Glass Onion : une histoire à couteaux tirés


Glass Onion : une histoire à couteaux tirés
2022
Rian Johnson

Qui dit film d’enquête dit généralement film policier, mais rarement détective. Hérité des Agatha Christie et autres Hercules Poirot, le principe du mystère à résoudre est assez rare de nos jours, et c’est pourtant là une belle occasion de briller avec un scénario retord et intelligent, laissant planer le doute jusqu’à la révélation qui vous retourne le cerveau et vous fait dire qu’il ne pouvait en être autrement. Succès surprise de 2019, A couteaux tirés avait su séduire le public, tapant dans l’œil de Netflix, qui craqua complètement en proposant de racheter la franchise pour 400 M$, soit plus que les recettes totales du premier (312 M$). Le concept est assez classique et pour ma part le premier film était assez foutraque, donc la hype d’en faire une saga me laissait perplexe.

Quand la fiction devient réalité, ou presque. Excentrique milliardaire et inventeur de renom, Miles Bron (Edward Norton) va convier ses amis (incluant Kathryn Hahn, Kate Hudson, Dave Bautista et Jessica Henwick) pour un week-end dans on île paradisiaque. Le thème ? Sa mort, fictive bien sûr, et sur laquelle il faudra enquêter. Étonnamment convié également, Benoit Blanc (Daniel Craig), le détective mondialement connu, sera aussi de la partie.

Autant le premier m’avait moyennement convaincu à cause de sous-intrigues inutiles, fausses pistes vides et personnages bouche-trou, tout en palliant quelques défauts par une fin efficace, c’est ici exactement le contraire. Le début fonctionne très bien en construisant son mystère, posant ses pions de ça et là, puis une fois un nouvel axe de lecture révélé, la construction s’explique de belle manière. Le scénario est assez grisant et maîtrisé pendant les trois premiers quarts, puis c’est le drame. Sans parler de révolution ou de chef d’œuvre, l’enquête dans son ensemble est solide, le casting très bon (on passera néanmoins sur quelques caméos trop importants en terme de notoriété pour ne pas les justifier), le décor hightech caliente dépaysant. J’y croyais fort. Puis l’air de rien, tout part en vrille, on envoie valdinguer la logique et la formidable construction établie. Du grand n’importe quoi fatiguant, laissant de fait un goût de sabordage à la toute fin. Le potentiel est là, le film a quelques fulgurances et on est pas passé loin d’une franche réussite, mais il faudra se contenter d’une belle enquête bien ficelée, mais mal négociée dans son dernier virage.

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