La Montagne entre nous

La Montagne entre nous
2017
Hany Abu-Assad

L’homme face à la nature, devoir survivre dans des conditions extrêmes : voilà des thèmes puissants et qui rendent spécialement bien au cinéma comme avec le récent Jungle ou le plus général en terme de diversité climatique Les Chemins de la liberté qui nous faisait voyager de la plus rude des manières. Dans cette adaptation du best-seller de Charles Martin, c’est du grand froid dont il sera question.

Alors que tous les vols étaient annulés pour cause de tempête dangereuse, Alex (Kate Winslet) une future mariée un peu trop pressée de se rendre à la cérémonie va prendre un risque énorme qu’elle va vite regretté, embarquant avec elle un chirurgien, Ben (Idris Elba) qui devait lui aussi se rendre de toute urgence à destination. Si la sécurité aérienne avait prit la décision d’annuler tous les vols, ça n’était pas pour rien, surtout que le pilote du petit avion privé qu’ils avaient engagé n’avait légalement pas le droit de décoller et n’a donc pas déclaré son plan de vol. Ce qui devait arriver arriva : à cause des turbulences l’avion se brisa et s’écrasa sur les montagnes de Purcell, de vastes terres canadiennes inhabitées en très haute altitude. Une situation qui s’annonce d’autant plus difficile que l’hiver débute tout juste et lors de l’impact Alex s’est blessée sévèrement à la jambe et le pilote est mort.

Il est toujours passionnant de voir comment les gens réagissent face à un danger de mort perpétuel entre le froid, la faim, la soif et le danger qui rôde. Nous ne sommes pas ici au milieu d’eau salé ou dans un désert aride, donc la soif – problème le plus urgent – est d’emblée éludé, nous faisant plus craindre sur le long terme. Une crainte d’autant plus forte que nos héros ne sont pas seuls : le chien du pilote est aussi avec eux, encore plus vulnérable même de par son manque d’appréhension du danger. Un membre de l’équipe qui nous fait retenir notre souffle, car si les deux protagonistes nous indiffèrent totalement (surtout la fille qui réussi aisément à se rendre insupportable entre ses humeurs, ses caprices et ses imprudences) seul un ignoble monstre resterait insensible face au devenir d’une pauvre créature qui a pourtant tenté de prévenir tout le monde de la menace dès le début. Que les gens se rassurent de suite, si ce dernier avait fini mangé je n’aurais clairement pas regardé le film jusqu’au bout. Le pire est donc évité, et question survie le film est assez intelligent. Le cadre est bien exploité, bien filmé et le film reste globalement prenant, mais mon dieu cette dernière partie… Tout le dernier acte est ennuyeux, pénible et inutile, rallongeant le film pour mitonner un suspense bidon et dont la conclusion n’avait en fait aucun intérêt. Du survivalisme de qualité, mais l’histoire brodée autour est poussive.

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Golem, le tueur de Londres

Golem, le tueur de Londres
2017
Juan Carlos Medina

Pour nous souhaiter la bonne année, les revendeurs français nous propose de découvrir ce petit film britannique aux faux airs de Jack L’éventreur, nous contant une histoire de tueur en série à Londres dans une époque similaire, en l’occurrence l’année 1880. Malgré quelques noms prestigieux au casting, le film n’a pas eu droit à une véritable sortie en salle, la faute à un score anglais trop faible pour investir dans un marketing international. Dommage car le film aurait mérité plus de visibilité.

Nouvellement nommé inspecteur en chef à Scotland Yard, John Kildare (Bill Nighy) va avoir la lourde tâche de trouver et arrêter un tueur en série qui défraye la chronique : le Golem. Les premières pistes vont immédiatement le mener vers Lizzie Cree (Olivia Cooke), une ancienne actrice de cabaret qui est suspectée d’avoir tué son mari (Sam Reid). Persuadé qu’elle a connu ou fait partie de l’entourage du fameux Golem, il va chercher à en apprendre plus sur sa vie, de ses débuts comme tisseuse de voile, son arrivée dans le monde du spectacle (aux côtés de Douglas Booth et Eddie Marsan) et son lent déclin après son mariage.

Imaginez un Big Fish à l’époque victorienne mais qui n’essaye pas de vous faire croire à une quelconque forme de magie qui s’avère en fin de compte complètement bidon. Il s’agit donc d’une histoire passionnante d’une femme qui découvre le monde à travers les arts du spectacle, avec en plus une narration intéressante puisqu’on y suit deux époques qui évoluent en parallèle. Entre une mise en scène soignée, une image magnifique dotée de jeux de lumière somptueux, des acteurs charismatiques et une héroïne très attachante dont l’histoire nous tient en haleine, le film est donc une belle réussite, si seulement certaines ficelles n’étaient pas si grossières. Feindre la surprise quant à l’identité du Golem serait risible tant on le sentait gros comme une maison, mais au moins deux trois subtilités bien trouvées sauveront les meubles. Un film captivant et très bien fait mais moins complexe qu’escompté.

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L.A. Rush

L.A. Rush
2017
Mark Cullen

Ayant probablement une demi-douzaine de pensions alimentaires à verser, une dizaine de maisons à entretenir et peut-être même une poignée d’enfants à qui il faut payer l’école, Bruce Willis est sans aucun doute le plus gros cachetonneur de l’histoire, tournant au minimum 3-4 films par ans, et pratiquement aucun n’atteignant les salles de cinéma. En dehors d’un fameux caméo, ses six derniers films dans lesquels il a joué sont des direct-to-DVD. Un acteur de moins en moins regardant sur la qualité de ses apparitions, mais celui-ci avait l’air un peu moins mauvais.

Espèce de Taken où la fille est remplacée par un chien, mais en mode comique, le film raconte la salle journée de Steve (Bruce Willis), détective privée dont la sœur (Famke Janssen) a été victime d’un cambriolage. Soleil de sa vie, sa nièce s’est fait dérobé à ce moment-là leur chien. Le problème, c’est que ceux qui ont fait le coup sont des sous-fifre de Spyder (Jason Momoa), l’homme à qui il a volé une voiture et explosé le garage la veille. Des négociations qui s’annoncent compliquées, alors même qu’il a sur le dos moult problèmes entre les frères mexicains qu’il a contrarié, son ami (John Goodman) en plein divorce et un client qui est victime de tags préjudiciables.

Il y a des thèmes avec lesquels je ne suis pas à l’aise. Encore voir des enfants se faire tuer y’a aucun soucis, mais menacer un animal m’est insupportable. Oser enlever une pauvre bête à ses maîtres adorés est un acte ignoble et c’est en partie pour ça que j’ai autant apprécié le premier John Wick : face à une cruauté si infâme, seule la peine capitale peut être prononcée. Heureusement, point de torture psychologique pareille ici, le chien est simplement promené de lieu en lieu avec un jeu de piste pour le retrouver, allant de galère en galère. Dans l’ensemble c’est assez amusant, le film part dans tous les sens sans pour autant s’égarer, les personnages sont sympas et c’est plutôt dynamique voir pêchu lors de quelques scènes d’action. Malgré un pitch limité et une ambition inexistante, le film s’avère être un divertissement honnête.

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Extrême Top / Flop ciné 2017

Une nouvelle année s’est achevée, mais que retiendra t-on des sorties cinématographiques ayant eu lieu au cours de l’année 2017 ? Je vous propose aujourd’hui de revenir sur les films qui ne vous ont pas forcément marqué vous, mais qui ont été pour moi les pires ou les meilleurs de ceux qu’ils m’ont été donné de voir.

Voici donc un Top 10 et un Flop 10 de mes expériences ciné de l’année :

https://www.youtube.com/watch?v=wFkiLhTqEBI&t=25s

Youtube ayant décidé de se concentrer uniquement sur les créateur de plus de 1000 abonnées, les petits comme moi vont avoir de moins en moins de visibilité, déjà en constante diminution à chaque changement d’algorithme. Toute forme de soutien est donc de plus en plus nécessaire pour permettre aux nouveaux de s’épanouir à leur tour, alors lâchez vous sur les pouces bleus, les commentaires, les partages et que le plus de gens possibles s’abonnent. Merci d’avance.

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3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance

3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance
2018
Martin McDonagh

Très sérieux candidat pour les prochains Oscars où il est nominé dans les principales catégories, le film a déjà obtenu de nombreux prix aux cours des précédents festivals, notamment celui du meilleur film dramatique aux Golden Globes. Quant à son casting, il est constamment encensé. Plus fort encore, le film a même réussi à transformer son succès critique en succès commercial, pouvant espérer engranger plus de 100 M$ dans le monde en fonction du nombre de prix qu’il recevra le 4 mars prochain. Attention à ne pas y placer trop d’espoir toute fois, d’autres candidats bien plus méritants concourent aussi pour la statuette suprême.

Quand un système est défectueux et qu’on ne peut soi-même pas le changer, peut-être que quelqu’un d’autre le pourra, mais encore faut-il que cette personne soit avertie du problème. À force de passer devant tous les jours, Mildred Hayes (Frances McDormand) va avoir l’idée de louer les panneaux publicitaires à l’entrée de sa ville pour dénoncer l’inaction des services de polices qui n’ont pas fait grand chose depuis le viol et le meurtre de sa fille, tout spécialement le shérif Willoughby (Woody Harrelson). Une action qui fera grand bruit et qui ramènera l’attention sur elle.

Si on s’y penche deux minutes dessus, le scénario n’a rien de spécialement recherché : il s’agit simplement d’un revenge-movie où une mère tente de faire bouger les choses tant la mort de sa fille ne semble pas intéresser la police locale. Et là vous vous dites, « oh mon dieu mais c’est l’un des leurs qui a fait le coup ! ». Et là je dis doucement apprenti détective en herbe, il ne faut jamais sous-estimer l’immobilisme administratif et encore moins l’incompétence de la police américaine, une référence en la matière. Et de toute façon ça n’est pas vraiment le propos du film. Plus qu’une enquête, le film est avant-tout un tableau qui dépeint la vie d’habitants perturbés de la petite ville reculée de Ebbing dans le Missouri. Et c’est là la vraie force du film, ses personnages. En plus de nous offrir des dialogues d’une rare saveur, pouvant te ponde une fable inspirante de cinq minutes pour en venir à la conclusion que ferme ta gueule et dégage, le film possède une écriture exceptionnelle qui se retrouve aussi dans ses personnages, tous très forts et atypiques. Enfin non, pas le nain qui est un simple nain osef, pauvre Peter Dinklage… Hormis lui, les autres sont donc passionnants (comptant parmi eux Lucas Hedges et Abbie Cornish) et l’héroïne et le demeuré policier incarné par Sam Rockwell sont tous les deux extrêmement bien parti pour décrocher une statuette, surtout lui. Mais il n’est pas le seul du casting à avoir décroché une nomination pour le meilleur acteur secondaire, Woody Harrelson s’y trouve lui aussi et pourrait créer la surprise tant sa performance est presque aussi bluffante. Un travail de fond plus que de forme et c’est très louable, mais pour prétendre marquer durablement le paysage cinématographique il faut plus qu’un traitement déstabilisant. L’enquête aurait mérité plus de soin et l’utilisation des fameux panneaux n’évoluera malheureusement pas. La plongée à Ebbing est forte et le casting incroyable, mais on est loin d’une claque à la Blade Runner 2049.

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L’Emmerdeur

L’Emmerdeur
1973
Edouard Molinaro

En 2008 sortait un remake de ce « classique » du cinéma français, un film qui fut assez largement démonté tant par la presse que les spectateurs. Pourtant, je me souvient qu’à l’époque je l’avais particulièrement bien apprécié, mais il est vrai que c’était deux ans avant la création du site et les quelques 2195 critiques de films qui ont exercé mon sens critique et décuplé mes exigences. En toute logique, si ce qui était considéré comme une « pale copie » m’avait bien plu, l’original qui fut adulé allait forcément me convaincre d’autant plus.

Engagé comme tueur-à-gage pour éliminer un ministre encombrant, Ralf Milan (Lino Ventura) pensait avoir tout prévu : le transfert à Montpellier, l’heure et l’emplacement, l’hôtel qui surplombe le bon endroit et la chambre dont la fenêtre donne du bon côté. Il n’avait qu’à attendre tranquillement et faire feu au bon moment. Seulement dans la chambre voisine, un certain François Pignon (Jacques Brel) qui ne supporte plus de vivre suite au départ de sa femme va tenter de mettre fin à ses jours. Quand un membre du personnel va parler d’appeler la police pour s’occuper de lui, Ralf va paniquer pour sa mission et décider de prendre le pauvre homme en main, loin de se douter des emmerdes qui allaient pleuvoir.

L’opposition entre un tueur froid et un dépressif emmerdeur était gageure sur le papier, mais en réalité cela ne marche pas. Le seul emmerdeur de l’histoire, c’est le scénariste, nous pondant des réactions invraisemblables où les personnages décident d’eux-même de s’emmerder tout seul. Certes, le bougre est un peu envahissant et bavard, mais uniquement parce qu’on le laisse faire, voir qu’on l’y encourage. Certains pans entiers de l’histoire ne reposent sur rien, comme par exemple le coup de la piqûre (est-il le seul docteur au monde ?). En revanche, alors qu’il survient sur le tard, c’est à peu près le seul moment amusant du film avec le pilotage de rallye et le carnage à l’institue. Pour une comédie c’est alarmant et pourtant vrai : pratiquement aucun gag du film ne fait ne serait-ce que sourire, se vautrant longuement dans l’immobilisme et trouvant le moyen d’être quasi immédiatement redondant. Et alors qu’on pouvait espérer une légère embellie tardive, le film dérape complètement dans sa dernière ligne droite et nous pond une fin aussi stupide qu’indigeste. En fait l’emmerdeur, c’est le film.

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American Assassin

American Assassin
2017
Michael Cuesta

Parce que quitte à investir, autant le faire sur le long terme, voici ce qui devait s’imposer comme le premier volet d’une toute nouvelle franchise basée sur les romans d’espionnage de Vince Flynn, une saga littéraire à succès. Seulement à l’image des Alex Cross ou des Jack Ryan qui cartonnent sur papier et beaucoup moins au ciné, le film a eu de la peine à rentrer dans ses clous : un peu moins de 67 M$ à l’international pour un budget de 33 M$, tout juste de quoi amortir les coûts marketing. Une ambition de franchise qui s’arrêtera donc net, et on ne s’en portera pas plus mal.

En vacances en Tunisie avec sa petite amie qu’il venait tout juste de demander en mariage, Mitch Rapp (Dylan O’Brien) va voir l’hôtel où il séjournait prit d’assaut par des terroristes, tuant sa fiancée et le laissant pour mort. Prit dans une spirale de vengeance, il va chercher à infiltrer les réseaux djihadistes pour les détruire de l’intérieur. Voyant en lui une possible recrue de qualité, la CIA va le confier à Stan Hurley (Michael Keaton), chef d’un escadron top secret chargé des missions les plus à risque. Cette fois, la menace vient de l’intérieur puisqu’un ancien membre du commando (Taylor Kitsch) a dérobé du plutonium enrichi pour en faire une bombe nucléaire.

Le film part d’un principe assez original puisque la première séquence semble nous teaser une guerre contre le terrorisme islamique alors qu’on découvre très vite que le vrai méchant de l’histoire est américain. En dehors de ça, le film est plat à outrance, nous servant un héros quasi invincible et qui devine tout directement, tâtonnant avec une chance insolente face à des ennemis débiles et stéréotypés. Le grand classique des gentils qui se font prendre mais qui s’en sortent parce qu’en face ça papote au lieu d’agir nous est servit allègrement, de même que les éternelles séquences de fusillades où mystérieusement personne n’est ne serait-ce que blessé. Pour nous empêcher de trop réfléchir ou de nous endormir, la dose est mise sur l’action, assez efficace et lisible, sauf dans les égouts où l’absence de lumière n’a pas trouvé de solution. Pour du pur divertissement on peut à peu près s’en satisfaire, mais comme bien souvent dans ce genre de production le scénario pêche salement.

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L’Héroïque Monsieur Boniface

L’Héroïque Monsieur Boniface
1949
Maurice Labro

Dans la vie, tout se joue à une minute près, reste à savoir si on aurait dû arriver une minute plus ou une minute plus tard. Pour Victore Boniface (Fernandel), la réponse était clairement la seconde option. Artiste du tissu dans une boutique de vêtements, il s’était allé quérir l’aide de quelques grogs dans un pub du coin pour faire passer son rhume, mais le retour fut brutal : alors qu’il allait pour se coucher, il tomba sur rien de moins qu’un cadavre dans son lit. N’ayant aucune confiance en la justice, deux malfrats dont le collègue est décédé des suites d’une crise cardiaque voulaient cacher sa dépouille, mais alors qu’ils sortaient le corps, Boniface se trouvait dans le couloir, et malheureusement la première chambre de l’hôtel où ils se sont réfugiés était la sienne. Alors qu’il s’apprêtait à tout balancer à la police, les malfrats le kidnappèrent pour négocier sa version des faits. Relâché deux jours plus tard, il s’inventa une histoire héroïque qui fera la une des journaux, loin de se douter de ce qui l’attendrait.

Si le film a la finesse d’un tir de bazooka pour chasser du canard, l’idée de base est très classique mais sympathique : un monsieur-tout-le-monde qui se transforme en héros suite à une histoire incroyable, mais avant tout basée sur un mensonge. On a déjà vu exploitation plus aboutie du filon (par exemple La Stratégie Ender), mais avec la bonhomie de Fernandel notre exigence est suffisamment amadouée. La première partie se laisse donc bien regarder, mais la suite va rapidement patauger. Le retour des malfrats n’apporte pas grand chose, le jeu du chat et de la souris lasse bien vite et ne va nulle part, un peu comme les quelques passages chantés qui n’ont même pas forcément un rapport avec ce qui se passe. La chanson des bagages pour aller au Mexique ressemble presque à un bras d’honneur des scénaristes, livrant une dernière ligne droite poussive. Typiquement le genre de film qui ne tient pas la longueur, étirant jusqu’à écœurement sa seule idée.

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Le Pion

Le Pion
1978
Christian Gion

Si déjà le respect pour les professeurs est assez largement mort aujourd’hui, il n’y en a pratiquement jamais eu pour les pions, relégués au rang de simples surveillants autistes assimilés à des meubles depuis quelques décennies. Pourtant, il fut un temps où leurs fonctions allaient bien au delà en terme d’encadrement, leur arrivant parfois de remplacer certains professeurs pour les cours. Si « récemment » Les Choristes sont passés par là pour nous rappeler l’importance qu’avaient pu avoir les pions à un temps donné, voici un vraie plongée au cœur d’une époque où leur statut social avait encore de la valeur.

Homme de lettres aspirant à devenir professeur, faute de diplôme Bertrand Barabi (Henry Guybet) se contenta d’un poste de pion dans un collège, espérant un jour pouvoir faire ses preuves et que son proviseur (Claude Piéplu) le nomme titulaire. Seulement voilà, il est loin d’avoir la poigne nécessaire et ses surveillances virent souvent à l’émeute. Mais le chaut est-il une preuve d’irrespect ou au contraire une marque de confiance voir de camaraderie ? Un problème qu’il devra vite résoudre sans quoi une inspection de l’académie (Michel Galabru) pourrait lui coûter cher.

Deux films en uns, le film nous fait découvrir les dessous d’un modèle institutionnel d’antan, se focalisant sur le rôle méconnu des pions de l’époque, pas forcément chef d’orchestre. Certains n’ont pas un naturel agressif et préfèrent établir un dialogue plutôt que de couper court à ceux des autres, nous montrant dans une version un peu exagérée les avantages et inconvénients de la méthode douce. On suivra toute une pléthore de personnages aux histoires plus ou moins intéressantes, mais en dehors du pion aucune ne sera réellement développée. En seconde partie (petit tiers en réalité) une toute autre histoire prendra le pas, les talents littéraires réprimés du fameux pion obtenant l’attention qu’ils méritaient. Un retour d’ascenseur pour les censeurs dirait-on, et ça fait du bien de voir quelques médisants remit à leurs places. On sourit plus que ce que l’on rit, certains gags – pour ne pas dire tous – sont trop étirés au point d’ennuyer par moments, mais les acteurs sont sympathiques et l’histoire se suit bien.

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La Fille de Jack l’éventreur

La Fille de Jack l’éventreur
1971
Peter Sasdy

À la fin du XIX° siècle, les habitants de Londres furent terrorisés par un tueur en série appelé par les journaux de l’époque « Jack l’éventreur ». Il n’a jamais été arrêté et aujourd’hui encore les théories sur le sujet vont bon train, évoquant la possibilité de non pas un mais plusieurs tueurs en bande organisée. Studio mythique de l’ancien temps, la Hammer a apporté sa propre pierre à la légende, lui inventant une fille quelque perturbée.

Dans le film, Jack vu bien un seul homme, évaporé dans la nature suite au meurtre de sa propre femme lorsqu’elle découvrit tout. Alors toute jeune enfant, sa fille Anna assista à la scène sous ses yeux apeurés, la marquant profondément dans son subconscient. Quelques années plus tard, alors âgée de 17 ans, ce traumatisme va resurgir quand un acte va faire écho à ce souvenir, la plongeant dans un état second où les pulsions meurtrières de son père refont surface. Psychologue fasciné par les études de Freud, le docteur John Pritchard va prendre sur lui de mentir sur le meurtre dont il avait plus ou moins témoin pour recueillir Anna et mener une étude comportementale sur ses pulsions.

Si bien sûr le film accuse quelques décennies au compteur et que la mise en scène sonne largement kitch, pour ne pas dire totalement ridicule, l’histoire a le mérite de susciter notre curiosité. On retrouve un petit bout de femme toute mignonne mais animée par une obscurité terrible, rendant la démarche du docteur légitime entre les réflexes protecteurs et l’envie de jouer les savants visionnaires, en accord avec l’empathie du spectateur. Le charisme du docteur renforce d’autant plus ce lien, et la jeune Anna incarne l’ambivalence de son personnage à la perfection, devenant semblable à une poupée maléfique lors de ses pertes de conscience. Simple, concis, efficace. Reste que la prévisibilité est pesante et que la réalisation manque de folie, mais ça fait du bien parfois de se rappeler au doux souvenir des temps passés.

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