Les Animaux Fantastiques : les Secrets de Dumbledore
2022
David Yates
Films pour enfants pour les deux premiers, saga d’ados pour les opus 3 à 5, la franchise Harry Potter a su évoluer avec son public, devenant plus sombre, plus mature, plus grandiose, aboutissant sur des chef d’œuvre pour les opus 6 à 8, de loin mes préférés. Mise à part le 3, moins populaire, presque tous ont dépassé la barre des 900 M$ au box-office pour un total de 7,7 milliards, sans compter les ventes physiques (plus de 2 milliards rien qu’aux Etats-Unis) et surtout les produits dérivés. Une des plus grosse franchise de l’histoire que seul le MCU bat à l’heure actuelle, c’est dire à quel point il était absolument hors de question pour la Warner de laisser dormir une telle machine à billets. C’est ainsi que le studio laissa carte blanche à l’autrice J.K. Rowling pour inventer une nouvelle franchise basé sur cet univers.
Après un premier opus très prometteur, Les Animaux Fantastiques trébucha dès sa deuxième itération. Apprécié des fans, le premier récolta plus de 800 M$, un score honorable, mais la suite, Les Crimes de Grindelwald, peina à convaincre. Mettant certes en scène un méchant charismatique (mon avis sur ce second volet s’est d’ailleurs adouci, de par la comparaison avec ce troisième opus), le film souffrait d’un rythme trop mou, d’un manque voir d’une absence d’enjeux, de sous-intrigues éreintantes et inutiles, de fan service vide et d’une écriture globalement mauvaise. Avec en plus les déboires de son antagoniste principal, aucune étoile n’était alignée. La chute fut violente, terminant sa course à 648 M$, à la limite de la rentabilité. Entre une sortie repoussée par deux fois pour deux ans de retard, l’antagoniste remplacé de façon injuste avec un procès lui donnant raison à peu près au moment de la sortie, des rumeurs de reshoot pour offrir une fin à la saga et arrêter les frais dès ce troisième film alors que cinq étaient initialement prévus, tout laissait présager un désastre. Et avec une chute encore plus spectaculaire pour tout juste 404 M$ dans le monde, ça n’a pas loupé, et c’est amplement mérité.
L’histoire tient sur un timbre post : Grindelwald (Mads Mikkelsen) veut se faire élire président du monde des sorciers, comptant sur Croyance (Ezra Miller) et Queenie (Alison Sudol) pour l’aider, tandis que Albus Dumbledore (Jude Law) va faire appel à Norbert Dragonneau (Eddie Redmayne), son frère et Jacob (Dan Fogler) pour essayer de l’en empêcher.
Tous les problèmes du second, en pire. Ce troisième volet, certes avec un casting prestigieux et de belles images bien mises en scène, s’éparpille encore plus pour encore moins d’impact dans la grande histoire. On va partout, il y a une pléthore de protagonistes pour bien nous perdre comme il faut, et la subtilité se fait encore plus la malle. Pour ceux qui en doutaient encore, Grindelwald est ni plus ni moins que le pendant sorcier de Hitler. Tout dans les décors, la posture, la façon de procéder et l’objectif final faussement dissimulé, tout fait écho à l’histoire du chancelier allemand. C’est d’un grossier et d’un grotesque… Plus encore, le film s’appelle « Les Secrets de Dumbledore », alors même que tous les « secrets » étaient déjà bien connus et peu passionnants. Oh mon dieu, il aime les hommes ! Il faudrait que le film soit sorti il y a au minimum 50 ans pour que cela soit un tant soit peu pertinent. Tout est long, l’histoire de Croyance est usante, Tina (Katherine Waterston) fait à peine un caméo, alors même que sa romance avec Norbert était le fil conducteur des deux premiers longs-métrages. Et bien sûr, toute cette histoire ne va nulle part, rien n’a d’impact, pire que pour le précédent. La fin potentielle de la saga avec ce film n’était qu’un mensonge destiné à faire venir une dernière fois le public en salle, car en vérité aucune intrigue n’est de près de loin achevée. Face à l’échec commercial et la politique de liquidation à la limite de la mise en faillite de la Warner, on ne s’étonnera pas que dans la boucherie actuelle, la saga est définitivement enterrée. Si les prémices étaient bons, on sentait que ça n’allait nulle part, donc je ne m’attristerais pas de cette mort prématurée.