La Colle
2017
Alexandre Castagnetti
On se plaint du manque de diversité dans le paysage cinématographique français, mais quand exceptionnellement une petite pépite à peu près originale s’y glisse le public s’en détourne, la faute à une presse absolument dégueulasse. Alors oui, le film est un mélange de The Breakfast Club et d’Un Jour sans fin et il fait bien plus que s’en inspirer, mais voir un film de chez nous apporter de jolis messages avec une histoire de boucle temporelle, ça reste assez dingue. Et pitié, ne venez pas me parler de cette infâme bouse de Camille Redouble, gardons un peu de dignité face aux plagiats complètement ratés quand une inspiration soutenue peut trouver sa propre identité.
Mal dans se peau, victime notoire et boulet complet, Benjamin partait déjà perdant en étant un des seuls blancs dans un lycée de banlieue, ayant pour seul ami un fils d’ambassadeur encore plus paumé que lui. Suite à un malentendu complètement mérité quand on est à ce point débile, Benjamin va se retrouver en colle un samedi, entouré des pires cassos sous la surveillance du pire pion possible. Seule lumière dans ce tableau, la belle Leila sur laquelle il fantasme est aussi présente, lui qui faisait justement le vœux d’être avec elle la vieille. Son souhait va justement se réaliser : à chaque fois qu’elle s’éloignera physiquement de lui, le temps remontera en boucle au début de la colle.
Le principe du film est ultra simple et peut être assimilé à n’importe quel film de boucle temporelle, que ce soit Edge of Tomorrow ou un autre : on revit un événement en boucle jusqu’à ce qu’on trouve la solution au plus grand problème de sa vie. Improviser au jour le jour n’est pas évident, et avoir la chance de pouvoir anticiper, analyser et apporter la réponse la plus aboutie possible est le rêve de tout le monde. Et quand on n’est pas un génie plein aux as, le don de prescience est l’alternative toute trouvée. Encore faut-il en faire un bon développement derrière, et même si on n’échappe pas à quelques gags faciles et de gros clichés, le film a trouvé un excellent axe et le pousse admirablement. Les personnages sont très bien écrits, les dialogues ont un vrai impact, le montage est précis et l’achèvement ultime est une brillante leçon d’écriture inspirante. Au fond l’histoire est un peu banale mais le contexte rend l’expérience géniale. Reste un dernier défaut de taille, hormis l’abus monstrueux sur l’age (des acteurs de 25-30 ans pour jouer des lycéens) : l’art du dernier plan (le meilleur exemple qui me vienne en tête sont les deux Sherlock Holmes, des références du genre). Savoir trouver avec justesse le climax précédent le générique de fin n’est pas toujours évident, mais conclure le film sur le dernier plan sur la BD aurait été autrement plus fort que de prolonger inutilement l’intrigue avec la dernière séquence. De bonnes idées, une vraie personnalité pour un divertissement vraiment pas mal, et il n’en aurait pas fallut beaucoup plus pour en faire un grand film.
Pour en faire – sans aller jusqu’à un grand film – un bon film, il aurait fallu :
— ôter la référence à la Chanson du dimanche, qui est certes un clin d’œil sympathique, mais qui est complètement datée, hors de propos, et qui ne colle pas au personnage
— ne pas utiliser Akinator, qui décale une fois de plus le personnage avec son époque. Plus aucun lycéen ne connait Akinator… Et paye ton placement de produit !
— choisir d’autres acteurs pour le couple central. Les deux acteurs sont relativement bons, mais ils ne vont PAS DU TOUT ensemble ! On ne croit pas une seule seconde à la fin du film.
— travailler les personnages secondaire ! La fille en fait la remarque au héros, mais effectivement, il faut travailler les personnages secondaires. Ils sont tous beaucoup trop caricaturaux ! En particulier la fille racaille pas du tout crédible. Le meilleur perso reste Issa Doumbia, hilarant, mais pas assez exploité, et surtout pas du tout crédible en lycéen ! Au début, je croyais que c’était un pion ou un prof. Le malaise.
Bref, même si l’idée de départ est vue et revue, ça aurait pu faire un bon film.
Là, ça donne juste une comédie au rabais, tout juste assez marrante pour ne pas s’endormir. Ça confirme qu’Alec Castagnetti n’est pas un bon réalisateur. Ça arrive !
Et j’ai préféré Camille redouble à cette bouse d’Edge of tomorrow, ainsi qu’à Sherlock Holmes devant lequel je me suis endormi…
Personnellement j’ai trouvé justement que dans le dernier quart d’heure le développement des personnages secondaires marchait bien, mais c’est vrai que ça reste trop léger. Après niveau age ça bat des records, j’avais même pas vu mais Issa il a 35 ans !!! Paye ton attardé !
Par contre Edge of Tomorrow et Sherlock Holmes t’es tout seul sur le coup, tout le monde ou presque les trouve géniaux et pour Edge il revient souvent dans les classement des meilleurs films de tous les temps, à juste titre.
Une chance pour toi si tu ais pu apprécier Camille Redouble, considérant l’original de Francis Ford Coppola comme un grand classique j’ai explosé de rage face à une pâle copie stupide qui perdait toute la crédibilité et la magie du modèle. Le plus insupportable surtout c’était la soit-disant « histoire originale » alors que c’est clairement un remake reprenant mot pour mot certain des dialogues. Au moins pour le Total Recall de 2012 ils ont fait semblant d’engager un scénariste.