Là où chantent les écrevisses


Là où chantent les écrevisses
2022
Olivia Newman

Passé complètement inaperçu en France avec son titre loufoque, certes hérité du roman de Delia Owens dont le titre original est une fidèle traduction (Were the Crawdads sing), il s’agit pourtant d’un des plus grands succès de cinéma indépendant de l’année avec 140 M$ dans le monde, dont un gigantesque 90 M$ rien qu’aux Etats-Unis. Un succès dû à un maintient phénoménal, et effectivement, on ne peut que s’incliner.

On suivra l’histoire de Kya (Daisy Edgar-Jones), jeune femme de 25 ans accusée de meurtre, quand son seul crime est d’être différente. Née dans une famille très modeste dans des marais, de par son père alcoolique et violent, sa mère, ses sœurs et son frère partirent les uns après les autres. Trop jeune et terrifiée, elle restera seule avec son père, jusqu’à ce qu’il disparaisse à son tour. Une petite fille, grandissant seule dans la nature, devant se débrouiller elle-même pour survivre.

J’avoue que le début m’a moi-même terrifié, et je n’étais pas sûr d’avoir envie de voir ce genre de film. Un meurtre / accident ? Puis on découvre une pauvre jeune fille à la vie terrible, douloureusement marquée par un passé solitaire et difficile. Quand vient des prémices amoureux, ni une ni deux, traumatisé par les Jane Eyre et autres adaptations de J. Austen dont l’écrasante majorité sont d’une tristesse sans nom aux fins à se couper les veines, j’imagine l’accident bête, la querelle, un élément perturbateur, et pour finir un couple séparé à jamais. Qu’importe les avis des autres, pour ma part une histoire qui se fini mal pour les protagonistes, dont la conclusion est un échec irrémédiable, c’est un récit dénué d’intérêt. Le cinéma, la littérature, tout doit avoir du sens, un but. Le nihilisme m’ennuie au plus haut point. Mais je digresse, car rassurons-nous, cette épée de Damoclès ne s’abattra pas sur nous cette fois.

Reprenant beaucoup de Forrest Gump, le film nous narre l’histoire d’une personne différente, à la vie pas toujours reluisante mais avec ses bons moments. Rejetée par certains, d’autres entreront dans sa vie, voyant au delà de la sauvageonne pour découvrir une amoureuse de la nature, intelligente et passionnée. L’actrice est formidablement bien choisie, incarnant parfaitement à la fois l’animal du marais et cette douce femme s’éveillant à la vie, rustre, atypique, mais incroyablement charmante. On s’attache, on s’inquiète de ce qu’il pourrait advenir d’elle, de son mode de vie. Une odyssée douce et amer, possédant la richesse d’une vie peu commune, nous faisant voyager aussi bien spirituellement qu’émotionnellement. La réalisation est magnifique, l’écriture soignée, réussissant à nous surprendre jusqu’à la toute fin. Si je devais avoir un reproche, hormis le procès où l’on aurait aimé un traitement plus approfondi, serait un certain choix sur une partie de la fin. Sans trop en dévoiler, on aurait aimé quelques fruits à rajouter au tableau pour un plus grand sentiment d’accomplissement. Un beau film sur l’art de vivre, et si la recette du bonheur dépend de chacun, tant qu’on trouve la réponse à notre présence ici bas, c’est la seule chose qui compte.

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