Bumblebee

Bumblebee
2018
Travis Knight

On pensait la saga Transformers invincible, destinée à perdurer pour des décennies, au point que quand le très décrié 4ème opus a dépassé comme son prédécesseur le milliard dans le monde, une équipe de scénaristes a été formée pour étendre l’univers avec des suites mais aussi des spin-off. Alors que celui était déjà en route, l’impossible arriva : le cinquième opus, le plus cher de tous avec 217 M$ de budget brut, récolta à peine la moitié de son prédécesseur, entérinant des ambitions visiblement trop grandes. Pourtant, sans valoir l’affrontement au sommet de La face cachée de la LuneThe Last Knight proposait les visuels les plus intéressants de la franchise, et sa seconde moitié était plutôt excellente, laissant entrevoir un sixième volet dantesque, bien que de belles pistes plus intelligentes et profondes aient été abandonnées. Au milieu de cette grande fresque démesurée qui a malheureusement perdu son public en cours de route, ce spin-off avait des airs de tout pour le tout : soit le naufrage allait être consommé, soit une renaissance allait en naître.

Prenant place dans les années 80, le film nous propose donc de découvrir ce qu’il est advenu du robot jaune emblématique Bumblebee avant sa rencontre avec Sam dans le tout premier film de 2007. Échappant à la guerre sur Cybertron, il avait pour mission de partir en reconnaissance sur la Terre et y implanter une base pour les Autobots. Seulement les Decepticons, sortis victorieux de la guerre et traquant leurs ennemis ayant survécu, avaient réussi à retrouver sa trace, l’ont terrassé et laissé pour mort. L’histoire du film prend place quelques années plus tard alors que la jeune Charlie (Hailee Steinfeld) va trouver une vieille épave de coccinelle qu’elle va remettre sur pied, épave qui va s’avérer être nulle autre que Bumblebee.

Un jeune, une vieille voiture qui est en réalité Bumblebee, l’affrontement Autobots / Decepticons : si la formule semble familière c’est tout simplement parce que c’est celle du premier épisode de la saga, d’autant que dans les deux cas l’ado est marginal et le robot deviendra rapidement son meilleur ami. Les 20 ans qui séparent les deux histoires n’ont pas un impact si important en terme d’ambiance, donc très vite l’intérêt de ce nouveau film se pose. Ce qui change vraiment, c’est la façon de faire et l’équilibrage. En effet, le style démesuré et cartoon du premier film semble bien loin, l’humour est ici plus léger, moins présent, se recentrant sur du drame humain et prenant bien plus le temps de développer ses personnages et les relations de chacun. Là où le premier accordait une bonne moitié à l’action avec des affrontements opposant une bonne dizaine de transformers, ici moins du tiers du film y est consacré et seuls deux decepticons viendront pour mettre à mal le pauvre Bumblebee, pour qui le premier contact avec nos congénères ne sera pas tendre. Un film moins tape à l’œil, avec moins d’enjeux d’envergure mais plus d’enjeux humains et une mise en scène mieux maîtrisée. Certes moins spectaculaire mais plus propre et lisible. De même, la jeune Hailee est plus dans la retenue et sa prestation impressionne, arrivant malgré sa grande indépendance et force de caractère à faire preuve d’une grande sensibilité à fleur de peau la rendant complètement irrésistible. Sa connexion avec le robot marche très bien, l’ambiance 80 est discrète et le film ne mise pas tant dessus, les personnages sont bien écrits, la réalisation passe bien et les FX font le taf et offrent du grand spectacle sans avoir besoin de partir autant dans le grandiloquent. Bref, le film corrige à peu près tous les défauts de la saga et pose de solides bases sur lesquelles le studio devrait miser s’il veut retrouver les grâces du public puisque le film a obtenu les meilleurs critiques depuis ses débuts. Personnellement j’avais réussi à passer outre l’humour abrutissant des premiers pour me concentrer sur un spectacle dantesque prenant une envergure magistrale dans le troisième volet, et si dans le futur la qualité de réalisation de Bumblebee pouvait se conjuguer avec l’envergure des précédents, l’avenir de la saga pourrait être rayonnante.

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Mass Effect Andromeda

Mass Effect Andromeda
2017
PC / PS4 / Xbox One

Tous les regards étaient tournés vers Bioware qui avait révolutionné le monde de la science-fiction avec une trilogie vidéo-ludique acclamée de par son excellence à toutes épreuves sur tous les points : beau à se damner, incroyablement fun, dynamique, doté d’une bande-son magistrale et surtout doté d’un univers à la richesse sans commune mesure, mettant en avant des protagonistes emblématiques dans une histoire brillante à l’envergure inégalable. Le chef d’oeuvre ultime prouvant que le jeux-vidéo peut s’avérer être la forme d’art suprême. Tout le monde aurait voulu garder jalousement ses personnages préférés avec lui en prolongeant l’aventure avec un quatrième opus, mais la diversité des fins de Mass Effect 3 rendrait impossible un quelconque prolongement tant l’univers peut connaître des fins radicalement opposées et il faudrait alors pouvoir rassembler au moins quatre jeux en un qui ne pourraient pas avoir grand chose en commun. Une problématique de taille qui ne pouvait avoir que trois solutions : raconter une histoire se passant avant, pendant (avec la possibilité de prendre en compte les expériences de chacun, ce qui serait énorme) ou après à l’unique condition d’imposer une fin, et tout le monde sera d’accord sur exploser le pilonne de droite. Finalement le studio va choisir une autre voix plus facile et qui leur accorde bien plus de liberté : raconter une histoire se déroulant 600 ans plus tard sans que l’on sache ce qu’il s’est passé (oh comme c’est pratique !). Bénéficiant de quatre ans de développement, le titre a en revanche connu bien des problèmes lors de sa conception avec une refonte quasi complète moins de deux ans avant la sortie, laissant paraître quelques craintes, qui seront malheureusement justifiées.

Graphismes : 14/20

Si le premier épisode n’était pas exempt de défauts, les opus 2 et 3 ont été des claques magistrales entre la direction artistique mettant à la rue toutes les références SF possibles, la modélisation au sommet de la technologie et une mise en scène bien plus spectaculaire que n’importe quel blockbuster vu au cinéma. Cinq ans plus tard, la direction artistique est toujours incroyable et les deux nouvelles espèces (les Angaras et les Kerts) sont classes, mais c’est à peu près tout. Alors que le jeu est deux fois plus gourmand en ressources (optimisation à la ramasse), en terme de modélisation pure le jeu est presque une régression, notamment en ce qui concerne les modélisations faciales, largement décriées à juste titre. Rien de fou en ce qui concerne les vaisseaux, pas de phases en apesanteur ; les planètes sont basiques et la biodiversité ne se renouvelle pas spécialement ; et pour ce qui est des reliquats et tout ce qui entoure les créateurs on tombe dans la facilité tant on a l’impression de déjà avoir vu ce genre de technologie visuellement parlant. Même la mise en scène reste bien sage. Vu les bases exceptionnelles dont le titre disposait, c’est une large déception.

Jouabilité : 13/20

Modèle du genre, la saga prend du plomb dans l’aile dans l’un de ses aspects les plus probants. Si déjà le jeu se montre bien plus basique en enlevant tout système d’arme au véhicule et en ne recelant aucune phase d’action originale (comme des combats avec des armes ou véhicules spéciaux ou des passages dans l’espace), le reste perd en dynamisme, efficacité et n’est plus aussi intuitif. Le jet pack est une fausse bonne idée dans la mesure où la verticalité n’est pas au point. On peine parfois à voir le chemin, les sauts sont imprécis et surtout cela remplace quelque chose qui marchait très bien avant : les esquives, bonds et autres actions contextuelles. Pire, certaines actions sont déplacées pour les joueurs PC, et au lieu d’avoir la touche magique E qui faisait à peu près tout, il faut maintenant jongler avec bien plus de touches sans pour autant que cela ne soit utile. Mais là où le jeu devient d’une lourdeur infâme c’est que certaines actions autrefois instantanées nécessitent ici de rester quelques secondes à appuyer sur une touche. Toute ouverture de porte, coffre ou pour parler à quelqu’un, activer quelque chose, bref tout ce qui nécessite l’utilisation de l’ancienne touche magique E prend désormais deux secondes de plus. Même à la toute fin du jeu, on arrive jamais à se faire à un changement si nocif. Place maintenant à un des plus gros problèmes : l’extrême lenteur et répétitivité.

Durée de vie : 08/20

Probablement le point qui m’a le plus énervé du jeu. Alors que les trois opus de la trilogie étaient des modèles du genre, composés quasi exclusivement de missions principales et où même les missions secondaires avaient leur importance, le tout se bouclant en une vingtaine d’heures pour chaque volet, ici le bilan est catastrophique. Le jeu est d’une redondance sans appel : découvrir une planète, résoudre un problème local, activer le caveau et installer sa colonie, le tout ponctué par d’innombrables quêtes FEDEX qui auront tôt fait de vous saouler tant leur impact sur le jeu est inexistant en dehors du fait de vous donner bonne conscience. On pourrait croire que l’établissement de colonie et la survie de tous donnerait lieu à un peu de gestion et de stratégie, mais il n’en est rien car vous pouvez faire n’importe quoi dans n’importe quel ordre, tant que vous faites les missions principales la finalité est la même. Et quand il y a autant de planètes et que vous avez l’impression de faire la même chose en boucle, sur une session de 60 heures l’ennui se fait sentir. Et encore, alors que je croyais avoir quasi tout fait j’ai fini le jeu à 78%, donc il y avait probablement encore plus de dix heures de quêtes insipides qui ont échappé à ma vigilance. Un jeu aussi long (peut-être 40 heures en traçant ?) avec si peu de moments importants, c’est tout simplement un ratage indigne de son rang.

Bande son : 16/20

Le design sonore (raccord entre le bruit et l’objet ou l’action dont il découle) est encore de très haut standing et le casting vocal reste invariablement excellent avec un voice acting remarquable, bien que le manque de charisme de certains porte préjudice à l’ensemble. À noter au passage la traîtrise de la VF où la douce voix de Liara n’est plus la même, une honte ! Là où le jeu est clairement en retrait par rapport à ses illustres prédécesseurs c’est en terme de musiques. Inoubliables, puissantes et enivrantes autrefois, elles se contentent ici de faire leur office, sans tambours ni trombones.

Scénario : 12/20 (potentiellement 20)

Ou comment la fainéantise et l’appât du gain ont massacré une idée en or. L’idée de départ est brillante : alors qu’elle était la Courtière de l’ombre, Liara T’Soni (et pas Thé Soni bordel !) a mit au point une initiative rassemblant toutes les espèces de l’espace conciliant pour une mission de colonisation spéciale. La civilisation s’est bâtie autour de la technologie des relais cosmodésiques et s’en est servi pour coloniser des planètes à proximité comme le voulaient les moissonneurs, orientant depuis toujours l’évolution de la vie. Ne sachant alors si l’issue de la guerre imminente contre les moissonneurs leur sera profitable, Liara a donc lancé un projet de sauvetage de toutes les espèces possibles en lançant une colonisation qui pourrait potentiellement passer entre les mailles des moissonneurs et avec qui ils ne pourraient jamais reprendre contact puisqu’un lot de planètes viables a été identifié à quelques 600 ans de voyage spatial. Seulement 600 ans plus tard, arrivé à destination le cauchemar commence : le fléau, un étrange amas d’énergie, s’est répandu durant le voyage dans toute la galaxie Andromède, endommageant les vaisseaux à leur arrivée, et les planètes paradisiaques sont mystérieusement devenues inhabitables. Pire, une race appelée les Kerts tentent d’assouvir toutes les espèces de la galaxie, menaçant d’autant plus l’initiative fragilisée par les dégâts du fléau et la séparation des arches. Vous y incarnez Ryder, le (ou la en fonction de qui vous choisissez entre le frère ou la sœur) pionnier humain qui sera donc chargé avec son intelligence artificielle SAM de réactiver une ancienne technologie de terraformation pour réhabiliter les planètes, mais aussi apprendre à trouver leur place dans le système Héléus où la menace des Kerts est palpable. Entre le goût de l’aventure, la découverte de nouveaux horizons, de nouvelles espèces tout en découvrant ce qui pourrait être la toute première intelligence évoluée de l’histoire de l’univers, celle qui aura par la suite créé les moissonneurs, le frisson est là. Mais au final, les éléments de l’histoires sont bien trop éparpillés sur une durée déraisonnable et le jeu, se voulant à la base comme une trilogie, ne fait qu’ouvrir des pistes de réflexion par pure spéculation, sans réel enjeu derrière.

Note Globale : 13/20

Mon dieu quelle déception… Prolongement de l’univers Mass Effect, le jeu avait assurément un potentiel monstrueux. Nous proposer grosso modo de devenir le héros et le meneur d’une expédition à la Interstellar en mode XXL était extrêmement gageure, et les pistes sur les anciens qui ont légué la technologie reliquat donnent le vertige. En fait le scénario est encore une fois prodigieux, mais c’est son application qui pose problème. Le jeu est extrêmement répétitif et s’étend sur une durée abusive, donnant l’impression perpétuelle que l’histoire n’avance pas et s’éparpille dans une multitude de sous-intrigues particulièrement ennuyeuses. Et si encore le jeu était toujours aussi jouissif que ces prédécesseurs, soit, mais non seulement la plupart des missions sont molles, mais l’intégralité des changements opérés sont en plus néfastes ! Le système de jeu devient plus lourd, moins intuitif et moins dynamique. Même au niveau visuel le résultat déçoit entre une absence d’évolution technique, une inspiration inexistante pour les décors et des animations faciales atroces par moments. Avec les bases de la meilleure saga au monde et un scénario prodigieux, par son manque de finitions et l’envie de trop en garder pour des suites qui ne verront en plus probablement même pas le jour (un jeu de la franchise est en cours de développement, mais ça ne serait apparemment pas une suite de celui-ci), la saga s’est vautré dans la facilité et l’a payé cher. Espérons que la licence renaîtra bientôt de ses cendres car partir sur une telle fausse note serait un immense gâchis.

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Tout le Monde Debout

Tout le Monde Debout
2018
Franck Dubosc

Acteur et humoriste accompli, Franck Dubosc nous dévoile une nouvelle facette avec son premier film en tant que réalisateur, et le moins que l’on puisse dire c’est que la première expérience est concluante. Les critiques furent très bonnes et le succès fut au rendez-vous avec trois millions de spectateurs dans les salles. Comme quoi, à l’image d’Intouchables une chaise roulante aide à en remplir d’autres.

A l’image de son interprète, on retrouve ici Jocelyn (Franck Dubosc), un dragueur invétéré mythomane. Incapable de s’installer dans une relation sérieuse, il multiplie inlassablement les conquêtes, se servant pour se faire d’honteux stratagèmes et d’odieux mensonges. Suite au décès de sa mère, contemplant des souvenirs dans l’appartement de la défunte et dans la chaise roulante qui l’a accompagné ses derniers jours, il va recevoir la visite d’une jeune voisine très charmante. Persuadé que de le croire handicapé elle sera plus encline à tomber dans ses bras, il va s’enfermer dans un mensonge improbable alors même que Florence (Alexandra Lamy) va entrer dans sa vie, qui pour sa part est réellement paralysée des jambes.

Le pitch du film est assez improbable, mais pas illogique. Qui ne s’est jamais laissé entraîné par un mensonge ? Une situation mal interprétée, une bien belle occasion : le bilan est vite fait. Il n’y alors que deux options possibles. Soit passer pour un con doublé d’un connard et dire la vérité, ou alors laisser courir et voir jusqu’où ça mène. Un concept pas très novateur pour une comédie romantique très classique, mais au moins le film l’exploite à fond et nous réserve de petits moments de grâce et quelques surprises dénotant d’un certain effort d’écriture. Les personnages secondaires sont tous très intéressants, que ce soit les garde fou incarnés par Gérard Darmon et Elsa Zylberstein, ou encore les guest François-Xavier Demaison et Claude Brasseur dont les passages sont marquants. Si Franck Dubosc est fidèle à lui-même et campe inlassablement le même personnage, empêchant de savoir s’il est ou non un bon acteur, Alexandra Lamy est pour sa part magistrale, pétillante, d’une beauté ahurissante. Tout ce beau monde porte haut cette comédie-romantique efficace et moderne, et à défaut de révolutionner le genre le film s’impose comme une belle surprise pleine de poésie.

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Jurassic World : Fallen Kingdom

Jurassic World : Fallen Kingdom
2018
Juan Antonio Bayona

Classé troisième plus gros succès de tous les temps lors de sa sortie (plus proche de la vingtième place en tenant compte de l’inflation), Jurassic World était vu dès l’origine comme une trilogie, mais son immense succès n’a en rien précipité les choses puisque cette suite a joui de conditions exceptionnelles, à savoir une année entière de pré-production, quatre mois de tournage et une année pleine pour peaufiner les effets-spéciaux derrière. Et là encore pour le troisième opus trois ans le sépare de son prédécesseur, montrant que le projet n’est pas là pour surfer sur la vague mais est l’aboutissement d’un projet sérieux et réfléchit. Il est vrai qu’en plus d’offrir un immense spectacle, Jurassic World était bien plus qu’une simple suite ou remake, nous donnant plusieurs axes de lectures des plus intéressants. Ainsi, par le biais de personnages très travaillés, on voyait différents points de vus s’affronter : celui du producteur qui veut faire toujours plus grand, plus captivant et attirer le plus de clients possibles, faisant par là-même une critique d’Hollywood en général ; celui de passionnés qui sont là par amour ; celui des fans de Jurassic Park qui se délectent de voir ce nouveau parc bâtit sur les cendres de l’original ; ou bien encore celui de ceux lassés de tout et qui en oublient de rêver, à qui il fallait remontrer en quoi ramener des dinosaures est à ce point magique. Des bases solides qui ne demandaient qu’à s’émanciper pour proposer quelque chose de plus original, plus poussé, ce que cette suite va tenter de faire avec succès.

Fer de lance de la campagne promo qui ne sera finalement présent que sur une petite scène coupée en deux pour moins de deux minutes de présence à l’écran, le légendaire Ian Malcolm (Jeff Goldblum) est de retour pour mettre une nouvelle fois le monde en garde face à la question du sauvetage des animaux laissés sur une île dont le volcan menace d’entrer en éruption : les dinosaures sont éteint depuis des millions années, ils n’ont plus aucun droit et malgré toutes les précautions prises, à chaque fois l’histoire se termine en carnage. Pour autant, Claire Dearing (Bryce Dallas Howard), l’ancienne responsable du parc, se refuse de laisser ce témoignage vivant du passé partir en fumée dans l’indifférence générale, et va ainsi foncer sur la proposition d’un soit-disant bienfaiteur (James Cromwell) malheureusement mal entouré (Rafe Spall et Toby Jones) censé les déplacer sur une île protégée. Pour notamment ramener sain et sauf Blue, le dernier spécimen de vélociraptor, l’équipe en charge de l’extraction des dinos va faire appel à Owen (Chris Pratt), son dresseur d’origine qui l’a vu grandir. Une mission à haut risque vu que le volcan est sur le point d’entrer en activité, mais ça n’est peut-être pas la plus grande menace qui les attend.

Après un premier volet qui reprenait l’idée du parc initial, on pouvait présomptueusement penser que cette suite allait marcher dans les pas du Monde perdu, qui consistait là aussi à aller récupérer les dinosaures sur leur île, mais le déplacement n’est pas lié ici à la création d’un nouveau parc mais à autre chose. Cet autre chose n’est pas spécialement intéressant mais cela pousse le débat vers de nouveaux horizons sur la manipulation génétique, le bien être animal et la limite de la morale en général. Là où Le Monde perdu se passait majoritairement de nuit pour marquer le côté stressant et horrifique, le sauvetage a lieu cette fois en plein jour pour nous montrer comment la nature a reprit ses droits en seulement trois ans. Les décors sont magnifiques, la mise en scène au top et l’utilisation plus poussée des animatroniques donne plus de vie de par les interactions plus nombreuses et réalistes. Le petit speach de Ian nous donne des frissons de par son charisme ahurissant, le retour des héros de Jurassic World est pleinement justifié et la première moitié en jette un max. Pour bien des gens, c’est la suite qui a posé le plus de problèmes, alors que pour ma part c’est justement là que l’intérêt du film se situe. En plus de nous ramener aux peurs plus primales en rendant les lieux plus exiguës et en situation l’action de nuit, la seconde partie développe l’intrigue globale de la trilogie en opposant la folie des hommes face à la brutalité bestiale, finalement moins destructrice et qui découle de nos propres erreurs. La lecture est moins profonde que dans le premier, et si on sent les prémices d’une petite révolution, le scénario reste très timide, mais dans l’ensemble on reste sur le même niveau d’efficacité que son prédécesseur. Peut-être un léger cran en dessous, mais le divertissement est assuré et la continuité est plus probante que dans l’ancienne trilogie. Dire qu’il faudra attendre été 2021 pour la conclusion…

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Daredevil – Saison 03

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Daredevil – Saison 03
2018
Erik Oleson

Loin d’être le monstre économique actuel, Netflix avait lancé en 2015 ce qui allait devenir sa série phare, celle qui à elle seule a fait explosé le média et déclenché cette dynamique qui ne s’est depuis jamais essoufflée : Daredevil. Encensée par tous, la série ne s’est pas reposée sur ses lauriers et nous avait offert l’année suivante une saison 2 ahurissante, rangeant au placard toutes les séries du genre en atteignant des sommets encore inconnus. De cette second saison est né un autre miracle : le prodigieux Punisher dont la série solo a aussi été une claque sans commune mesure. Malheureusement, devant se mélanger à des séries bien moins prestigieuses (et dont la moitié ont été annulés depuis) pour le pétard mouillé qu’était le rassemblement des Defenders, nous n’avions pas eu de troisième saison l’an dernier et l’attente n’en était que plus grande. Conscient que quand on a atteint le sommet on ne peut que redescendre, l’idée de retrouver le grand méchant charismatique de la première saison était trop gageur pour se résonner. Bien que ne déméritant pas, cette saison ne sera malgré tout pas forcément à la hauteur des attentes sur tous les points.

Le suspens quant au sort de Daredevil / Matthew Murdock (Charlie Cox) avait déjà été éclairci à la fin de Defenders, ayant finalement survécu à la destruction de l’immeuble, de même que le retour de l’ex parrain de la pègre New-yorkaise Wilson Fisk (Vincent D’Onofrio) avait été teasé à la fin de la seconde saison. Ne supportant d’être séparé de son aimée, ce dernier va accepter de collaborer avec le FBI et tout particulièrement les agents Ray Nadeem (Jay Ali) et Ben Poindexter (Wilson Bethel) pour obtenir un internement en maison sécurisée à la place de la prison, mais surtout l’abandon de toutes les charges portant sur sa Vanessa pour pouvoir enfin la retrouver. Une fois encore, Wilson Fisk a réussi à retourner le système en sa faveur et pour Daredevil, désormais libéré son encombrant alter égo Murdock, va chercher un moyen de mettre définitivement un terme à ses agissements, prêt à se salir les mains. Pour ses anciens amis Foggy (Elden Henson) et Karen Page (Deborah Ann Woll), la justice et la lois devraient prévaloir et vont de leur côté chercher un moyen légal pour arrêter la machine corruptrice en marche.

Était-ce trop tôt ? Un seul grand méchant pour une saison entière ne nous suffit peut-être plus, mais une fois passé la jubilation des retrouvailles avec le colosse capable de broyer un crâne à mains nues, on se rappelle qu’on a déjà eu droit à une excellente saison entièrement dédiée à sa grandeur, et une nouvelle de plus après la richesse et la diversité de la seconde saison, cela sonne un peu léger et redondant. De plus, d’un point de vue psychologique les évolutions des personnages sont pour ainsi dire inexistantes et on retrouve certaines tares sur l’inaction ou la bêtise de Daredevil, moins efficace et probant dans cette troisième saison. En fait c’est bien simple, tout ce que la saison traîne des précédentes saisons, que ce soit les histoires ou les personnages, rien n’a la saveur des nouveaux éléments d’intrigue. Les agents Nadeem et Poindexter ont un charisme de fou, leurs histoires personnelles sont extrêmement bien travaillées et j’ai personnellement trouvé bien plus d’attrait à les suivre. Mais heureusement, l’intrigue globale est encore excellente, quoiqu’un peu lente à se mettre en place puisque le génie de Wilson Fisk ne se distillera qu’à petite dose avant de vraiment éclater en fin de saison. On pourra aussi trouver à redire sur les enjeux puisque avec le recul cette saison n’aura pas servi à grand chose si ce n’est nous divertir en ressortant son plus grand méchant, mais on aurait aimé quelques apparitions des autres héros ou anti-héros de l’écurie (surtout le Punisher bordel !). En résulte un divertissement de très haute facture à l’écriture toujours aussi recherchée, mais entre quelques stagnations et redondances, on tempèrera un peu nos ardeurs.

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Cinéma – Mes faux bons films

Aujourd’hui je suis de retour à mon domaine de prédilection : le cinéma.

Cette fois je lève le voile sur un sujet tabou, la hantise de tous les critiques, l’avis personnel. Car oui, on n’apprécie pas tous un film de la même façon, quel que soit sa qualité, et certains bons films n’ont pas trouvé grâce à mes yeux. On peut avoir conscience de la qualité du film, sans pour autant y adhérer, et c’est cette nuance que nous allons explorer :

https://www.youtube.com/watch?v=rKGSl9xxBa0

Pour soutenir la chaîne, n’hésitez pas à faire vivre la vidéo en mettant un pouce bleu, en la partageant et en commentant, et on se retrouve très vite pour non pas une mais deux critiques de séries : une complète et finie de six saisons, ainsi que la troisième saison d’une autre qui continue de briller par sa grande qualité.

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Abyss by DJ Protoss

Présenté au monde entier le 26 août 2012 avant de connaître la consécration avec un premier clip musical acclamé le premier novembre 2014, le plus grand musicien de tous les temps, DJ Protoss, a connu des hauts et surtout des bas. Arraché à la déesse originelle, il avait tenté de mettre fin à ses jours avec succès, mais comme Jésus avant lui, il est revenu quelques temps plus tard d’entre les morts. Cela ne s’est pas fait sans heurt et le bougre a connu bien des traversées du désert, au point que sa dernière composition remontait au 26 novembre 2016, soit il y a pratiquement deux ans. Sondant toujours plus loin les ténèbres de son propre cœur, il plonge cette fois son regard et nos oreilles vers ces eaux mystérieuses qu’on appelle « abysses ».

https://www.youtube.com/watch?v=0c6WH8Apapk

Tâchons de lui montrer le chemin vers la lumière en soutenant le plus chaleureusement possible ce retour tant espéré.

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Dix fantasmes de mort

Il y a de ça plus d’un an j’avais fait le tour de mes dix fantasmes de vie les plus importants, ceux dont les rêves étaient les plus persistants. Eh bien cette fois, après trois longs mois d’absence, en puisant dans mon expérience cinématographique (comprenant aussi les séries télévisuelles dont la frontière avec le cinéma est négligeable) et vidéo-ludique, j’ai concocté un panel des dix morts qui m’ont le plus marqué et qui ont eu le plus de sens à mes yeux.

Un concept quelque peu macabre qui ne conviendra donc pas aux plus jeunes et aux plus sensibles, mais j’espère que cela intéressera les autres et qu’ils soutiendront la vidéo s’ils la jugent digne d’être partagée.

https://www.youtube.com/watch?v=YgSuVpbSolw

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Videodrome

Videodrome
1984
David Cronenberg

Dans notre société moderne, on est quotidienne abreuvé de dérives policières, de manifestations violentes, de terrorisme, de guerre, n’hésitant pas à exposer le spectateur même jeune à des cadavres à une heure de grande écoute. Quand on pense « film qui a mal vieilli », on pense souvent aux effets spéciaux, mais ici on s’attaque à un film qui a surtout vieilli sur son caractère choquant, devenu aujourd’hui complètement anodin, et c’est un problème quand l’intérêt du film reposait en grande partie sur ses propos choquants et sur un gore qui n’a plus le même impact.

Directeur d’une petite chaîne de télévision, qui tente de se démarquer en proposant uniquement de l’érotisme et du contenu pornographique dans sa grille de programmation, Max Renn (James Woods) était à la recherche de contenu un peu plus agressif pour satisfaire un public, dont il fait partie, las de vidéos trop soft. Un jour en balayant les ondes à la recherche de contenu diffusé illégalement sur une fréquence protégée, il va tomber sur Videodrome, une vidéo de sadomasochisme très réaliste avec une mise à mort finale. Fasciné et obsédé par cette vidéo, il va tout faire pour se procurer l’original et contacter ceux qui sont derrière, espérant y trouver une mine d’or à la hauteur de sa perversion.

Dans les années 80, internet était encore loin d’exister sous sa forme actuelle et le contenu pornographique n’était pas accessible aussi facilement et avec une telle abondance de choix pour satisfaire les vices de chacun. Imaginer une chaîne de télévision allant jusqu’à diffuser du contenu hard, ça pouvait effectivement être un sacré séisme à l’époque, mais difficile de croire que ce genre de contenu n’existait pas déjà dans les sex-shop qui devaient alors avoir une belle collection éclectique à proposer en VHS à ses clients. Le postulat du film n’a donc plus la même saveur, mais heureusement visuellement le film n’a que peu vieilli. Certes, les artifices utilisés crèvent les yeux, mais au moins c’est tangible puisque les effets relèvent plus d’habiles maquillages que de dégoulinants effets numériques. Le film vaut donc surtout pour son trip fantastique, délaissant la cohérence du scénario pour nous proposer de découvrir les méandres d’un esprit tourmenté et sujet à de délirantes hallucinations. Ça diverti à peu près, mais les mécaniques tournent vite en rond, et le scénario, déjà pas bien consistant de base, part carrément en vrille. L’aspect technique du film passe donc encore très bien, mais c’est dans ses thématiques et son traitement qu’il a perdu son côté subversif, rattrapé par un monde qui a encore plus sombré dans la folie.

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Red Eye

Red Eye
2005
Wes Craven

Grand maître de l’horreur à qui l’on doit certaines des plus célèbres franchises du genre, Wes Craven n’a pourtant jamais connu de très grand succès critique ou commercial. C’est bien simple, pas un seul de ses films en dehors de la saga Scream n’a réussi à atteindre le pallier des 100 M$ de recettes mondiales. Quand on constate avec quelle facilité déconcertantes les productions horrifiques Bloomhouse explosent tous les compteurs ces dernières années, cela peut sembler un peu injuste, mais après un vrai succès se fait sur le long terme et la plupart des films du réalisateur ont durablement marqué le paysage, contrairement au film dont il est question aujourd’hui. Plus gros succès du réalisateur en dehors de sa saga Scream avec 95 M$ à l’international, sa tentative de passer au thriller était marquée par de très bonnes intentions, mais le film accuse presque deux décennies de retard…

Quand on prend l’avion, il arrive qu’on passe des heures entières assis à côté d’un parfait inconnu. Inconnu pour vous, mais êtes-vous un inconnu pour lui ? Gérante d’un grand hôtel de Miami, Lisa (Rachel McAdams) pensait tranquillement rentrer de Dallas, loin de se douter que cela faisait des mois qu’un groupe la suivait et avait mit au point un plan dont elle était sans le vouloir le pivot central. Homme d’apparence charmant et gentil, Jackson Rippner (Cillian Murphy), son voisin de fauteuil dans l’avion, va finalement se révéler être un dangereux terroriste qui tient le père de Lisa (Brian Cox) en otage et qui souhaite utiliser la position de Lisa pour sa prochaine mission.

Le point de départ du film est très intéressant puisqu’il nous place dans un avion, lieu exiguë, où une pauvre femme se retrouve manipulée par un homme tout puissant qui semble avoir très bien planifié son opération et qui maîtrise l’art de la manipulation. Les deux acteurs sont très charismatiques et le ton se fait vite très pesant, mais on s’en tiendra à une simple attention. Pratiquement toutes les informations sur l’affaire nous sont dévoilées d’emblée, il n’y a plus la moindre surprise après demi-heure de film, on notera une certaine redondance dans l’avion avec une sous-exploitation monstrueuse de rôles secondaires qui auraient pu relancer l’intérêt, et la dernière ligne droite est assez bordélique avec des protagonistes en roue libre qui n’ont plus aucune cohérence. Le film a un arrière-goût de produit sur-calibré où le suspense n’y a pas sa place. C’est dommage car le potentiel était là, mais la prévisibilité est écrasante et on en ressort avec l’impression d’avoir déjà vu ce film une bonne dizaine de fois. Heureusement, c’est court, dynamique et bien réalisé, mais ça ne sauve que les apparences.

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