Final Fantasy VII – Advent Children
2005 (et 2009 version Complete)
Tetsuya Nomura, Takeshi Nozue
Alors qu’aucun épisode numéroté ne se situe dans le même univers ni n’intègre aucun personnage d’un quelconque autre jeu numéroté, les gens n’ont visiblement pas comprit que Final Fantasy, ça n’est pas une longue histoire déroulée sur une pléthore de jeux, mais bien une foultitude d’histoires indépendantes ayant pour seuls points communs quelques noms d’objets, quelques mêmes monstres du bestiaire, des magies et invocations identiques. Bref, c’est avant tout un héritage lexical, brièvement aussi en terme d’ambiance et de style, mais chacun ayant son propre style visuel et univers, la licence véhicule plus un savoir-faire qu’un style établi et fixe. Entre ceux ne connaissant pas la saga et ceux qui n’ont pas compris que le film n’avait aucun rapport à avoir avec les jeux et pouvait s’autoriser une dépendance totale, le film Les Créatures de l’esprit fut un échec cuisant, et c’est là qu’intervient ce film. Puisque l’originalité n’avait pas payé, voici donc une suite sous forme de long-métrage à leur plus gros succès de tous les temps : Final Fantasy VII, qui avec ses diverses sortie a cumulé pratiquement dix millions de ventes dans le monde.
Même si la tentative de Marlène de resituer le contexte, il faut partir du principe que la personne regardant le film connait le jeu, sans quoi elle passerait assurément un assez mauvais moment. Quand il y a autant de personnages et aucune présentation ni développement, ce qui est largement problématique dans le cas de nouveaux arrivants, c’est clairement qu’on ne prend pas en compte la possibilité d’un public là par hasard, ou débarqué en cours de route. Se déroulant deux après l’affrontement dans le cratère nord, le film part d’un postulat assez intéressant et raccord avec la fin du jeu qui annonçait grosso modo la fin de l’humanité d’ici 500 ans (à moins d’une évolution à la FFX) : puisque la Terre a failli mourir à cause des humains, pour s’en prémunir à l’avenir notre planète a décidé de nous éradiquer. Par la rivière de la vie qui coule en toute chose, notre planète a disséminé une toxine mortelle : les stigmates. Un climat de peur et de désespoir s’est alors installé, et trois autres expériences d’Hojo se sont échappées et entendent bien tirer parti du chaos pour poursuivre le combat de Séphiroth.
La première fois que j’avais vu ce film, j’étais comme un dingue. Les combats sont dantesques, graphiquement le film est magnifique, je retrouvais mes personnages adorés et les musiques cultes du jeu. Depuis la magie s’est ternie, le jeu ayant passablement mal vieilli, pas tellement au niveau visuel (la version PC agrémentée de quelques mods permet même d’avoir un rendu à la fois très fidèle et moins hideux) mais surtout au niveau de son histoire. Entre une localisation française pas top, des longueurs et des personnages au fond assez creux, c’est probablement l’épisode le plus mal écrit de sa génération (VIII à revérifier, mais le IX a des personnages bien plus profonds, et son scénario, certes plus simpliste, est néanmoins plus cohérent et solide). Le vide des personnages est dans ce film criant à souhait, les turks étant des comic-relief usants, Cloud est l’éternel dépressif avec deux de tension et zéro d’émotion, et ses acolytes sont des stéréotypes en puissances entre Barret la grosse brute au grand cœur (pas ressemblant pour un sou à sa version dans le jeu au passage), Youfie la waifu pure jus, Tifa la grognasse transie d’amour (on sent que Sakura en est largement inspirée), pour ne citer qu’eux. Et que dire du méchant iconique Séphiroth sans qui la franchise n’arrive pas à exister ? Pour en revenir encore à FF IX, dans le genre création qui pète un plomb, Kuja était mille mieux travaillé. Là on a trois méchants lambda, sortis d’on ne sait où, faisant complètement n’importe quoi dans un hasard complet, simplement poussé par « la volonté de Séphiroth ». Le scénario est plat, son idée de base n’étant pas correctement développée, et les incohérences sont légion. Les deux plus énormes sont l’utilisation d’une matéria bleue pour faire à la fois de la magie et une invocation (pauvre Bahamut sorti tout droit de Power Rangers… ), mais surtout le combat de fin où Cloud est seul, comme dans le jeu. Là aussi le problème était de taille, et avoir Tifa en soutien aurait était magnifique, mais encore une fois, au risque qu’il meurt comme un con, on le laisse tout régler. C’est usant, ça ne va nulle part, ça ne raconte rien. Alors oui, c’est visuellement superbe, la VF est excellente, quelques idées de design sont top, les combats en jettent un max et on a plaisir de revoir cet univers qui a bercé nos jeunes années de joueurs, mais le film en lui-même ne vaut pas grand chose. Du divertissement fan-service pur et dur, et il faut espérer que le remake a venir sera moins fainéant sur le fond, sans quoi la désillusion sera fatale.