menace n’est pas loin d’égaler Thanos dans les comics). Ensuite, on a le cas des « Asgardiens de la Galaxie », un arc de reconstruction du bro-Thor vendu à la fin d’Avengers Endgame, et qui finalement sera balayé très vite ici, comme à peu près tout. La transformation de Jane en Migthy Thor aurait dû être un événement dantesque, et ce n’est pas le cas, la première transformation sera même coupée. Tout l’arc sur Omnipotencecity ne servira qu’à introduire Hercule, dont le père incarné par Russell Crowe est lamentable. L’incroyable passage en noir et blanc vendu comme le climax du film ne l’est pas, c’est une courte séquence peu épique, et pas de gros combat épique de tout le film d’ailleurs, aucun combat mémorable ou même un tant soit peu sympathique. De même, nombreux se sont plaint de l’humour, très marqué et ayant tendance à faire des ruptures de ton parfois déplacé.

Passez votre chemin, c’est donc une sombre merde ? Eh bien malgré tout ça, loin s’en faut même. Alors oui, Gorr n’a ni la puissance ni l’aura des comics, mais la scène d’ouverture est dantesque et Christian Bale fait un travail remarquable avec le peu de matière qu’il a. Honnêtement, s’il n’y avait pas la déception de la comparaison avec le comics, on serait sur un assez bon méchant du MCU, dans le top 10 des films sortis jusqu’alors. La disparition éclair des Gardiens de la Galaxie n’est pas si dérangeante, même si oui, on aurait aimé plus de complicité, et pourquoi pas les revoir venir aider lors d’un affrontement final. L’arc sur Jane est touchant, voir très bon lors de certains flashback, et il faut bien dire que le traitement de Mjolnir (le marteau) comme un vrai personnage, au même titre que Stormbreaker (la hâche) est un pur régal. Probablement ce que j’ai préféré du film tant l’humour est efficace, souvent juste à propos, et la relation entre Thor et ces armes est à la fois touchante, drôle, et importante par rapport au développement psychologique du personnage. C’est globalement riche visuellement, plein d’idées et dynamique, mais ça reste si dommage pour un tel potentiel non exploité, et pitié arrêtons avec la technologie pitoyable des murs écran, c’est peu détaillé et sans la moindre profondeur de champ, donc sans le moindre grandiose. On aurait dû avoir un chef-d’œuvre, on devra se contenter d’un bon film.

 

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