Les Gardiens de la Galaxie

Les Gardiens de la Galaxie
2014
James Gunn (II)

Mon premier réflexe en voyant la bande-annonce fut de me dire : « ça y est, je commence à me lasser des Marvel, et celui-là m’a l’air en plus vraiment pas terrible ». Il faut dire que Captain America 2 n’est toujours pas plus convaincant, et Thor 2 fut une légère déception. J’étais personnellement donc très frileux, mais il est vrai que si certains n’y croyaient que modérément avant sa sortie, beaucoup ayant été étonné par ses 771 M$ dans le monde, Disney nourrissait pourtant une ambition énorme pour cette nouvelle franchise. Annoncé dans la scène post-générique de leur film événement Avengers, puis encore évoqué deux fois sur les trois films sortis depuis, le film prévoyait deux cross-over majeurs entre les Gardiens, leur héros fétiche Iron Man, mais plus surprenant encore, Star Wars. Et plus de six mois avant la sortie du film, les peluches Rocket-Raccoon étaient déjà annoncées comme comptant parmi les meilleures ventes de ce Noël, une confiance peu commune. Un succès prévu de longue date, qui n’a surprit que les néophytes, mais comme tout succès si populaire, le mérite n’est pas entier.

Avant de devenir des gardiens, héros de la galaxie, chaque membre a connu des débuts sinueux. Chasseur de trésor peu scrupuleux, Peter Quill (Chris Pratt), alias Starlord, a réussi à récupérer une orbe dont il ne soupçonne pas l’immensité de ses pouvoirs. Fille de Thanos, la plus grande menace de l’univers, Gamora (Zoe Saldana) est chargée de récupérer l’orbe, mais les choses ne se passèrent pas comme prévu. Sur les traces de Starlord, elle va aussi tomber sur Rocket-Raccoon (Bradley Cooper) et son garde du corps Groot (Vin Diesel), eux aussi très intéressés par lui, mais pour la prime pesant sur sa tête. Leur altercation les mènera en prison, où il feront la connaissance de Drax le destructeur (Dave Bautista), en quête de vengeance depuis l’exécution de toute sa famille. La menace de Ronan l’accusateur, voulant détruire le centre névralgique de la galaxie, les rassemblera autour d’une même cause.

Après une intro complètement cliché et quasi ringarde, le film dévoile des personnages non moins caricaturaux entre une espèce d’Indiana Jones de l’espace, une voleuse sexy style Catwoman mais en verte, ou encore une espèce de brute décérébrée. Ils ne sont pas raté, au contraire, mais ils sont stéréotypés à outrance. Mine de rien, les personnages les plus convaincants sont les purement numériques : Raccoon et Groot. Pas non plus un coup de génie prodigieux, ils sont un peu plus originaux, et souvent drôles. Et c’est un peu là le plus gros mensonge du film, le projet « risqué » de Marvel, le film « extravagant » n’est en réalité qu’un Space Opéra extrêmement classique, au style de narration habituel (l’éternelle histoire en trois actes), aux rebondissements prévisibles et au scénario plutôt pauvre : il faut sauver le monde de la destruction. Rien de surprenant, ni sur la forme ni sur le fond. Et graphiquement, on pourrait même parler de petite déception : les 170 M$ de budget se voient, mais mal. Le film pue les effets spéciaux de partout, comme si strictement aucun décors n’était naturel, et trop c’est trop. À vouloir balancer des lumières extraordinaires de partout, des vaisseaux kitsch et vachement colorés, et des explosions à perte de vue, le film paye sa surenchère par une crédibilité visuelle nulle, et il n’avait pas besoin de ça pour souffrir de ce genre de problème. L’espace est un tombeau à ciel ouvert, et le film l’oubli en permanence, faisant s’y promener des gens, cheveux au vent, sans souffrir spécialement du froid. Une bonne poignée de scènes feront hérisser le poil des scientifiques, et même les plus ignorants ne peuvent que s’en rendre compte. En plus de ça, le film souffre de certains maquillages immondes, renforçant le côté toc de l’ensemble. Esthétiquement le bilan est donc très mitigé. En fait, le film rappelle beaucoup le premier épisode du reboot de Star Trek : du très bon boulot, fun et explosif, mais le fond est un peu léger et le design n’est pas à la hauteur.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *