AKA


AKA
2023
Morgan S. Dalibert

Probablement perdu dans les limbes des productions depuis de très longues années (il est fait mention de PS4 et de Wii, ce qui laisserait supposer une écriture vieille de dix ans minimum, la seconde console ayant été retirée du marché depuis dix ans déjà), il est certain que le carton planétaire de Balle Perdue aura poussé Netflix à s’intéresser à cet autre film d’action français mettant en vedette le désormais reconnu Alban Lenoir, nouveau Bebel des temps modernes, ou du moins qui en rêve. En tous cas sa carrière sur Netflix est sans pareille : après avoir tout d’abord raflé le statut du film en langue française le plus vu de la plateforme avec le fameux Balle Perdue, il a battu son propre record par deux fois, d’abord avec Balle Perdue 2, puis en doublant le score avec le AKA dont il est question ici. Fort.

Aka, acronyme anglais « Also Know As » voulant dire « alias », fait écho à ce qu’on appelle travailler sous couverture dans le milieu policier. Spécialiste du genre, Adam Franco (Alban Lenoir) va être engagé par le commandant Kruger (Thibault de Montalembert) pour s’infiltrer dans le milieu de la drogue et du grand banditisme, car la police soupçonne le mafieux Victor Pastore (Eric Cantona) d’avoir prit sous son aile l’ennemi public numéro 1, le terroriste Moktar Al Tayeb.

Encore du film d’action policer français, mais je dois avouer que j’ai largement préféré le scénario qui y est développé. Dans l’absolu, le principe même du policier sous couverture est une hérésie : on demande à un représentant de la loi de passer du côté obscur, renier tous ses principes et vivre avec des gens qu’il déteste par nature, qui représentent tout ce qui va mal dans notre société, sacrifiant des mois, parfois des années de leur vie à se mettre quotidiennement en très grand danger, tout ça pour faire tomber des gens dont on savait déjà toute la dangerosité. Outre Atlantique, on se s’embêterait pas, on balancerait tout ça à Guantanamo ou autre pour tout faire avouer à grand renfort de torture, puis basta. Mais force est de reconnaître que dans une justice sclérosée qui n’a pas vraiment le choix, ce sacrifice est d’autant plus admiratif qu’il nécessite un sacré talent de la part de l’infiltré pour jouer un rôle de chaque instant. Au niveau cinéma, cela crée une forte tension, beaucoup de suspens, et avec en prime un gros côté action bien bourrin, ça donne une dynamique particulièrement percutante. Dans certaines thématiques, le côté loup solitaire surentraîné inarrêtable, la réalisation virevoltante, on tend parfois vers de l’efficacité à la Taken, bien que son héros restera un cran moins charismatique et que l’action n’ira pas jusqu’à un tel niveau de virtuosité. Une belle surprise donc, compensant quelques faiblesses d’écriture par une grande maîtrise dans le rythme et la mise en scène.

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