Thunderbolts*
2025
Jake Schreier
Il faut sauver le soldat MCU. Il y a eu l’excuse du Covid pour expliquer des chiffres en demi-teinte, bien que face à une déferlante comme No Way Home la justification serait plutôt un désintérêt du public face à de plus petits films moins ambitieux, ou avec moins de fan service. Mais la réalité est plutôt à chercher du côté de la qualité : personnellement, la phase III culminait à 3,7 étoiles de moyenne, alors que les phases IV et V furent des désastres, chutant respectivement à 2,8 puis 2,4 étoiles (et peu ou prou la même chose côté séries). Et quand enfin un bon film se présente, le public fuit en masse : malgré des notes très bonnes, avec l’inflation c’est tout simplement le pire score historique du MCU avec à peine plus de 380 M$.
Il faut dire que le projet avait de quoi refroidir pas mal : une équipe historiquement à la botte du méchant de Captain America 4 (point non respecté, donc choix de titre étonnant / débile à la justification à la limite du foutage de gueule), qui se bat avec The Marvels pour la place de pire film de tout le MCU, et le film est aussi relié de près à Black Widow, l’un des films les plus ennuyeux et oubliable parmi les 36 films à ce jour, mais également la série Falcon & Le Soldat de l’hiver, pas bien glorieuse non plus, sans compter un « méchant » de Ant-Man 2 que tout le monde a oublié qui revient également. Difficile donc de s’enthousiasmer autour d’un projet réunissant le pire de tout Marvel, qui ne respecte même pas le principe de base des Thunderbolts nous resservant la sauce moisie de team B de méchants en fait gentils à la Suicide Squad. Et pourtant.
Suite à la destitution du président, une absence d’Avengers clairement identifiés ou vraiment puissants, Valentina Allegra de Fontaine (Julia Louis-Dreyfus) avait un boulevard pour prendre le pouvoir, décidant donc pour son image de mettre fin à tous ses projets potentiellement incriminants, et tuer au passage tous ses agents impliqués : Yelena (Florence Pugh), US Agent (Wyatt Russell), Ghost (Hannah John-Kamen) et Taskmaster (Olga Kurylenko). Seulement leur élimination ne va pas se passer comme prévu, le projet Sentry (Lewis Pullman) va être découvert et ils vont recevoir de l’aide de Red Guardian (David Harbour) et Bucky (Sebastian Stan). Mais quelle est la vraie nature du projet Sentry ?
Eh beh, miracle ! Vu les prémices du projet, la chute libre du MCU en général et l’équipe peu reluisante au programme (hormis Yelena vue dans l’une des rares bonnes séries, Hawkeye, mais jamais citée ou mentionnée), que le film soit bon tenait du pari improbable, et le pari est en plus remporté haut la main. Si on aura une pensée émue pour Taskmaster, immense foutage de gueule, le traitement des personnages est réussi, arrivant à donner pas mal de profondeur à tous ces personnages, la plupart à la base tertiaires, au mieux secondaires. Oser parler de dépression / suicide en sujet principal d’un blockbuster à 180 M$ de budget issu de la plus importante saga cinématographique de l’histoire, c’est assez dingue. Visuellement, pour une fois ça a de la gueule, les effets spéciaux sont crédibles et la mise en scène a enfin de l’ampleur, voir de la grandeur. Les effets du Void sont incroyables, aussi brutaux que poétiques, et ça faisait longtemps que je n’avais pas vu dans le MCU des images si travaillées. Plus encore, le casting est bon et arrive même à montrer le côté hors des sentiers de ce groupe qui n’hésite pas à tuer. Pourtant, la claque n’est pas totale, la faute à deux défauts majeurs : aucun méchant de tout le film, juste un combat interne, et de fait pas de climax non plus. C’est le souci face à un film sans super héros aussi abusé qu’un dieu, voir juste des surhommes est décevant, d’autant que leur légère supériorité ne se ressent pas assez dans les combats. Néanmoins, avoir enfin du vrai cinéma fait du bien, ça reste une grande réussite, mais son échec était aussi triste que prévisible.