Fast & Furious X


Fast & Furious X
2023
Louis Leterrier

Et de onze… Dix films principaux, et un spin-off. Alors que tout le monde est à peu près d’accord pour dire que la saga aurait s’arrêter avec le septième, dont la formule commençait déjà à s’essouffler à force de pallier infranchissable dans la surenchère, la saga a voulu tirer sur la corde tant la machine à cash tournait à plein régime. Il faut dire que la franchise a tellement évoluée qu’elle ne se ressemble même plus, passant de film de malfrat / courses de rue, à du grand cinéma d’espionnage aux ambitions démesurées pour la bêtise et légèreté des débuts. Pour ma part, si j’ai aimé les huit premiers opus, la saga est devenue trop mainstream dès le quatrième volet, et encore plus à partir du cinq. Nous avons perdu la simplicité, le fun des courses, au profit de sous Mission Impossible lambda, gagnant en cascade et épique au sacrifice d’un scénario faiblard. Heureusement, le calvaire touche bientôt à sa fin, la saga devant s’achever par un spin-off en 2024, puis le XI en 2025, sauf décalage par rapport à la grève. Et quand on a déjà vu les neuf premiers et le spin-off, autant aller jusqu’au bout.

Conscient que Fast Five est pour beaucoup considéré comme le meilleur film de la saga (et objectivement, c’est vrai, se battant avec Furious 7 pour le titre, bien qu’au niveau plaisir de revisionnage, les trois premiers sont largement au dessus personnellement), c’est donc en se raccrochant à ce dernier que la saga est censée se terminer. Sorti de nulle part et ayant attendu toutes ces années pour une obscure raison, Dante Reyes (Jason Momoa) a décidé de se venger de la famille (Dominic Toretto (Vin Diesel), Roman (Tyrese Gibson), Letty (Michelle Rodriguez), Ramsey (Nathalie Emmanuel), Han (Sung Kang), Mia (Jordana Brewster) et Jakob (John Cena)) qui a volé et tué son père.

Après la catastrophe du neuvième opus, les dérives ahurissantes sur les salaires gonflant le budget à 340 M$ (Brie Larson aurait apparemment touché 10 M$ pour deux jours de tournage), le réalisateur et scénariste claquant la porte en plein tournage, un yes man appelé en renfort alors que l’acteur principal s’improvisait réalisateur, sur le papier le naufrage était annoncé. Et encore une fois, on nous sort d’un chapeau magique un antagoniste « là depuis longtemps alors qu’on ne le savait pas ». Une écriture incroyablement mauvaise, annonçant déjà la couleur. Partant de là, il n’y avait pas une marge terrible pour faire encore pire, et on remonte presque un peu la pente. Oui, l’histoire est encore complètement à chier, mais elle ne sera pas polluée par des flashbacks toutes les trois secondes comme le précédent, donc c’est déjà ça de gagné sur le rythme. On aura pas mal de scènes d’action sympa, notamment celle à Rome. On est content de revoir furtivement Deckard (Jason Statham), on s’en fout de sa mère (Helen Mirren), Cipher (Charlize Theron) pas mieux, et comme d’habitude on nous ressuscite du cul un personnage qu’on croyait mort,  Gal Gadot. Comment croire à la mort de qui que ce soit dans des conditions pareilles ? Le niveau d’écriture est d’ailleurs constamment gênant entre les gens qui n’étaient pas là mais qui savent quand même une information qu’ils ne devraient pas savoir, ou encore le traitement de Brian, héros des premiers volets et mort tragiquement en 2013, mais qui est censé être encore en vie dans les films. Or non seulement son absence est injustifiable, mais depuis sa mort les films font régulièrement des passages touchants clin d’œil, qui dans le cadre du film n’ont aucun sens. Si la question morale de réutiliser son image comme pour finir Furious 7 se pose, il a plusieurs fois était question de le faire revenir de la sorte depuis, et il faudrait réellement le faire pour le tout dernier volet, la saga le lui doit. Reste à savoir ce que proposera le spin-off avec le retour de Hobbs (Dwayne Johnson) teasé en fin de film ici, mais il est peu probable que la saga n’arrive à proposer une fin plus satisfaisante que ce qu’aurait été la fin si tout s’était arrêté avec Furious 7.

Une suite très mal écrite encore une fois, un méchant qui en fait des caisses, un raccrochage nostalgique arriviste, mais un bien meilleur rythme, des cascades plus « réalistes » malgré des incohérences de taille. On s’ennui donc, et les heures de gloires semblent bien loin, mais on limite les dommages pour un spectacle presque correct. La suite ne laisse que peu d’espoir quant à une fin à la hauteur, et il aurait tellement mieux valut que l’acteur investisse son temps et son argent sur la prochaine aventure de Riddick tant le potentiel est bien plus grand. Un projet constamment confirmé mais en attente depuis dix ans. Avec un score au box-office à peine supérieur à 720 M$ malgré un contexte infiniment meilleur que le Fast & Furious 9 sorti en plein Covid qui fit quelques millions de plus avec un budget tiers de moins, on devrait tout de même voir la fin de tout ça, mais voilà qui calmera les ardeurs du studio quant à un trop plein de spin-off ou suites. Il faut vraiment que tout ça s’arrête à force.

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Shazam! La Rage des Dieux


Shazam! La Rage des Dieux
2023
David F. Sandberg

Comment un tel projet a t-il pu voir le jour ? Alors que le premier Shazam était tout juste regardable, à la limite du supplice, et alors que son score était pas loin d’être lamentable, tant au niveau box-office que critiques, une suite a bel et bien vu le jour. Une vaste blague quant on sait que l’excellent et bien plus rentable Man of Steel n’a jamais eu de suite, et alors qu’on savait l’univers DCEU enterré depuis des mois, cette suite a débarqué dans l’indifférence et la souffrance. Le studio ne croyait tellement pas en son film que toute la campagne marketing s’est axée sur le combat avec le dragon (arrivant de le dernier acte) et la présence de Gal Gadot en Wonder Woman, à savoir l’avant-dernière scène du film. De fait, tout le monde en est ressorti déçu, et le démarrage timide a abouti à l’un des pires maintient de l’histoire, et le film fut bazardé en VOD après seulement deux semaines en salle, un massacre absolu aboutissant à un désastre financier colossal. 133 M$ de recettes (donc à peine 60 M$ après frais de distribution) pour 125 M$ de budget (donc probablement dans les 200 M$ après coûts marketing), donc une perte sèche d’environs 150 M$, le plaçant sans problèmes dans le top 10 des pires échecs commerciaux de l’histoire. Sachant à quel point cet univers m’indiffère, c’était donc dans l’objectif de sonder les abysses de la créativité que j’appréhendais ce film.

Retour en Grèce Antique… Comme pour le premier film, Billy (Asher Angel) alias Shazam (Zachary Levi) va se retrouver confronté à des dieux grecques, en l’occurrence des déesses : Kalypso (Lucy Liu), Hespera (Helen Mirren) et Anthea (Rachel Zegler).

Mise à part divers sujets traités avec une légèreté proche de l’anecdote comme le syndrome de l’imposteur, la famille de super-héros ou la peur de l’abandon (car les subventions pour une famille d’accueil s’arrêtent quand l’enfant devient adulte à 18 ans), il n’y a absolument rien à dire de plus sur le scénario, minimaliste au possible. Et comme prévu lors de ma critique du premier film, les ados / enfants sont quasiment tous adultes ici, donc le décalage de transformation n’a plus aucun intérêt, à supposer qu’il y en avait un. Pire, déjà ridicule avant, Zachary Levi devient insupportable tant il se comporte comme un gamin de huit ans alors qu’il devrait conserver sa mentalité adulte une fois transformer. Le voir régresser mentalement à chaque transformation, ça n’a aucun sens, c’est le seul à en souffrir, et disons les choses clairement, l’acteur est juste nul. En plus d’être un connard fini doublé d’un faux-cul de merde dans la vraie vie, il confond infantilisation et abrutissement, jouant les ados comme des attardés hyperactifs. Littéralement un autiste de huit ans, alter ego adulte d’une déjà adulte de 18 ans, dont l’interprète a atteint la vingtaine.

Pour autant, ce sous Percy Jackson – qui était déjà peu glorieux, montrant que transposer les mythes grecques aujourd’hui est décidément une mauvaise idée quand le budget ne suit pas (bien que même quand l’époque est la bonne et que le budget est énorme, Le Choc des Titans s’était quand même planté) – n’est pas non plus une catastrophe absolue. J’aurais même tendance à le trouver un peu moins éclaté au sol que le premier, que ce soit grâce à la moindre présence du héros au profit de Mr Tous pouvoirs dont son amourette est mignonne à défaut de ne pas avoir été écrite avec le cul, et surtout pour la menace du film. Assurément l’une des moins impressionnantes de l’histoire des films de super-héros, mais parmi ceux encore pire se trouvait le premier Shazam dont je n’ai gardé quasiment aucun souvenir en dehors de gargouilles mal modélisées et d’un combat risible entre deux tentes d’une fête foraine. Ici, je dirais même que les effets spéciaux sont presque bons, avec un dragon classique mais réussi. Globalement les enjeux sont inexistants, le héros raté, les méchants déjà oubliés, mais l’ensemble tient la route – sauf l’arrivée de Gal Gadot qui n’a aucun sens, typiquement le Deus Ex Machina sortant de nulle part pour aucune raison – et déçoit moins de par l’absence d’intérêt du projet. J’imagine mal des quelconques fans de cet univers ou du premier film, et mieux vaut passer son chemin, mais ça n’est assurément pas le pire film de super-héros jamais vu.

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Le Challenge


Le Challenge
2023
Gene Stupnitsky

Genre à peu près mort depuis des années, la comédie-romantique fait rarement des percées au box-office, et voici l’un des très rares rescapés. Certes bide total en France avec à peine plus de cent mille entrées, le film a cartonné aux Etats-Unis avec plus de 50M$, un score que maximum un ou deux films du genre atteignent par an. Il est vrai que si l’affiche est composée à moitié par un parfait inconnu, l’argument de vente était puissant avec une Jennifer Lawrence un peu en perte de vitesse, mais qui a assurément marqué le paysage cinématographique des quinze dernières années.

Vivant depuis toujours dans un coin devenu subitement une ville très touristique où les prix flambent, notamment une taxe d’habitation devenant ingérable, Maddie (Jennifer Lawrence) va se retrouver en difficultés financières pour garder la maison de sa mère. Elle va alors accepter une mission peu banale du haut de ses 32 ans : décoincer et dépuceler un ado de 19 ans, embourbé dans la bourgeoisie et quelques peu reclus sur lui-même alors que sa rentrée pour l’université approche où il ne pourra plus compter uniquement sur papa (Matthew Broderick) et maman.

Une femme dans la trentaine se rapprochant d’un ado par arrivisme, cela rappelle énormément 20 ans d’écart, et la comparaison fait mal. Malgré tout le charisme et la beauté de Jennifer Lawrence, la crevette effacée qui lui donne la réplique fait pâle figure à côté de l’un des meilleurs acteurs de sa génération pour la version française. La scène du piano ne suffira pas à le rendre réellement intéressant. L’histoire aussi sort un peu plus de nulle part et semble plus forcée. Le film force le trait, est assez frontal et graveleux dans son humour, et si globalement le rythme est bon, on sait que le potentiel n’est pas pleinement exploité. Tout est cousu de fils blancs, et bien qu’on suive le tout sans déplaisir, au contraire, le film est léger, amusant et efficace, mais sans grande originalité, et la comparaison n’est pas à son avantage tant 20 ans d’écart fait tout en mieux, sur absolument tous les points. Pourquoi pas pour divertir un soir, mais à part la scène de la plage, le film va vite sombrer dans l’oubli.

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Crazy kung-fu


Crazy kung-fu
2005
Stephen Chow

A deux un an après le succès de Shaolin Soccer qui avait réussi à légèrement dépasser les frontières d’Hong-Kong pour atteindre les 42 M$ pour un budget quatre fois inférieur, et restant à ce jour son plus gros succès en France, son réalisateur signait un retour tonitruant avec une comédie d’action ayant marqué son époque avec le fameux « gang des haches », dépassant le seuil symbolique des 100 M$, dont 17 M$ aux Etats-Unis (contre largement moins de un million pour son précédent film, ce qui représente une hausse spectaculaire, certes sorti avec deux ans de retard). Si depuis le réalisateur / acteur a encore marqué l’histoire, notamment avec The Mermaid qui fut le premier film de l’histoire à atteindre les cent millions d’entrées et 500 M$ sur le seul sol chinois, au niveau international c’est probablement son film le plus connu et reconnu. Comme quoi, on regardait pas mal de merdes quand on était petits…

L’histoire est aussi bordélique qu’improbable : le terrible gang des haches sème la terreur partout. Réellement partout ? Non, une troupe d’irréductibles gaulois paysans vont leur tenir tête grâce à des experts en kung-fu.

Bigre que le film a atrocement vieilli. Dès la scène d’ouverture, les incrustations sur fond vert avec multiplication numérique des figurants arraches les yeux, mais ça ne sera rien face aux ralentis, combats et effets spéciaux d’un autre âge. Difficile à croire que le film n’a même pas 20 ans tant on se croirait devant une série B des années 70, max 80. J’ai peut-être rit enfant devant la course de Bip bip et le Coyote, mais plus maintenant. Le film explose constamment le compteur de gêne, de bêtise et d’absurdité, sacrifiant aussi souvent que possible la cohérence. Certains diront que le film est incroyablement généreux, fou et débordant d’idées de cinéma. Et dans l’absolu ce genre d’histoire et de délire serait probablement bien passé en animation ou avec un budget très costaud, mais pas là, pas en live avec des acteurs rincés et un budget n’arrivant pas à grand chose. J’ai souffert tout du long, hermétique à l’humour, gêné par les effets spéciaux, exaspéré par le cabotinage outrancier. Et quand bien même, l’histoire n’a aucun sens, il semblerait que plus un personnage est laid, vieux et sans charisme, et plus il possède des pouvoirs divins. Le personnage « principal », qui ne le devient qu’à vingt minutes de la fin, possède une évolution de personnage absurde, passant immédiatement de connard fini à réincarnation de Bouddha en l’espace d’une minute sans aucune raison. Adulé pour son délire absolu ou sa nullité nanardesque, le film est devenu avec les années une purge qui a perdu toute sa saveur.

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Les Chatouilles


Les Chatouilles
2018
Andréa Bescond, Eric Métayer

Un peu passé inaperçu lors de sa sortie en salles avec moins de 400 000 entrées, le film a pourtant reçu de nombreux prix par la suite, dont meilleur adaptation et actrice secondaire aux Césars, et globalement la qualité de la réalisation, du scénario et le casting en général ont largement été salués. J’ai longtemps hésité avant de me plonger dans ce récit, pensant que si le film n’avait pas su déplacer les foules, c’était peut-être que son si grave sujet n’était pas traité assez durement ou efficacement. En réalité, c’est probablement l’inverse : que la violence du sujet a sévèrement freiné les potentiels spectateurs, qu’importe la qualité, au contraire même si la fiction se rapproche trop de l’horreur de la vérité.

On suivra le parcours d’Odette (incarnée par Andréa Bescond une fois adulte), qui restera profondément marquée par un événement traumatisant de son enfance. Depuis ses huit ans environs et pendant plusieurs années, alors qu’elle habitait encore chez ses parents (Karin Viard et Clovis Cornillac) avant de partir pour le conservatoire de danse, elle fut régulièrement violée par le meilleur ami de la famille, un certain Gilbert (Pierre Deladonchamps), quadragénaire, marié et père de trois enfants. Un choc terrible qu’elle tentera de surmonter avec une psy (Carole Franck).

Le titre fait référence à la technique de manipulation terrible qu’exercera le prédateur sur une petite fille sans défense, ne comprenant pas ce qu’il se passe, sous l’emprise d’un adulte censé représenter une figure de confiance, et qui s’en servira pour assouvir les pires pulsions. Le genre de manipulation qui fait tristement écho à certains scandales récents comme l’affaire Norman, à base de pervers narcissique, abusant de sa position et contrant les rejets par des « fait pas ta gamine » faisant froid dans le dos. Et ici l’horreur est plus violente encore de par le statut très très jeune de la victime, bien loin de toute notion de puberté. Et le film osera pousser les choses très loin, montrant clairement à l’écran les actes de viols, allant bien plus loin que de simples « chatouilles ». Juste monstrueux.

Pour ce qui est du film au delà de ce point, essentiel et fort, on sera un peu en dents de scies, tout en retombant sur nos pattes. L’optique du film est de montrer à quel point ce traumatisme aura marqué Odette, l’empêchant d’avoir une vie normale à cause du stresse, des angoisses, de son point de vue ayant pour point de départ une enfance brisée. De fait, c’est encore plus violent que de voir la petite fille devenir une racaille droguée, alcoolique, faisant absolument n’importe quoi avec sa vie. Usant, mais nécessaire pour montrer l’impact, puis le chemin de reconstruction. Car oui, si certains ne s’en remettent jamais, d’autres peuvent s’en sortir, notamment par la parole, par avouer ledit traumatisme. Un chemin de croix commençant donc par les séances avec la psy, trouvant régulièrement sur sa route de belles personnes comme Grégory Montel, décidément exceptionnel, débordant d’humanité et de bienveillance dans tous ces rôles. Alors oui, on ne voulait pas la voir sombrer adulte, ce sont des passages affligeants du film, mais nécessaires pour l’ensemble.

Il faut donc parler de la reconstruction, accepter ce passé enterré, caché comme une honte, alors même que la victime n’a fait que subir. C’est dire le niveau de violence psychologique qu’engendre ce genre de violence physique. Comme le début est cru et fait plus que suggérer les atrocités, le dernier acte ira au bout de la démarche, ne laissant donc pas le spectateur frustré, ce qui est parfois un partit prit pour montrer que la vie est injuste et tout ne se règle pas toujours. Un parti prit que j’aurais détesté, étant jusqu’auboutiste, mais ce n’est heureusement pas le cas. On dit souvent qu’un film se juge sur ce qu’il nous fait ressentir, et qu’un mauvais film est un film qui ne provoque rien en nous, si ce n’est l’ennui. Eh bien on peut dire qu’on ressent énormément de choses tout du long : peur, angoisse, frustration, énervement, colère, indignation, exaspération, le spectre est large. Comment ne pas être fou de rage face au comportement abject de connasse snobinarde de la mère notamment ? Un rôle qui effectivement va tellement bien à Karin Viard, et tout le casting excelle dans l’ensemble. Un sujet essentiel, pas évident à encaisser et le film ne sera pas tendre avec le spectateur, s’attardant très majoritairement sur les abysses de l’humanité, donc soyez prévenus.

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À la recherche du bonheur

À la recherche du bonheur
2007
Gabriele Muccino

Après avoir marqué les années 90 et début 2000 avec pléthore de films d’action ou des comédies ayant pratiquement tous été d’immenses succès, Will Smith sortait de sa zone de confort pour ce que beaucoup considèrent comme un tournant majeur, montrant qu’au delà d’une belle gueule de Dumbo charismatique, le showman en puissance pouvait aussi se révéler être un excellent acteur dans un registre totalement inédit. Tièdement accueilli par la presse, le film fut là encore un immense succès avec plus de 307M$, un score colossal pour un drame intimiste sur un père et son fils. Et pour dire à quel point le film a marqué, le film a généré pratiquement 100M$ sur sa seule sortie DVD sur le seul sol américain. Si l’acteur aura dû attendre 15 ans de plus pour finalement décrocher son Oscar du meilleur acteur, c’est bien à cette occasion qu’il a prouvé qu’il le méritait.

Adapté d’une histoire vraie, le film retrace le chute libre d’un homme, Chris Gardner (Will Smith). Issu de milieu modeste, malgré un parcours scolaire exemplaire, il n’a jamais pu faire d’études, et son projet pour faire fortune était d’investir dans de l’équipement médical. Seulement voilà, ledit équipement était certes à la pointe de la technologie, mais bien trop cher pour le peu d’amélioration proposé. Un stock difficile à vendre, des factures qui s’accumulent, la perspective d’un stage improbable dans le milieu de Wall Street avec une seule offre d’emploi pour vingt candidats et six mois non payés  : sa femme (Thandie Newton) épuisée va craquer et claquer la porte, le laissant seul avec son fils (Jaden Smith). Le début d’un long combat entre rage de vaincre et précarité extrême.

Peut-être plus vraiment le cas aujourd’hui, comme ça ne l’ai plus en France depuis les années 90, mais fut un temps où qu’importe à quel point la vie était dur, quelqu’un qui voulait s’en sortir pouvait s’en sortir. Le principe de la méritocratie : si on veut, on peut, à condition de s’en donner les moyens. Aujourd’hui les moyens humains deviennent les moyens financiers, et le mérite humain n’a plus sa place. Donc voir un film sur la dureté de la vie, mais un homme qui essaye de rester debout, pour lui et surtout pour son fils, c’est juste incroyable. Comment garder espoir et ne pas craquer quand la vie s’acharne ? Courage, abnégation et détermination : le film véhicule de belles valeurs, et les acteurs délivrent des prestations d’une rare intensité, à tel point que je m’étais demandé si le fait de reformer le duo père/fils de la vraie vie n’était pas une lettre d’amour à son propre père, et que le film soit adapté de l’histoire du grand-père donc, incarné par le fils. Mais non, c’est bien une histoire vraie, mais aucun lien de parenté autre que celui des acteurs. L’histoire est captivante, pleine de rebondissements et d’exploration de la misère humaine si rude qu’on retiendra notre souffle, au point qu’on pourrait presque dresser un parallèle d’efficacité avec Forrest Gump. Dans les rares points négatif, on citera juste la mère, fantôme trop évincé qui s’en lave les mains avec un calme ahurissant.

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Tyler Rake


Tyler Rake
2020
Sam Hargrave

Let’s back in the 80′ ! Porte étendard des films « Netflix Originals », le film est constamment cité parmi les plus populaires de la plateforme. Si c’est désormais chose courante, il y a trois ans, que Netflix sorte une production 100% maison à « gros budget » (65 millions de dollars) avec une grosse star en tête d’affiche était un événement, d’autant que le film sortait moins d’un an après le succès colossal d’Avengers Endgame, donc la popularité du fameux Thor du MCU ainsi que mettre en avant que le film est produit et écrit par ceux derrière le plus gros succès de tous les temps – avant d’être à nouveau battu par Avatar et sa troisième ressortie – peuvent expliquer le succès du film. Sans quoi, on se croirait devant un actionner classique des années 80.

Mercenaire spécialisé dans l’extraction (de gens ou de colis), Tyler Rake (Chris Hemsworth) a été engagé un certain Saju pour retrouver le fils de son patron mafieux, kidnappé par des criminels indiens. Seulement voilà, les kidnappeurs sont de mèche avec la police, de même que Saju, mais pas avec les kidnappeurs, voulant doubler les américains en leur laissant faire le sale boulot, récupérer l’enfant et garder tout l’argent de la récompense.

Derrière ce scénario foutraque de tout le monde qui trahi et double tout le monde, avec toujours comme unique motivation l’argent, on est sur du classique quasi dieu immortel face au reste du monde. Une mission de sauvetage seul contre tous, peu original mais maîtrisé. L’histoire est un peu prétexte et bordélique, mais côté action le film se veut très généreux, commençant directement dans le bain puis enchaînant quasi non stop tout du long. Le background est un peu forcé, les personnages trop lisses (à noter les présences de David Harbour et Golshifteh Farahani, mais vraiment anecdotiques), mais l’action est toujours lisible, la caméra virevoltante et ça fait le taf. La vraie originalité se trouve plutôt dans les décors, le cadre de l’Inde est assez novateur, bien que globalement interchangeable avec tout pays du tiers monde en situation d’extrême pauvreté. Du divertissement pure et dur, bourrin à souhait, sans pour autant être totalement une immense blague sur son scénario. Brouillon, mais pas si mauvais. A voir si la suite corrige les défauts d’écriture, mais au niveau technique le spectacle est assuré.

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Action ou vérité


Action ou vérité
2018
Jeff Wadlow

Même titre, même concept, même adaptation, mais pas même film et surtout pas même qualité. Six ans après l’atroce Action ou vérité, c’est cette fois le célèbre studio Blumhouse qui roule sur le genre horrifique depuis plus d’une décennie avec d’innombrables succès comme la saga Insidious ou les Conjuring, qui s’attaque au fameux jeu qui remonterait au début du XVIII° siècle selon les historiens. On pouvait difficilement faire pire que la purge catholique de 2012, donc la pression était pour le moins des plus faibles.

En plein Spring Break à Mexico, une bande d’amis étudiants va se laisser emmener par un inconnu dans une église abandonnée pour y jouer au dit jeu « action ou vérité », où le concept est donc de soit effectuer une action (souvent sexuelle vu le contexte des soirées alcoolisées) soit dire une vérité (bis repetita). Seulement voilà, même des jours après la soirée, le jeu ne s’arrête jamais, continuant inlassablement à harceler les participants au travers de manifestations surnaturelles, poussant toujours plus loin dans les actions à réaliser, les mettant un peu plus en danger ou leur entourage à chaque passage.

Le concept a toujours eu du potentiel, mais pour pousser l’idée plus loin, avec un principe de malédiction les poursuivant, le film embrassera pleinement l’horrifique et le surnaturel. Comme toujours, les jeunes ne le sont pas autant qu’ils le devraient (presque dix ans de plus que leurs personnages en moyenne) et sont des stéréotypes ambulants (l’ingénue, la chaudasse, la cruche, le BG, le pervers, le pédé, le manipulateur, … ), mais cela permet de vite les identifier pour se concentrer sur la menace invisible et froide comme la mort. En termes d’ambiance teen-movie, impact horrifique et qualité de réalisation, le film s’en sort très bien, à peu près au niveau d’un Happy Birthdead pour rester dans les productions du même studio. Plus angoissant peut-être d’ailleurs, le temps étant ici linéaire, chaque action a un impact définitif. Seulement voilà, impossible de faire l’impasse sur la fameuse fin, unanimement décriée à juste titre tant elle est débile et sort pratiquement de nulle part. Surtout qu’elle est incohérente avec le premier défi « vérité » sur le choix à faire entre deux masses de population, puisqu’au final le fin va à l’encontre absolue de ça. Un film très bon pendant 99% du récit, puis qui bascule dans un choix particulièrement néfaste à la toute fin. Dommage, mais le film reste malgré tout très divertissant.

 

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Les Evadés


Les Evadés
1995
Frank Darabont

Semi-échec commercial à sa sortie et pas spécialement acclamé par les critiques, le film a su gagner un statut culte avec le temps. Présent dans presque toutes les catégories aux Oscars, il reparti bredouille, mais gagna avec l’âge le cœur des spectateurs. Vu pour la première fois il y a plus de vingt ans, je ne l’avais encore jamais revu depuis, ayant forgé dans mon esprit l’image d’un plan d’évasion incroyable muri sur le long terme. Patience est mère de vertu. Mais depuis, moult d’excellents films du genre ont su se distinguer, et il était l’heure de vérifier si le maître du genre mérite encore ce titre.

Employé de banque marié et bien sous tous rapports aux premiers abords, Andy Dufresne (Tim Robbins) va être condamné à la prison à perpétuité pour le double meurtre de sa femme et son amant. Fou de rage, voyant sa femme avec un autre, il serait passé à l’acte ? Non, il clame son innocence, mais faute d’autre suspect, c’est lui qui sera envoyé au centre pénitencier de Shawshank pour y purger une peine jusqu’à sa mort. Il y fera notamment la connaissance de Red (Morgan Freeman), un des tauliers de la prison, là depuis près de trente ans.

Le film réussi pleinement son objectif : montrer que le criminel n’est pas toujours celui qui est pointé du doigt, que la justice est imparfaite à l’image des hommes, mais que la rédemption est toujours possible (d’où le titre original, The Shawshank’s Redemption). Le plan est vraiment excellent, on s’attache aux personnages, charismatiques et au passé intéressant, bien que pas tellement développé. Alors que le titre français vend quelque peu la mèche, on se demande toujours comment les choses vont évoluer, si Andy se domestique, s’il compte encore sur la justice ou non. Notre imagination ira peut-être trop loin, ce fut mon cas en croyant qu’il mentait au moins partiellement sur les enveloppes, mais aucune révélation à ce niveau là. Du plan assez « simple » au final, mais le vrai et unique problème du film sera son rythme. Pas vraiment de souci d’action ou de déroulé, mais un acte de trop au niveau du montage : celui du jeune Tommy. Tout ce pendant du récit sonne de trop, les thématiques sont redondantes, les points d’injustice soulevés étaient déjà acquis à la cause, ne faisant que rallonger l’attente du dénouement pour une histoire qui aurait été bien plus efficace avec une demi-heure de moins. Un grand film avec un casting excellent, une histoire captivante, mais un peu long dans son dernier tiers.

 

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Les Gardiens de la Galaxie 3


Les Gardiens de la Galaxie 3
2023
James Gunn

Bien que beaucoup y trouvaient un vent de fraicheur au MCU, et alors que je suis un très grand fan des films de SF dans l’espace, pour moi la saga des Gardiens de la Galaxie au sein du grand univers Marvel se situait jusqu’alors plutôt dans le bas du panier. Le premier est classé 24°, et le second opus 18° sur 32 films. Pas forcément toujours mon type d’humour, un héritage monstres de foire de la cantina de Star Wars pas souvent inspiré, et surtout un manque de réalisme face à des personnages quasi lambda sans réels pouvoirs, toujours victorieux face à des menaces qui devraient tellement les dépasser. Du divertissement sympathique avec quelques belles idées de décors ou mise en scène, mais pas de quoi révolutionner le genre.

Après quelques péripéties ayant décalé de trois ans la sortie du film suite à un studio bien prompt à licencier ses employés avant de platement s’excuser derrière puis réembaucher le réalisateur, l’attente était longue et importante, car outre le fait que le film se vendait comme la fin la saga, il s’agissait aussi pour Disney d’arrêter l’hécatombe. La phase IV du grand MCU s’est cassé les dents, enchaînant les contre-performances au box-office, même les succès comme Black Panther 2 et Thor 4 faisant largement moins que leurs prédécesseurs, et la qualité des films n’y est pas pour rien. Le seul immense succès ayant été Spider-Man No Way Home, mais sous l’écurie Sony de fait, pas Disney, se mangeant coup sur coup des retours de plus en plus désastreux sur leurs piètres séries Disney+, censées faire vivre encore plus leurs univers, mais se transformant en vilain caillou dans la chaussure. Pire que tout, le premier film de la phase V, censé promouvoir le nouveau Thanos, grand vilain du multivers, la thématique des phases IV à VI, Ant-Man 3 a été un naufrage critique, artistique et commercial, faisant office du plus gros échec pour le MCU en 15 ans d’existence. Une pression d’autant plus grande, puisqu’en plus de finir convenablement l’arc des Gardiens, il est surtout question de redorer le blason d’un univers en perdition.

Le film se focalisera sur Rocket Racoon (Bradley Cooper), grièvement blessé suite à une attaque d’Adam Warlock (Will Poulter), que tenteront de sauver les Gardiens, soit Peter (Chris Pratt), Groot (Vin Diesel), Drax (Dave Bautista), Nebula (Karen Gillan) et Mantis (Pom Klementieff). Leur quête les mènera sur les traces du Maître de l’évolution, l’homme à la base des modifications génétiques sur Rocket, bloquant de fait les soins possibles. L’équipe se verra obligée de demander de l’aide aux Ravageurs, qui ont récemment accueilli une certaine Gamora (Zoe Saldana).

Après pléthore de productions aux FX catastrophiques, retrouver un blockbuster reposant à ce point sur les FX tout en conservant toujours un très haut niveau de qualité visuel, c’est déjà un événement en soi de nos jours. Globalement on pourra dire à peu près la même chose que des deux précédents opus pour cet aspect : quelques décors vraiment beaux (notamment tout le secteur de Karja), un grandiose général, un effort semblant avoir été fait sur la construction en dur, quelques créatures bien modélisées, mais aussi encore et toujours cet héritage maudit de la cantina, donnant lieu à des maquillages indignes et des idées atroces. Place maintenant à l’histoire. La bande est devenue attachante à force, la dynamique fonctionne bien, et le passé de Rocket est vraiment exceptionnel. Des passages forts, attendrissants, tout en montrant toute l’ampleur de la monstruosité de l’antagoniste. Dans l’ensemble tout cela marche bien, mais trois points empêchent le film de vraiment décoller : le fameux Maître de l’évolution est caricatural au possible et s’avère peu mémorable ; Adam Warlock est une vaste blague ne servant absolument à rien, si ce n’est faire un bras d’honneur aux fans tant son personnage est saccagé ; et enfin la cohérence. En tant qu’être humain doté d’un cerveau fonctionnel, voir des explosions dans l’espace et des personnes se tenant tranquillement à côté de trous béants dans un vaisseau qui devrait imploser à la première faille, ce n’est juste plus possible. On passera aussi sur le bourrage au forceps de Kraglin, là uniquement parce qu’il est le frère du réalisateur tant son charisme est inexistant et son rôle ennuyeux.

Le film esquive de peu le statut d’excellent film, car les deux premiers tiers sont un quasi sans faute en dehors d’un Adam Warlock sacrifié : décors incroyables, images saisissantes par moments, et passé de Rocket captivant. L’humour est moins omniprésent et agressif, les enjeux sont présents et le côté émotionnel fonctionne fort. Puis on tombe dans les travers des batailles spatiales, scientifiquement à se fracasser la tête contre les murs, avec un dernier acte bien moins réussi. La fin manque elle aussi d’impact, comme si tous les héros étaient condamnés à revenir inlassablement jusqu’à lassitude, ou que mort s’en suive, mais l’happy end semble être exclu pour qui que ce soit dans cet univers. Une fin plus tranchée et radicale aurait assurément décuplé l’intérêt du film, qui reste certes clairement au dessus des deux précédents, mais qui ne connaîtra pas les hautes sphères des rares films du MCU à pouvoir être qualifié de vraiment excellents.

 

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