Alice de l’autre côté du miroir

Alice de l’autre côté du miroir
2016
James Bobin

Second porte-étendard de la 3D, arrivé trois mois après Avatar, Alice au Pays des Merveilles a été le plus gros coup de poker de l’histoire, et tout le monde a sauté à pieds joints. Avant qu’il ne devienne l’un des acteurs les moins appréciés et rentables de l’histoire, Johnny Depp était pratiquement à l’époque la plus grande star de la planète, alors entre lui, le reste du casting ahurissant, un réalisateur prestigieux et l’une des campagnes marketing les plus agressives jamais vues, le film fut le quatrième plus gros succès de l’histoire en son temps (1,025 milliards de dollars, mais il n’est aujourd’hui plus que 23ème). Depuis, les spectateurs ont eu le temps de digérer leur rancune, la 3D est devenue quasiment indétectable et plus personne n’attendait le film : pour son démarrage, le film a enregistré une baisse de 77% aux Etats-Unis, encore plus en dehors de ses frontières, tout juste rattrapée par la Chine. Un four monumental pour Disney, lui rappelant les claques de John Carter et À la poursuite de demain (et pourtant !). Un rejet massif à imputer à la déception du premier ? Pas uniquement.

Se déroulant dix ans après le premier film, l’histoire met Alice (Mia Wasikowska) face à un nouveau dilemme. Après avoir dû s’affirmer pour mener la vie qu’elle voulait au lieu d’accepter un mariage arrangé, cette fois elle devra choisir entre aider sa mère et continuer sa vie d’aventurière et commandante de navire. Prenant encore la tangente, elle va suivre Absolum au Pays des Merveilles où le Chapelier Fou (Johnny Depp) a grand besoin de son aide. Ayant retrouvé un objet de son passé, il revit depuis la mort de sa famille et sombre dans une folie destructrice. Prête à tout pour l’aider, Alice va tenter de retourner dans le passé pour les sauver, mais pour se faire elle devra dérober la sphère temporelle du Temps (Sacha Baron Cohen).

L’espoir de faire significativement mieux que le premier n’était pas tellement envisageable. Certes, Tim Burton (officiant encore en tant que producteur) n’avait pas fait du bon travail, mais le voir remplacé par un inconnu ayant fait deux films sur les Muppets, ça ne gageait pas de grand chose. Et effectivement, on tient là un « Yes Man » absolu, reprenant tel un élève copiant sa leçon le style et l’univers de son prédécesseur. Néanmoins, si le film perd en impact par moments, l’univers semble plus coloré, plus riche, notamment grâce à tout ce qui entoure le Temps, car même si le personnage est un plagiat du Maltazard d’Arthur et le Minimoys, son édifice et l’océan du temps sont de belles réussites. Côtés personnages, on retrouve tous les plus importants : la Reine de Cœur (Helena Bonham Carter), sa sœur (Anne Hathaway) et toutes les créatures en CGI, mais aussi quelques nouveaux comme le père du Chapelier (Rhys Ifans) ou James Harcourt (Ed Speleers), qui lui nous vient du vrai monde. En effet, si la très grosse majorité de l’intrigue se déroule dans le Pays des Merveilles, cette suite essaye de développer un peu plus ce qui se passe dans la réalité, mais une scène vient démolir tout le film : le coup de l’asile, venant semer le doute. Et si tout se passait uniquement dans la tête d’Alice ? Une possibilité qui rendrait le diptyque totalement vide de sens. Pour ce qui se passe de l’autre côté du miroir, l’idée de voyager dans le passé des protagonistes est excellente, donnant enfin une profondeur aux personnages avec des scènes presque émouvantes, le personnage du Temps est attachant, impressionnant, et tout ce qui entoure son univers regorge de trouvailles visuelles. Dommage que le fil conducteur de l’histoire soit si banal, de même que l’utilisation du voyage temporel, mais si le divertissement reste assez pauvre, on aurait tendance à dire qu’on s’en sort légèrement mieux.

Disponible en version alternative et vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=82LoAo2WmXI

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