Black Phone


Black Phone
2022
Scott Derrickson

Fuyant le navire sombrant du MCU où la suite de son Doctor Strange lui fut enlevée pour un résultat au mieux décevant, le réalisateur retourne à ses premiers amours : le cinéma d’horreur. Carton plein et critiques positives, chose assez rare dans un genre si difficile à renouveler et où les sous-productions bancales sont légion, de quoi attiser la curiosité, d’autant que l’intrigue va venir titiller notre fibre nostalgique à la manière d’un Stranger Things.

L’histoire prend place dans une petite ville américaine classique, durant les années 80 semble-t-il. Entre les mystérieuses disparitions d’enfants angoissantes et une adolescence difficile, jusque dans son cercle familial avec une mère décédée et un père (Jeremy Davies) alcoolique violent, la vie de Finney (Mason Thames) était déjà peu reluisante, mais le sort va s’acharner puisqu’il va être la nouvelle victime d’un psychopathe (Ethan Hawke) à l’origine de toutes les disparitions précédentes. Isolé dans une cave lugubre, il ne pourra compter que sur un téléphone noir capable de recevoir des appels de l’au-delà.

Plus que d’agiter la carte de la nostalgie, le film y met les formes : image terne, pellicule pleine de grains, tout dans l’image fait écho à cette époque lointaine. Et c’est aussi pourquoi la série Stranger Things marche à ce point, que la première partie de It était bien meilleure et que globalement l’idée de faire un film d’horreur à cette époque est pertinent. A force d’en faire un doudou réconfortant, berceau de presque toute la pop-culture où la vie semblait – et était objectivement – tellement plus simple et bienveillante, vouloir nous y plonger, nous amadouer, pour mieux renverser la situation avec de l’angoisse, c’est certes facile, mais carrément brillant. Mais au delà de ce simple postulat, le film est particulièrement bien fait et prenant, nous embarquant dans une histoire sordide pleine de rebondissements. Et là où le film marque aussi des points, c’est qu’il n’est pas débilement gore ou gratuit dans sa démarche, c’est de l’horreur non visuelle, plus sensorielle. Le seul reproche, outre la relative banalité de l’histoire de fond, c’est l’absence d’impact de certaines sous-intrigues, notamment la sœur. Plus d’imbrication ou de retournements auraient été appréciés, mais ne boudons pas notre plaisir, les films d’horreur de cette qualité se font rares.

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