Jumanji : Bienvenue dans la jungle

Jumanji : Bienvenue dans la jungle
2017
Jake Kasdan

Et si je devais moi-même hypothétiquement réaliser une suite ou remake à Jumanji, que ferais-je ? Après avoir réévaluer le film culte de 1996, le constat était sans appel : aussi sympathique que fut le film, il n’a pas poussé son concept assez loin et le potentiel lattant était criant. L’idée de renverser la situation en, non pas exportant les menaces du jeu dans la vie réelle, mais en transposant le joueur dans la peau de personnages eux-mêmes téléportés dans la fameuse jungle angoissante et ô combien dangereuse, donnait un nouvel axe intéressant à aborder. En laissant couler quelques mois et la folie entourant le phénomène qui frôle le milliard de dollars de recettes (960 M$), j’avais réussi à dépasser mes à priori sur ce monument de nostalgie pour entrapercevoir la beauté du projet. Un jeu qui nous pousse à donner le meilleur de soi, à chercher la vraie raison de son existence, jouer sur la survie et les ravages qu’une vie perdue peut faire dans son entourage : le sujet était tout trouvé. Malheureusement, la machine Hollywood en aura fait une simple comédie sans aucune ambition.

Si dans les années 90 un jeu de société magnifique sculpté à la main en bois massif pouvais intriguer, les jeunes sont devenus aujourd’hui trop débiles pour apprécier l’art au sens large, ne cherchant que des échappatoires à leur morne vie, que ce soit via les drogues ou certains jeux-vidéos qui font honte à l’art vidéo-ludique : les simples défouloirs décérébrés. Évoluant pour mieux toucher son public, Jumanji devient ici un jeux-vidéo, s’attaquant cette fois à quatre jeunes lycéens qui vont se faire aspirer dans le jeu, découvrant à leur tour les dangers de la jungle du jeu.

Ou comment massacrer son idée de base en deux secondes. On passe d’une jungle mortelle, où des créatures aussi vicieuses que des plantes carnivores vous guettent à chaque recoin, à une immense blague où le danger est inexistant et où les avatars sont des gags ambulants. On retrouve le « geek » de service transformé en beau gosse bourrin (Dwayne Johnson), la chaudasse qui se retrouve dans le corps d’un petit gros (Jack Black), l’ingénue devenue bombasse (Karen Gillan) ou encore le grand black qui devient le rejeton rachitique (Kevin Hart). Un jeu pas très subtil sur « ne pas juger les gens à leur apparence », nous ressortant des clichés ambulants pour une morale éculée et biaisée. Rares sont les idées comique à vraiment marcher, la plupart du temps c’est plus navrant qu’autre chose, à l’image des points faibles exploités de façon bien putassière. Très vite l’humour tourne en rond et il faudra avoir des exigences très basses pour s’en contenter. Pour ce qui est de la jungle en elle-même, c’est tout simplement une catastrophe : le bestiaire est anecdotique, encore moins étoffé que dans l’original, le coup des vies annule tout sentiment d’insécurité et alors que des humains sont présent dans jeu, il manque le seul digne d’intérêt, le chasseur. Pire, la réalisation plate peine à donner un quelconque sentiment de grandeur et se vautre quand il s’agit d’instaurer ne serait-ce qu’une forme d’inquiétude. Alors oui, ça se laisse regarder de par la bonhomie des personnages et le caractère divertissant de cette comédie bas de plafond, mais nous refourguer une comédie passable avec un tel sujet est une aberration qui crèvera le cœur de tous les cinéphiles qui espéraient voir un développement à la hauteur. Succès commercial dantesque oblige, deux suites sont déjà programmées, mais l’espoir que le futur soit meilleur est inexistant quand le public se rue à se point pour célébrer la médiocrité.

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Jumanji

Jumanji
1996
Joe Johnston

Film mythique qui a bercé l’enfance de toute personne seine d’esprit née dans les années 80 à nos jours, Jumanji est pour beaucoup l’un des premiers choc cinématographique majeur dans son expérience personnelle, au même titre que Retour vers le futur ou L’Incroyable Voyage, alliant divertissement, concept fort et émotion. Quelques notes de piano accompagnées au violon et le cœur s’emballe, voyant défiler devant ses yeux des séquences mythiques à vous arracher des larmes, d’autant plus aujourd’hui en sachant que l’acteur de légende qui portait ce film n’est plus. Tant de douceur et de nostalgie, mais sont-ce là des facteurs obscurcissant notre jugement ? Pour mieux appréhender la suite spirituelle récemment sortie, il fallait tirer ça au clair et faire descendre ce souvenir de son piédestal.

Jeune garçon de bonne famille, Alan Parrish (Robin Williams) avait récupéré lors de l’été 1968 une relique bien étrange, comme l’appelant par le biais de tambours fantômes. Ce mystérieux artefact va s’avérer être un jeu de société empreint de magie, et lui et son amie Sarah (Bonnie Hunt) vont s’en rendre compte à leur dépend. Piqués au vif par leur curiosité, ils vont entamer une partie à l’issue tragique : Alan va se retrouver téléporté dans la jungle hostile dont s’alimente le jeu tandis que Sarah va être prit pour une folle. 26 ans plus tard, une nouvelle famille va finir par s’installer dans la maison jusqu’alors abandonnée des Parrish. Peter et Judy (Kirsten Dunst) vont à leur tour se lancer dans l’aventure, loin de se douter du danger qui les attend.

Le temps a passé et mon regard s’est affiné, découvrant meurtri des imperfections voir des erreurs qui m’indifféraient pendant tout ce temps. Oui, le film date un peu et en plus de deux décennies les effets spéciaux ont été ringardisés, même si les animatroniques étaient déjà bien vilains à l’époque. Mais finalement, après tout ce temps c’est surtout les jeux d’acteur et le scénario qui pèchent grandement. Concernant les acteurs, si certains sont excellents, notamment Alan adulte et la petite Judy qui est devenue cette figure incontournable qu’on connaît, la plupart sont complètement à côté de la plaque, soit en roue libre exacerbée soit en non jeu mortifère. Confronter un casting globalement médiocre face à des pointures rend le faussé encore plus palpable. Et c’est là le même problème pour l’histoire. Le concept du jeu maudit est fascinant et l’univers de la jungle semble assez riche, mais c’est à peu près tout. On ne verra pas une image de ladite jungle, le jeu n’a aucun sens, pas plus que ses joueurs. Si le but est de tuer les joueurs, vu ses pouvoirs le jeu ne devrait avoir aucun mal, mais si le but est d’endurcir les joueurs, le danger de mort reste d’un niveau aberrant. Pareillement pour les joueurs : s’il suffit de finir le jeu pour en dissiper tous les effets, pourquoi rester continuellement sur place à attendre que le déluge leur tombe dessus ? Ne serait-il pas possible de simplement bourrer les lancers de dés ? Après on ne peut que questionner la légitimité et la logique d’une telle histoire tant personne ne prend la mesure des enjeux et des risques, ou du moins n’a pas la présence d’esprit de s’y adapter. Face à la puissance de la musique et la portée tragique de certains passages, on sent aussi que tout le potentiel dramatique n’a pas été exploité tant la boule à la gorge ne demandait pas grand chose pour devenir un franc sanglot. Mon dieu ce passage dans la fabrique… Bref, les raisons qui ont fait de Jumanji un film si iconique sont toujours valides, mais avec le recul le film n’a pas su tirer tout le potentiel d’un tel sujet, donnant du crédit à un nouveau film se basant sur le même concept.

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Ma vie contre la mienne

Ma vie contre la mienne
2003-2017
Julien Lepage

Aujourd’hui est un jour spécial puisque non seulement je vais parler d’un livre d’un proche, mais cela faisait aussi pratiquement trois ans que je n’avais fini de livre, trouvant la lecture passablement ennuyeuse de par la médiocrité de la plupart des auteurs qui se contentent de scénarios ultra classiques et dont le style laisse à désirer, sans parler de la mollesse du récit plombé par des descriptions aussi pesantes qu’inutiles. C’est aussi pour ça que cela fait quelques années que j’ai arrêté la publication de nouvelles sur mon site, me concentrant sur de vrais romans qui visent à briser toutes les règles établies pour proposer quelque chose de beaucoup plus fort, ne se limitant pas à un simple genre ou à des thématiques fixes, et surtout visant à balayer le rythme habituel des œuvres littéraires, condensant en un livre de moins de 300 pages ce que certains étaleraient sur une quadrilogie où chaque tome dépasserait les 500 pages. Mais aujourd’hui ce n’est pas de moi dont il est question mais de celui qui m’a tout inspiré, créant une décennie avant moi son site de critiques cinématographiques où il faisait découvrir lui aussi à autrui ses créations littéraires et musicales : mon frère.

Nouvelle de 89 pages écrite entre 2003 et 2004, puis prolongée en 2006 avec l’histoire d’une dizaine de pages d’Hubert Marcheciel, près de 15 ans plus tard l’histoire prend enfin forme et un roman de plus de 250 pages développé autour de ces deux nouvelles a vu le jour en décembre 2017. Ceux qui suivent de près mes travaux savent que les premières nouvelles ont eu un impact certain puisqu’en 2014, cherchant à intéresser des CE2 à des cours de botanique, ma nouvelle Garden Man a vu le jour, rendant hommage au style et aux personnages des nouvelles. Si les enfants ne furent pas très réceptifs et que le projet de nouveaux chapitres toutes les semaines n’a pas abouti, il en a tout de même découlé un sketch que beaucoup considèrent comme mon meilleur : Hubert Marcheciel. Bref, trêves de tergiversions sur l’élève, passons au maître.

L’histoire nous plonge dans la petite ville de Saint Ronald des Monts, ville assez spéciale où les mœurs n’ont que peu d’intérêt aux yeux de ses citoyens, pour leur part peu gâtés par la nature, que ce soit sur le plan physique ou intellectuel, et parfois les deux. Lycéenne de 17 ans objet de tous les désirs, la jeune Jenny Studerbäkerstein a eu jusqu’à présent une vie sentimentale pour le moins agitée et décevante, et elle va justement décider de partir en quête du grand amour. Dans la seconde moitié, on y suivra un de ses aspirants les moins crédible, Hubert Marcheciel, d’une laideur sans commune mesure mais presque beau comparé à ce qu’il est intelligent. Jenny Studerbäckerstein trouvera t-elle le grand amour ? Swaggy arrivera t-il à faire d’Hubert un homme un vrai ?

Parodie de comédie-romantique très second degré reposant sur l’absurde, le livre se veut comme une vaste blague où le lecteur s’amuse à caillasser des handicapés physiques ou mentaux en se foutant royalement de leurs gueules. Ainsi, l’histoire, somme toute assez classique et prévisible dans son imprévisibilité (le running gag de Charly par exemple), est surtout un prétexte pour dépeindre des personnages hauts en couleurs dont les particularités amusent. C’est d’ailleurs dans les moments plus recherchés que le livre se perd, notamment durant l’enquête de Gérard-Simon ou les récits parallèles dans la seconde moitié, permettant néanmoins d’enfin développer des personnages importants tout juste évoqués comme l’astrologue. Quand le livre nous parle de ses personnages, il fascine et nous décroche de francs sourires, de même que le fil conducteur se laisse suivre sans problème, mais d’aucuns auront plus de mal avec les retournements de situations parodiques des soaps et surtout les passages quasi polars qui dénotent un peu. Un problème mit en exergue par la fameuse page 265, jouant sur une incohérence qui était évidente depuis le début et qui rend bancale une certaine quête. Mais là encore le livre joue la carte de l’humour et négocie toujours bien ses virages, faisant qu’on passe forcément un bon moment devant cette pastiche décalée, mais le côté foutraque que peuvent avoir des premières œuvres est indéniable.

On sent pas mal l’évolution entre les deux parties, la première n’ayant que peu évolué depuis 2004 comparé à la seconde qui a eu droit à une décennie entière de maturité supplémentaire. Les calembours et autres gags sont moins nombreux mais plus efficaces (en dehors des mythiques Stalline, CM2 et autres balles de magnum) et le style s’y veut plus fluide et agréable. Etant le prolongement d’un scénario qui se voulait bordélique dès l’origine, ça n’est pas ici qu’on pourra y voir de quelconques prouesses mais le pari est réussi : créer une œuvre parodique reposant sur des personnages loufoques aussi drôles qu’attachants. L’univers dénote d’une grande créativité, le style est atypique et les amateurs d’humour noir et surtout absurde trouveront là un maître du genre.

Découvrez aussi ma vidéo de présentation du roman où vous trouverez d’autres anecdotes et où je parle aussi de mes passages préférés :
https://www.youtube.com/watch?v=aXSJebSFF-w

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Avengers Infinity War

Avengers Infinity War
2018
Joe Russo, Anthony Russo

Annoncé depuis le premier Avengers en 2012, le grand méchant du Marvel Cinematic Universe passe enfin à l’offensive avec fracas. Après 17 films oscillant entre distraction moyenne et purge épique immanquable, la saga a créé un phénomène sans pareil depuis sa création en 2008, et il est clair que ça n’a rien d’une passade. Faisant tomber record sur record au box-office tout en alignant des critiques largement positives sans le moindre faux-pas, un nouveau seuil est sur le point d’être franchi. Avec des préventes avoisinant le cumule des 17 précédents films, les analystes s’affolent et s’imaginent déjà la barre des 300 M$ (finalement dans les 250 M$) atteinte en un seul week-end aux Etats-Unis quand le précédent record était Star Wars VII avec 247 M$. Quand on sait que la capacité d’accueil des salles ne permettrait que théoriquement une telle prouesse, et avec des premiers retours critiques phénoménaux, il faut s’attendre à une telle attente que l’influence ne faiblira que très peu les premières semaines avec à la clef un pallier à 2 milliards atteint pour la première fois de l’histoire des supers-héros. Il faut dire que quand on prépare le terrain depuis aussi longtemps et avec autant de soin, le public n’a fait que croître, et ceux qui croyaient que le film n’allait être qu’un divertissement de plus vont tomber de haut. Des résultats si violents ne pouvaient être que la résultante d’un changement radical et bénéfique. Oui, voici le renouveau des supers-héros.

Raconté en parallèle des autres histoires interconnectées du MCU, la quête des gemmes de l’infini va prendre une autre tournure lorsque Thanos (Josh Brolin) va mettre la main sur le gant de l’infini et la première gemme : celle de la force. A la tête de l’armée qui avait déjà attaqué la Terre six ans auparavant pour récupérer le Tesseract, il va se lancer sur la trace des Asgardiens (incluant Thor (Chris Hemsworth) et Loki (Tom Hiddleston)) pour mettre la main dessus en envoyer ses sbires sur Terre pour arracher la gemme de l’esprit à Vision (Paul Bettany) et celle du temps au Docteur Strange (Benedict Cumberbatch). Redoutant qu’il ne cherche à récupérer la gemme de la réalité au collectionneur (Benicio Del Toro), les Gardiens de la Galaxie (Zoe Saldana, Chris Pratt, Bradley Cooper, Vin Diesel, Dave Bautista et Pom Klementieff) vont tenter de l’intercepter. De leur côté, les Avengers (Iron Man (Robert Downey Jr.), Captain America (Chris Evans), Natacha Romanoff (Scarlett Johansson), Black Panther (Chadwick Boseman), Iron Patriote (Don Cheadle), Bucky (Sebastian Stan), Faucon (Anthony Mackie), Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen) et Spider-Man (Tom Holland)), alertés de la menace de Thanos par Hulk (Mark Ruffalo), vont se préparer à l’offensive entre ceux protégeant Vision sur Terre et le trio Iron Man, Spider-Man et Docteur Strange partis enquêter en territoire ennemi.

Mon dieu qu’il y a énormément à dire sur ce film. Avant de spoiler comme un gros porc pour bien comprendre en quoi ce film se dissocie totalement des autres en terme d’histoire et de tonalité, passons d’abord aux aspects purement techniques. Simple bouillie d’effets spéciaux assez informe à ses débuts, Thanos prouve à lui seul toute l’évolution technique d’une décennie entière d’effets numériques. Certes aidé par le fait que pour la première fois un acteur fasse de la performance capture derrière l’habillage technologique, on découvre enfin un antagoniste à la mesure de l’événement où sa présence semble crédible et physique. Mieux encore, on découvre de nouvelles créatures originales au design très réussi, de même que de nouvelles planètes au style saisissant. La plupart des seconds de Thanos sont une franche réussite, notamment le magicien, et au travers des nouveaux espaces découverts on sent que les réalisateurs ont cherché à se réinventer et à enfin offrir un spectacle plus grandiose. La mise-en-scène gagne indéniablement en poids, devenant plus lisible, dynamique et saisissante. On regrette du coup de passer aussi vite sur la planète avec la chute ou l’astre des forgerons (avec Peter Dinklage), mais en « seulement 2h30 de film », il n’y a guère le temps de s’attarder quand pour la première fois autant de personnages se retrouvent à l’écran, alors même que certains ont été laissés de côté comme Ant-Man ou Hawkeye. Heureusement, pour ceux qui avaient lâché un énorme soupir de soulagement fasse au retour de Pepper (Gwyneth Paltrow) dans Homecoming, elle viendra nous faire un petit coucou. Bon, maintenant place aux énormes spoilers.

Pour tous ceux qui en avaient marre de voir le même schéma narratif être démultiplié à toutes les sauces, le film va à contre-courant de tout ce qui a été fait jusqu’à présent. Personnage central de l’histoire, Thanos en est aussi le personnage principal, comptant plus du double de temps à l’écran que n’importe quel autre protagoniste, et c’est sur lui que porte l’histoire. On y découvre une partie de son passé, ses motivations (loin d’être aussi vides que d’habitude) et ses plans pour l’avenir. Venant d’une planète où la surpopulation a causé la fin de sa civilisation, il ambitionne de préserver l’univers d’une pareille catastrophe en régulant de manière impartiale et aléatoire toutes les espèces du cosmos. Et c’est là que les gemmes entrent en jeu : si une même personne arrive à réunir les six pierres d’infinité et se sert du gantelet pour les contrôler, il pourrait effacer de la surface du monde la moitié des personnes d’une planète voir de l’univers d’un simple claquement de doigts. Pour nous montrer qu’il n’est pas là pour plaisanter, il ôtera la vie à un personnage iconique dès les premières minutes : Loki, balayé en même temps que les derniers Asgardiens. Puis durant le film, en plus de quelques autres personnages secondaires comme le collectionneur, l’emblématique Gamora périra aussi, mais ça n’est rien comparé à la boucherie finale. Alors que nombreux se plaignaient que les Marvel manquaient d’impact et que les histoires se ressemblent toutes, celui-ci fait fi du passé et bouscule l’ordre établi en faisant une chose impensable, inédite pour un film de cette ampleur : faire gagner le méchant. Après avoir mis la main sur toutes les pierres de l’infini, Thanos va par sa seule volonté effacer la moitié des êtres vivants, sortant victorieux du combat. Parmi les héros qui vont périr par ce seul geste, l’hécatombe est à peine croyable : Bucky, Vision, Wanda, Docteur Strange, la quasi-totalité des gardiens (seul rocket racoon s’en sortira), Black Panther et même Spider-Man. Abasourdi devant la mort d’autant de personnages emblématiques, le spectateur verra arriver le générique de fin dans l’incompréhension la plus totale. Devant attendre les toutes dernières secondes pour voir arriver une unique scène post-générique, le film en remettra une couche pour nous montrer que le phénomène a bien touché le reste du monde, voyant Nick Fury (Samuel L. Jackson) et son équipière disparaître de la même façon, mais non sans laisser une once d’espoir.

Si l’on sait que le grand absent du film sera le prochain à paraître sur grand écran, Ant-Man 2 devrait néanmoins se dérouler chronologiquement avant, donc tous les regards sont donc désormais tournés vers la sauveuse de l’univers que Nick va appeler à l’aide dans son dernier souffle de vie : Captain Marvel, qui sera incarnée par la mère oscarisée de Room. Assurément le membre le plus puissant des comics Marvel, elle débarquera dans un film solo en mars 2019, sans nul doute prélude au quatrième Avengers prévu pour mai 2019. Etant donné que sont déjà actés un Spider-Man Homecoming 2 et un Docteur Strange 2 pour 2019 et 2020, on peut déjà émettre des théorie sur une victoire future contre Thanos où Captain Marvel, seule à pouvoir manipuler les gemmes à mains nues, remontra le temps pour préserver l’univers des méfaits accomplis, mais quand on se retrouve face à un film qui ose faire mourir autant de supers-héros phares, les spéculations se feront probablement balayées et peut-être que les survivants d’aujourd’hui seront les morts de demain, somme toute plus logique dans la mesure où ce sont globalement ceux qui sont là depuis le début qui ont survécu. Encore est-il que le résultat est là : le film a réussi à déjouer toutes nos théories et s’avère finalement bien plus sombre et violent que tout ce que le MCU a fait jusqu’à présent. La formule s’est jouée de nous en nous faisant croire derrière quelques gags et de gros combats épiques qu’elle restait la même, mais clairement le studio a osé chambouler les codes établis et notre confort habituel pour enfin proposer une histoire novatrice aux enjeux forts et aux répercutions incroyables. Exit l’habituel combat où le gentil gagne et la vie reprend son cours, cette fois le héros est l’antagoniste et assois sa domination sur l’univers pendant que les gentils comptent leurs morts par milliards. Le seul problème du film, outre le fait qu’il soit un peu fait dans le même moule que les précédents opus pour ce qui est des visuels et de l’humour, c’est que cette histoire nous laisse en suspens, d’autant plus que la suite n’arrivera que dans un an, avec au mieux des éléments de transition dans Captain Marvel en mars prochain. Un choc d’autant plus brutal donc, prouvant une fois de plus le caractère sans précédent de l’œuvre qui bouleverse l’ordre établi. Une cuvée de haute facture pour le MCU, marquant avec succès l’arrivée de l’ennemi le plus dangereux de l’univers, et nous offrant en prime des enjeux aux répercutions d’un niveau jusqu’alors sans pareil.

Critique disponible aussi en vidéo complémentaire :
https://www.youtube.com/watch?v=LRMhePrixUo

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The Last Shadow

Parce qu’en plus d’écrire, de réaliser, de faire des sketchs (en vidéo et sur scène), de faire de la BD et de composer de la musique, j’ai aussi créé des jeux-vidéos.

Après vous avoir dévoilé « Le Chemin de l’Immortel » et « Heroes Impact », respectivement mes créations 4 et 2, voici le tour de mon troisième jeu : The Last Shadow.

Projet probablement le moins avancé, certains le trouveront peut-être digne d’intérêt, donc le voici : https://www.youtube.com/watch?v=ybtnnT1uq_w

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Annihilation

Annihilation
2018
Alex Garland

/!\ Pour apporter une critique la plus constructive possible, j’ai été dans l’obligation d’aborder la fin du film, donc attention aux spoilers pour ceux ne l’ayant pas encore vu.

Après avoir écrit une poignée d’excellent scénarios dans de très bons films, Alex Garland était passé à la réalisation avec succès puisque son premier long-métrage, Ex Machina, film de SF en quasi huis clos et travaillant sur la psychologie humaine et robotique, avait été largement acclamé par les critiques. Avec au final seulement 37 M$ dans le monde, son premier succès fut commercialement assez timide, mais il semblait avoir vu les choses en grand pour son second film. La première bande-annonce semblait indiquer un énorme film de SF au potentiel certain, mais il ne faut pas se fier à une campagne marketing. Loin du blockbuster épique qu’on nous vendait, affichant un modeste budget de 40 M$, le film faisait peur aux investisseurs, le jugeant trop complexe et psychologique. Bilan des courses, la sortie mondiale fut annulée, hormis aux Etats-Unis et en Chine où il a récolté 33 M$ et 7 M$ (peut-être 15 M$ en bout de course) respectivement, Netflix s’étant emparé des droits internationaux de distribution. Or quant on voit le genre de navets sur lesquels Netflix se jette, The Cloverfield Paradox par exemple, ça n’était pas matière à rassurer…

À quelques mois près, l’histoire se passe un an après qu’un météore se soit abattu sur Terre. Depuis son arrivée, la nature semble évoluer autour du point d’impact, enrobant l’environnement proche dans une espèce de brume dont rien ne ressort. Etant donné que le phénomène se propage et que les équipes envoyées à l’intérieur ne reviennent jamais, plus le temps passe et plus la situation devient inquiétante. Pionnier à avoir été envoyé à l’intérieur, l’officier Kane (Oscar Isaac) fut le premier à en être revenu vivant après plus d’un an d’absence, mais incapable de se rappeler quoi que ce soit, il a semble t-il été affecté par le « miroitement », terme utilisé pour désigner le nouvel écosystème entourant le site du crash. Souhaitant aider son mari visiblement mourant, l’ex militaire devenue biologiste Lena (Natalie Portman) va accepter de partir pour une nouvelle expédition à l’intérieur du miroitement en compagnie d’autres scientifiques et militaires (incluant Jennifer Jason Leigh et Tessa Thompson).

Bigre qu’il est difficile d’avoir une opinion tranchée sur le film. Il a à la fois des qualités marquantes et des défauts presque insurmontables. Commençons tout d’abord par sa narration. Le film fait le choix de nous raconter l’histoire par le biais d’un interrogatoire se déroulant à la quasi toute fin du récit, nous disant d’emblée que Lena s’en est sortie, ou tout du moins que quelque chose possédant son apparence physique est ressortie du miroitement, mais aussi que toutes les autres femmes l’ayant accompagné sont soit mortes soit portées disparues. Un choix globalement très mauvais, ne servant à la limite qu’à offrir une autre piste de réflexion quant à sa propre vision de la fin, mais j’y reviendrais. L’autre gros problème structurel du film nous vient de son approche, traitant son sujet via une approche hautement décevante : du classique survival-horror. Si bien sûr la réalisation est très léchée et qu’une aura de mystère nous happe, sans compter le principe même de la nature évolutive et des brillantes idées qui en découlent, globalement le film se vautre dans les écuelles du cinéma horrifique entre l’angoisse de l’inconnu, les menaces qui se tapissent dans l’ombre, les disparitions mystérieuses et les conneries qui vont avec, comme le fameux coup du « séparons-nous ». Et le pire c’est que le film s’y complaît durant les trois quart de sa durée totale, de quoi largement faire mourir toute forme d’espoir pour le spectateur. Et c’est là que la magie arrive.

Alors que le bûché était déjà prêt et que tout espoir d’assister à un grand film s’était dissipé au cours des premières 80 minutes sur les 110 que compte le film, un miracle s’opère. Le film abat enfin sa dernière carte et nous retourne complètement le cerveau, nous faisant douter d’absolument tout et tout le monde : le météore serait un vaisseau extraterrestre aux particularités stupéfiantes. Si on avait déjà vu le principe de l’évolution qu’opère le miroitement sur l’environnement et les êtres vivants s’y trouvant, on découvre alors qu’il abritait aussi une forme de vie capable de copier n’importe qui, notamment Kane qui n’est jamais revenu et qui a été remplacé par l’un des métamorphes. On assiste alors à des séquences de profond malaise où des métamorphes assimilent la mémoire et l’apparence physique d’une personne tout en copiant la gestuelle. Les questions se bousculent alors par milliers. Sont-ils doués de raison ? Font-ils cela par simple principe évolutif chaotique ou est-ce la résultante d’un plan d’annihilation de l’espèce humaine ? Peut-on alors croire à l’histoire qu’on nous raconte depuis le début ou est-ce un récit réarrangé par un métamorphe ayant prit l’apparence de Lena ? Le miroitement est-il réellement détruit à la fin ou a t-il enveloppé à son tour l’équipe qu’on voit lors de l’interrogatoire ? À l’origine contenu dans le météore, a t-il été transféré dans le corps d’une Lena évoluée ou d’un métamorphe nous faisant croire à cela ? Et c’est là que le bat blesse, remettant en cause toute l’analyse faite jusqu’alors.

Alors que le film n’est qu’un simple film d’horreur basique au montage mauvais durant plus d’une 1h20, la dernière partie chamboule tout. Le film propose alors des séquences d’une rare violence psychologique et dévoile une complexité à la mesure de l’imagination du spectateur, autrement dit colossale pour ma part. La déception se meut en fascination et rien que pour la dernière demie-heure le film se doit d’être vu, mais le sentiment d’être passé à côté de quelque chose de plus grand est lattant, laissant une indéniable amertume.

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Pronostiques ciné – les résultats

En novembre dernier, je m’étais prêté au jeu des pronostiques sur les chiffres au box-office des films à venir, basé sur le calendrier de sorties américaines allant du 1° décembre 2017 au 31 mars 2018.

Maintenant que tous les films sont sortis et que la plupart ont terminé leur carrière, nous pouvons désormais tirer un bilan de mes analyses pour savoir si mon ancêtre Nostradamus m’a légué quelques gènes de clairvoyance ou s’il est vain de croire qu’il est possible d’anticiper les envies de chacun et la qualité potentielle des œuvres à venir.

Bref, l’heure est au bilan, et voici sans plus tarder les résultats en image dans la vidéo suivante : https://www.youtube.com/watch?v=QWc1QwyKN78&t=17s

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Superhigh

Superhigh
2017
Edouard Pluvieux

Parce que des fois il y en a marre de tirer sur l’ambulance et que quand tout le monde tape sur quelqu’un, ça donne parfois envie de le défendre et de s’intéresser à lui. Humoriste qui brosse les ados dans le sens du poil avec du décérébré divertissant, Kev Adams se fait souvent attaquer à juste titre entre son jeu monolithique et le niveau généralement très bas des productions dans lesquelles il joue, mais la série Soda était par exemple relativement drôle et sympa pour peu qu’on ne se pose pas trop de questions. Du coup j’avais mit la main sur les trois premiers épisodes de cette série au pitch assez spécial, me disant pourquoi pas. Alors pour que plus jamais personne ne se pose cette question, il était de mon devoir d’expliquer à tous pourquoi il faut protéger le monde contre cet étron à peine croyable. En fait non, je retire ce que je viens dire, je n’y crois toujours pas.

Dans un monde où les scénaristes font des concours de bifle sous LSD, on découvre David (Kev Adams), un français parti vivre aux States parce que c’est la classe. Gros bébé à sa maman pétée de tunes, il ne fait absolument rien de sa vie, traînant de soirée en soirée et se tapant mannequin sur mannequin parce qu’après tout il faut flatter l’ego de l’acteur, même si clairement quand on s’est tapé deux miss France et une miss Monde, le melon explose tous les compteurs. Parce que c’est un connard fini mais cool, un clodo va lui refiler de la beuh magique, et au détour d’une soirée il va se rendre compte que fumer cette herbe lui donne des supers-pouvoirs comme une force herculéenne ou souffler de la glace. Au réveil, il va décider de former une équipe de supers-héros avec le black rigolo et la grosse bonasse qu’il veut se taper. La drogue c’est bien, c’est cool, ça rend meilleur.

Allez vous faire foutre. Copieusement. Avant d’aborder les innombrables et ahurissants autres problèmes, passons directement à celui qui frappe d’emblée à la lecture de ces quelques lignes : le scénario est un immonde tas de merde. Tout est absolument random, sans aucune explication, sans cohérence ni respect pour l’art audiovisuel. La beuh arrive littéralement par magie, il n’y a aucune explication sur son origine ou la raison de la passation, et ses effets sont eux aussi hasardeux au possible, changeant en fonction de la personne, de l’heure de la journée ou de la commodité de la scène. Le trio se compose artificiellement et sans aucune logique non plus, créant une équipe de « supers-héros » pour de mauvaises raisons et sans autre but que de se la raconter dans les grandes largeurs. Et puis surtout le plus gros problème de l’histoire, c’est sa morale : on fait l’éloge de la drogue, montrée comme cool et bénéfique. Sérieusement ?! Des branleurs junkies, c’est ça l’image des jeunes branchés que vous véhiculez bande de psychopathes criminels ?!!! Une honte sans bornes qui cumule écriture à l’arrache et morale répréhensible, et pourtant c’est de loin le point le plus « positif » de cette série.

Le casting étant entièrement américain en dehors de Kev Adams, à l’accent si perfectible qu’il est obligé de jouer les français, le tournage a donc été fait dans la langue de Shakespeare, et le moins que l’on puisse dire c’est que ça saute aux yeux comme une bombe nucléaire sous ta fenêtre à quatre heure du matin. Le doublage français mérite de figurer dans les annales des plus grosses blagues de l’histoire au même titre le goulag ou les viols sur mineurs durant la guerre du Vietnam. On est sur du cas d’école, compilant toutes les plus grosses bourdes possibles : des voix qui ne collent pas à l’interprète, le ton ou le jeu complètement à la ramasse, un texte qui ne colle pas toujours au mouvement des lèvres, ou encore le jackpot ultime, la phrase carrément pas doublée où le personnage parle dans le vide. Du sabotage en bonne et due forme, mais ça aussi c’est presque l’un des points les moins navrants de ce cauchemardesque tableau. Il faudra aussi y ajouter une équipe dénuée de toute conscience professionnelle, que ce soit devant ou derrière la caméra : les acteurs sont en roue libre totale, le cadrage est saccadé, le montage atroce et les effets spéciaux sont tout juste dignes d’un enfant de huit ans découvrant After Effect. C’est bien simple, on dirait une blague douteuse où tout le monde s’est concerté pour faire la plus grosse daube jamais pondue. Eh bien devinez quoi ? C’est réussi !

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Resident Evil : Chapitre Final

Resident Evil : Chapitre Final
2017
Paul W.S. Anderson

Partant d’un concept prometteur mais torpillé et assez bancal au final, la saga Resident Evil, adaptation cinématographique d’une franchise vidéo-ludique, a immédiatement divisé à la sortie du premier film. Pur fan service encore plus foutraque, le second opus avait été acclamé par les fans et signé le divorce de tous les cinéphiles, et c’est là le drame de la saga au cinéma. Dès le troisième opus, il n’y avait plus que des fans hardcore répondant présent, et alors qu’Extinction était de très loin le meilleur, le public restant ne fut pas si enthousiaste. Alors quand le retour de Paul W.S. Anderson a provoqué une explosion au box-office avec Afterlife, parodie épileptique, complètement vide scénaristiquement et fusillant les idées les prometteuses jusqu’alors mises en place, le public s’est lui-même condamné à la médiocrité. Après un Retribution incompréhensible et bordélique pour tout néophyte, l’idée de voir une conclusion à la hauteur était un luxe impensable, surtout avec aux commandes celui qui a raté les débuts et flingué la licence depuis son retour.

Oubliez la promesse d’une guerre épique entre les créatures d’Umbrella Corporation (Iain Glen) et la résistance menée par Alice (Milla Jovovich) et Claire (Ali Larter), le combat est éclipsé. On retrouve Alice quelques années plus tard, qui va apprendre par la Reine Rouge que l’humanité va s’éteindre dans 48 heures mais qu’un remède pourrait être répandu dans l’atmosphère pour mettre enfin un terme au virus T et sauver les survivants. Il se trouverait dans les locaux d’Umbrella dans le complexe ultra sécurisé où tout a commencé : la Hive.

L’histoire étant depuis le début assez anecdotique, ce qui n’empêche pas de l’avoir oublié, le film a l’intelligence de démarrer ce tout dernier volet de la franchise par un résumé assez bien fait de tout ce qu’il s’est passé, du personnage de Alice et des enjeux généraux. Puis c’est le drame… Le dernier opus était sorti cinq ans avant, permettant d’avoir allègrement oublié les pires tares, mais la violence de l’incompétence explose tous les records ici. La première séquence est une scène d’action où Alice affronte des créatures mutantes, et pas un seul plan ne dépassera les trois secondes, et souvent moins de une. Une frénésie outrancière, absolument indigeste et illisible, et pas une seule scène d’action y fera exception, massacrant sans répit nos pauvres mirettes et nous donnant presque la nausée tant la caméra est insupportable à bouger autant. Pour le reste, le scénario est comme toujours écœurant de simplicité, les acteurs caricaturaux, l’éclairage dégueulasse et les situations sont rageantes à force de nous jouer la carte de « ah, j’aurais dû te tuer avant ! ». Eh bah arrête de parler connard alors ! Tous les pires clichés des pseudos twists à la mords moi le nœud y sont, surtout le coup des méchants qui discutent ou font n’importe quoi, donnant l’occasion aux héros de se sauver avec une pirouette confondante de bêtise. C’est lourd, redondant, amateur, ennuyeux et la conclusion de la franchise n’apporte rien. C’est à se demander si les jeux sont si mauvais, ou alors ne valent-ils peut-être que pour le défouloir que propose la chasse aux zombies. Encore est-il qu’en dehors d’un troisième volet sympathique, la saga aura malheureusement brillé pour son vide ahurissant et ce dernier chapitre est même le plus lamentable de tous.

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Kong Skull Island

Kong Skull Island
2017
Jordan Vogt-Roberts

Dans la course au filon en or massif, celui qui rassure les actionnaires et qui pérennise à lui seul toute une industrie, Legendary Picture a tenté de se trouver son univers étendu à lui. Cette fois, il n’est pas question de super-héros comme pour Disney ou la Warner, ni de monstres humanoïdes comme la tentative ratée du Dark Universe d’Universal, mais de créatures démesurées. Démarré avec Godzilla en 2014, le bestiaire vise à proposer un affrontement « au sommet » dès 2020 entre le gros lézard et le roi des singes dont il sera question ici, idée qui s’annonce pas mal foireuse dans la mesure où on retombe sur les pires problèmes de Batman V Superman ou Civil War où des gentils sont censés se foutre sur la gueule. Projet de longue date qui devait à l’origine être un préquel au King Kong de 2005, il devient ici le deuxième volet de cet univers, à moins que… Eh oui, on parle aussi d’y greffer les robots et les monstres de Pacific Rim, appartenant aussi au même studio, mais cela dépendra grandement des scores de la suite et je ne parierais clairement dessus.

Malgré la confusion qui peut régner suite à la scène d’introduction, le film ne se passe pas en 1944 (scène maladroite qui ne fait qu’introduire le personnage de John C Reilly) mais en 1973. En pleine Guerre Froide où la course aux satellites et aux boosts technologiques fait rage entre les Etats-Unis et la Russie, Bill Randa (John Goodman) va en profiter pour faire financer un projet (par Richard Jenkins) d’expédition en faisant planer une menace (bidon du coup au final ?) de découverte proche de la part des russes. Persuadé d’y trouver des monstres géants (ah bon pourquoi ? Pas sûr que les scénaristes le savent…) il va s’y faire escorter par le général Packard (Samuel L Jackson) et ses hommes (incluant Toby Kebbell et Thomas Mann), un « spécialiste » de la traque (Tom Hiddleston) et une photographe random (Brie Larson) qu’on se demande qui l’a autorisé à monter à bord.

Rien que le principe de faire un préquel à King Kong n’a aucun sens : comment peut-on oublier une telle île si elle a déjà été découverte ? En plus, le film se passait dans les années 30, donc ça ne colle pas. Bien évidemment, ce postulat a été oublié, mais dans ce cas quel est l’intérêt de placer l’histoire en 1973 ? Non parce que si le but est de rattacher le film à Godzilla, et ça l’est, pourquoi ne pas le situer dans la même timeline ? Non parce que pour rappel c’est un film contemporain, donc se déroulant aux alentours de sa date de sortie en 2014. Le pire c’est qu’au final le film n’apporte rien à la mythologie de Kong puisqu’on redécouvre l’île une énième fois, et force est de constater que même visuellement le résultat est moins probant que dans la dernière itération. On a bien quelques idées visuelles vachement sympas comme le coup de l’araignée aux pattes de bambou, les autochtones camouflés ou encore les créatures souterraines, mais pour ce qui est de l’originalité on repassera. Se fondre dans le paysage n’a rien d’inédit, et les grands lézards sont assez lambda. Pire, côté technique pure certaines modélisations sont mauvaises, les CGI transpirent de partout et Kong ne convainc pas une seconde. Le film joue la carte de la démesure et il aurait dû offrir un sacré spectacle entre la pression des enjeux et son énorme budget de 165 M$, mais difficile de crier au génie. Les personnages sont des stéréotypes atroces et les acteurs ne font pas honneur à leurs réputations, la mise en scène est plate, les effets spéciaux trop criards et le scénario n’a aucun sens, pure prétexte pour faire un tour sur l’île. Même en étant en quête de grand spectacle décérébré pour se reposer, il faudrait avoir des exigences extrêmement basses pour se contenter d’un blockbuster si vide et bâclé, décuplant tous les défauts de Godzilla sans en avoir toutes les qualités. Dur…

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