Slumdog Millionaire


Slumdog Millionaire
2009
Danny Boyle

Vu à l’époque, il y a déjà plus de 15 ans, j’avais gardé en mémoire un film sympathique sur une belle leçon de vie comme quoi il faut toujours garder espoir, mais pas du tout. J’étais alors persuadé qu’il s’agissait d’une histoire vraie, mais non, une émission de télé en Inde n’a jamais permis à un pécore des bidonvilles de sortir de sa misère. En réalité, l’histoire est tirée d’un livre autrement plus cru, bien plus proche d’un Capharnaüm tant la violence y est plus forte, et surtout le héros n’aura jamais aucune raison d’avancer, si ce n’est ce farouche réflexe de survie. Une vision passée sous les paillettes d’Hollywood pour un film bien plus aseptisé loin de mériter la pluie de récompenses ahurissantes, ayant glané aux Oscars de meilleur réalisateur, meilleur film et meilleur scénario entre autres.

Jamal Malik (Dev Patel) est sur le point de rafler le prix ultime à l’émission de télé « Qui veut gagner des millions ? », chose improbable tant les questions sont censées éliminer quasi d’emblé le petit peuple, ne dépassant jamais les premières questions. Alors que l’émission diffusée en direct s’arrêtait juste avant la toute dernière question, laissant le suspens entier pour le lendemain, la police (Irrfan Khan) va l’interpeler pour l’interroger face à une triche jugée évidente. Pourtant, Jamal va clamer son innocence, invoquant une chance phénoménale que chaque question était liée à un événement si marquant de sa vie que la réponse était gravée en lui, comme dictée par le destin.

Passons rapidement sur l’aseptisation du roman : pour que le film soit plus digeste pour le grand public, beaucoup de passages plus dramatiques et violents ont été éclipsés, avec donc moins de questions dans l’émission pour éviter que le film ne soit trop long, avec quelques réécritures causant des incohérences. On pense notamment à son adoption dans le livre, de par un pasteur australien, expliquant pourquoi un gamin des bidonville à priori totalement inculte, parle couramment anglais. C’est un point incompréhensible dans le film, d’autant qu’il n’y a pas été adopté pour le coup. Mais le plus gros changement est de lui donner un fil conducteur, un love interest pour le motiver à avancer dans la vie malgré toutes les adversités : Latika (Freida Pinto). Les hasards et coups du destin sont un peu gros, mais c’est effectivement un bon enjeu pertinent. Reste deux gros soucis au scénario : l’amitié avec son mousquetaire n’a aucun sens tant c’est un pourri qui n’a de cesse que de trahir tout le monde, et puis les questions de l’émission sont affolantes de facilité. Mise à part celle sur le record de baseball, aucune des questions posées n’aurait atteint le second pallier (48K) des questions de la version française, et 100% des gens à partir de 9 ans aurait la réponse à « l’ultime » question. Si le présentateur est si agacé de voir du pécore à son émission, c’est à se demander si tous les « érudits » repartent systématiquement avec le jackpot. Ridicule… Reste après une plongée désagréable dans la misère indienne, ne suscitant jamais l’intérêt du moindre touriste, mais au contraire provoque un sentiment de besoin urgent de tout raser ou bruler. La construction du récit et la folle détermination amoureuse sont des moteurs réussis, mais clairement le film est à un niveau de surcotage ahurissant. Dire que le film a gagné aux Oscars face à des monuments comme The Dark Knight, Benjamin Button et Wall·e

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