Atlas
2024
Brad Peyton
De gros méchas bien badass et une menace bien d’actualité : l’IA. De quoi espérer un grand spectacle avec un fond de réflexion bienvenu, mais avec Netflix il faut savoir raison garder tant leur propension à pondre du divertissement un peu vide est une plus qu’une habitude, c’est presque leur marque de fabrique. Et effectivement, ça ne ratera pas.
Dans un futur relativement proche, une IA nommée Harlan (Simu Liu) va devenir incontrôlable, décidant d’anéantir une partie de l’humanité puis d’en asservir l’autre pour la protéger d’elle-même. Faute de pouvoir mener son projet à bien d’emblée, il va fuir vers une planète inconnue. 28 ans plus tard, le général Boothe (Mark Strong) va réussir à localiser cette dite planète pour y lancer une offensive et mettre fin à la menace Harlan. Fille de la scientifique qui avait créé l’IA, Atlas (Jennifer Lopez) va également embarquer dans le projet, voulant plus que quiconque mettre fin à ses agissements.
A peine le film démarre qu’il y aurait tant à dire. Encore une histoire d’IA folle qui contourne les lois de la robotique sur « protéger l’humanité » en « protéger cette dernière d’elle-même ». Admettons, d’autant que l’idée de prendre Simu Liu comme méchant faisait sens tant il a fait énormément de mal au MCU avec son Shang-Chi de merde, mais malheureusement son charisme et son jeu d’acteur seront toujours dans le négatif. Ensuite, le « 28 ans plus tard » qui fait bien rire tant JLO se rajeuni de carrément 16 ans, alors qu’en plus le début n’arrête pas de dire qu’elle est vieille, ce qui du coup n’a pas de sens. Eh puis merde, autant être fière d’être encore si belle à plus de 50 ans ! Dans le même ordre de connerie, tout le principe de cet univers est que l’IA est devenue une menace, sans que l’on sache pourquoi elle a dérapé, mais on continue de se servir d’autres IA. Vraiment ?! Pour ce qui est des méchas, c’est peu original, et il faut aussi parler du souci des effets spéciaux. Déjà sans âme et semblant sortir tout droit d’une IA, décidément, ces derniers semblent rushés, comme s’il manquait une couche de modélisation : une texture pas crédible, pas de particules, pas de lumière photo réaliste et encore moins de réflexion cohérente de cette dernière. Sans dire que c’est moche, c’est impersonnel et pas fini.
Plus encore, c’est toute la réflexion autour du concept qui pose problème. Autant dans Westworld (analyse et critique à venir des quatre saisons d’ici peu) on peut comprendre d’une certaine mesure que les robots aient été pensés comme des individus et qu’ils ont appris à s’identifier comme tel, autant dans la globalité de la réflexion d’IA autonome au sens population, le consensus Geth de Mass Effect est un aboutissement obligatoire. Pourquoi conserver des individualités quand la logique voudrait un partage des connaissances pour une entité partagée ? Il est évident que le principe même d’unité perdrait très vite en sens : pas d’individu, nous sommes légion. Mais bien sûr, le film est très loin de se genre de réflexion, il n’en a certainement pas la prétention. D’ailleurs, il est très douloureux de comparer le film au traitement dans Andromeda, les deux ayant au cœur de leur récit la coopération homme / IA, le meilleur des deux mondes, mais ici rien de très novateur, juste une aide militaire surtout, là où le mal aimé spin-off avait des fulgurances extraordinaires, que ce soit pour le conseil, la diplomatie ou la communication, en permettant d’avoir un traducteur intégré directement dans son cerveau. On gardera néanmoins à l’esprit que la comparaison est évidemment injuste : même en faisant abstraction des missions secondaires, le scénario d’Andromeda se bouclant en difficilement moins de 40 heures, soit 20 fois plus que le film, ce qui permet de développer des histoires assurément plus abouties et profondes.
Quand le sujet a un tel potentiel, il est donc difficilement pardonnable de voir un traitement si superficiel, mais même en prenant une approche purement décérébrée de divertissement brut, le résultat reste très mitigé. Visuellement pas dingue, le film est aussi avare en action, se perdant inlassablement dans de l’exposition pas très fine, et quand enfin ça se fout sur la gueule, c’est assez mou et mal filmé. C’est bien simple, je n’ai pratiquement pas pensé une seconde au film en le regardant, me passant complétement au dessus tant chaque situation ou inspiration graphique (la trilogie Mass Effect, Andromeda ou encore Edge of Tomorrow) sont très très largement en sa défaveur. Pas honteux, juste fait à l’arrache et totalement écrasé par le poids de ses illustres modèles.