L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
2013
Jean-Pierre Jeunet

Réalisateur de films atypiques et généralement très populaires, le précédent film du réalisateur français Jean-Pierre Jeunet avait pourtant magistralement bidé : Micmac à tire-larigot, certes décevant, avait amorti à peine un tiers de son budget. Et c’est ainsi que le pauvre s’est vu retiré des mains L’Odyssée de Pi, et on l’imaginait sans mal faire bien mieux sur le plan scénaristique. Tant pis. Seulement voilà, l’échec le frappe plus violemment que jamais ici avec seulement 636 371 entrées pour un budget de 33 M$, soit à peine le cinquième, d’autant plus grave que le film n’a quasiment pas franchit nos frontières. Une période sombre pour le réalisateur, mais pas totalement injustifiée.

Adapté du roman de Reif Larsen, le film nous place en compagnie d’un jeune garçon à la science infuse : T.S. Spivet (Kyle Catlett). Petit garçon d’à peine dix ans et vivant portant au milieu de nul part, ayant en plus des parents (Helena Bonham Carter & Callum Keith Rennie) pas très intellectuels, il vient pourtant d’épater le monde scientifique : il est en effet l’inventeur d’une machine à mouvement « perpétuel » (d’une durée de 400 ans). La directrice du musée du Smithsonian à Washington l’a d’ailleurs convié à une fête en son honneur, l’occasion de fuir sa réalité, les choses n’étant plus pareilles depuis la mort accidentelle de son frère jumeau. Happé par un parfum d’aventure, il va mettre le chemin sous ses pieds.

Le drame humain du décès, le génie dans une famille de bouseux, la garçon qui part seul à la découverte du monde : des thèmes pas très originaux, mais l’idée pouvait marcher. On retrouve directement l’ambiance surréaliste propre au réalisateur, et il trouve de bonnes pistes pour exploiter son excentricité, notamment au travers des scènes au début du film, représentant graphiquement les pensées de Spivet et sa sœur. Malheureusement, cette idée, aussi efficace soit-elle, ne sera que très peu réutilisée alors que nombre de situations s’y prêtaient. Les principaux problèmes du film viennent plutôt de sa narration et de son personnage principal. Pas très convaincant, le jeune acteur lui prêtant ses traits n’arrive pas à le rendre crédible dans son rôle de génie, et cela fait écho à une narration pas très convaincante. Plus le film avance et moins l’ambiance surréaliste fonctionne, achevant peu à peu la cohérence de l’histoire. Certains diront que l’histoire est dépeinte selon le regard de son narrateur, mais il n’empêche que la magie cesse de fonction à mesure que le film avance. Un potentiel pas si énorme à la base, et malgré le talent de son réalisateur, le résultat est mitigé, trop irréel pour les adultes et trop brutal pour les enfants.

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