Jurassic World : Le Monde d’après


Jurassic World : Le Monde d’après
2022
Colin Trevorrow

Mythique saga cinématographique, Jurassic Park était revenu à la vie en 2015 avec un premier Jurassic World, quasi remake du premier film, mais apportant une critique du monde moderne assez pertinente, tout en offrant du grand spectacle de qualité. Une bonne surprise, qui vue ensuite Fallen Kingdom, sa suite en 2018, y apporter une touche plus sombre, plus horrifique, tout en assurant le spectacle dans la première moitié. Sans révolutionner le genre, on restait sur du divertissement de qualité, et on nous vendait du grand, de l’immense pour la conclusion de la trilogie : les dinosaures ont désormais conquis le monde, ils sont partout !

Plutôt que d’effectivement parler de comment le monde apprend à vivre avec des créatures gigantesques et particulièrement féroces, le film va nous pondre une histoire écologique pour le moins prévisible et peu passionnante : Bionesix (ou truc du genre), méga entreprise ayant réussi à négocier un contrat d’exclusivité mondiale pour la garde et l’étude des mastodontes du paléolithique, serait potentiellement aussi responsable d’une mutation de sauterelles qui saccagent toutes les récoltes, sauf celles utilisant des graines Bionesix. Comme par hasard ? Non, pas pour le trio d’origine, Ellie Satler (Laura Dern), Alan Grant (Sam Neill) et le professeur Malcolm (Jeff Goldblum). De leur côté, Owen (Chris Pratt) et Claire (Bryce Dallas Howard) tentent de récupérer le clone du dernier film,  capturée par de mystérieux ravisseurs.

Alors que le film partait sur de bonnes bases, promettait de ramener ni plus ni moins que les trois acteurs iconiques de la trilogie originelle, de placer non plus un « simple » T-Rex dans la ville comme dans le second opus, mais TOUS les dinosaures, le film arrive à ne pas tenir réellement ses engagements, et foirer tout ce qu’il entreprend dans des largeurs que peu de films, même en se sabotant volontairement, ont « réussi ». Commençons par le « scénario » : le grand groupe industriel très très méchant qui veut devenir encore plus riche et encore plus méchant. Les fils sont tellement énormes que ça ne tient pas deux secondes. On sait instantanément que bien évidemment, le coup des récoltes, ce sont eux. Que l’enlèvement, le braconnage, limite ils sont responsables également du réchauffement climatique, de l’inflation, de la hausse du prix de l’essence, tout, ne cherchez pas plus loin. Du manichéisme outrancier. Mais c’est presque là le point le moins raté du film…

Pour un film de 160 millions de dollar de budget – certes moins que les deux précédents (200 et 170 M$ respectivement) – il est aberrant de voir que les effets spéciaux sont si hideux. Après trente ans d’évolution technologique, on a jamais aussi peu cru à leur présence qu’ici, les FX sont un ratage quasi historique, une fluidité d’animation ignoble, des appareils dans le ciel glissant avec un naturel digne d’une animation movie maker d’il y a 20 ans fait par un enfant découvrant le montage vidéo. C’est tout simplement indigne d’un film à aussi gros budget, indigne d’un film sortant en 2022, indigne de la franchise. On notera également des dialogues d’un niveau préoccupant (un grognement en guise de réponse, des échanges vides, un scientifique expliquant exactement tout et son contraire), des musiques d’un raté ahurissant (gros boum en guise de suspense, du bruitage digne d’un nanar des années 60, même le thème historique est saccagé). Les acteurs cachetonnent, personne ne semble faire correctement son métier. Et bigre, que c’est long ! 2h40 pour ça ! Et au final, une seule scène avec des dinosaures vraiment en ville, à Chypre, pour de la course poursuite basique insipide. Le reste est du décor fond vert sans le moindre reste de concret, d’animatronix. La réalisation est charcutée, jamais grandiose, souvent peu lisible.

Cerise sur l’étron, on pourra également citer des références d’un subtil peu commun, de la voiture avec le T-Rex, Malcolm faisant diversion, la « bombe de chantilly », le lézard à collerette. Tout y passe. A la moindre occasion, le film essaye de faire son maximum pour balancer des clin d’œil à la limite du re-pompage, n’hésitant pas à appuyer cela avec la musique comme un spectacle comique à l’époque du cinéma muet. Navrant… Naufrage visuel, naufrage narratif, naufrage artistique. Sans l’ombre d’un doute le blockbuster le plus pitoyable de la décennie.

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